Maroc : mort d’un manifestant du Mouvement du 20 février, poussé par la police ?

Une information qui pourrait enflammer la jeunesse marocaine … pour laquelle avenir rime souvent avec chômage …

Un chômeur, militant du Mouvement contestataire du 20 février  , est décédé en tombant d’un toit lors d’un sit-in, à Safi (150 km au sud de Rabat) dans la nuit de mercredi à jeudi. C’est en effet ce qu’ont indiqué des témoins et une source policière.

« Mohammed Boudouroua, 38 ans, est décédé, poussé par un policier » qui cherchait à le déloger, « en tombant du toit de l’immeuble abritant l’Agence de l’Emploi (ANAPEC) », a déclaré pour sa part Hakim Sikouk, enseignant et militant à l’Association marocaine des droits de l’homme.

« Je suis à la morgue de Safi avec la famille de Mohammed Boudouroua qui demande l’ouverture d’une enquête. Il est décédé à 05h00 (GMT) du matin, a-t-il ajouté. »

« Notre ami participait à un sit-in sur le toit de l’ANAPEC, avec des camarades lorsque le groupe a été cerné cette nuit par une dizaine d’estafettes », a déclaré un témoin, proche de la victime.

Le groupe a alors été interpellé par un agent de la sûreté.

« Pendant ce temps, les policiers sont montés en courant, ont poussé Mohammed qui est tombé droit sur sa tête, et ont arrêté trois autres personnes qu’ils ont menottées, puis interrogées avant de les abandonner sur la route, au nord de la ville de Safi », ont encore affirmé des proches de la victime.

De son côté, une source policière locale a certes confirmé le décès du militant, lequel faisait partie d’un groupe de diplômés au chômage, et était détenteur de sept diplômes techniques.

Il a toutefois ajouté que la victime « avait menacé de s’immoler par le feu » et qu’il s’était « lui-même jeté du toit de l’immeuble où il tenait avec ses camarades un sit-in depuis deux jours« .

L’évènement survient alors que lundi à Casablanca, Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales à la Confédération générale des entreprises du Maroc  (CGEM) a dressé un état des lieux de la situation au Maroc dix mois après le lancement du pacte national pour l’emploi.

Le constat est sans appel : pour lui, le fléau du chômage est endémique dans la catégorie des 15-29 ans, lesquels représentent 80 % des chômeurs.

Au premier trimestre 2011, le taux de chômage s’est établi, au niveau national, à 9,1 % (13,3 % en milieu urbain et 4,3 % en milieu rural) contre 10 % à la même période de 2010.

Selon ses propos, les facteurs du chômage «devenu structurel» seraient les suivants : l’inadéquation entre la demande des entreprises en terme de compétences et l’offre du système éducatif en matière de formation, l’absence de dynamique de formation au sein des entreprises, l’implication faible des entreprises dans la dynamique de création d’emploi en particulier des jeunes diplômés, la fiscalité des salaires et le coût du travail.

Cette situation serait – selon lui – due à l’absence d’une vision globale de l’Etat en matière de politique de l’emploi à moyen terme, à la prolifération de l’informel qui absorbe plus de 40 % de l’économie, à la compétitivité des entreprises et au déséquilibre entre le système éducatif et de formation continue.

Sources : Libe.ma, AFP, Reuters