Honda : réduction des exportations japonaises pour cause de yen fort

Conséquences quelque peu inattendues de la vigueur du yen : le constructeur d’automobiles japonais Honda Motor a annoncé son intention de réduire de moitié ses exportations d’automobiles depuis le Japon d’ici à la prochaine décennie.

« Avec une telle appréciation du yen, l’entreprise ne peut plus utiliser le Japon comme centre de sa production mondiale et base pour ses exportations » de voitures, a ainsi déclaré mercredi le président de Honda, Takanobu Ito, s’exprimant dans le cadre d’une interview au quotidien « Asahi ».

Une annonce qui intervient alors que ces derniers mois le yen a atteint son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale par rapport au dollar et depuis les dix dernières années par rapport à l’euro .

« Honda exporte à l’heure actuelle entre 30 et 40% de sa production japonaise, mais il est difficile de continuer à la vendre à l’étranger en étant toujours angoissé par les mouvements sur le marché des changes. L’entreprise exportera à l’avenir de 10 à 20% de sa production japonaise« , a précisé M. Ito.

Précisons que la flambée actuelle du yen pénalise lourdement les industriels nippons, réduisant de facto la valeur de leurs chiffres d’affaires engrangés à l’étranger lors de leur conversion en yens.

En effet, une entreprise souhaitant conserver ses marges se voit contrainte d’élever ses prix à l’étranger, réduisant en suivant la compétitivité de ses produits.

Le contexte actuel pourrait même conduire le Japon  à délocaliser sa production alors que trois interventions de Tokyo sur le marché des changes depuis septembre 2010 n’ont pas permis d’inverser la tendance.

A terme, Honda devrait répartir sa production et ses ventes entre le Japon et ses autres régions stratégiques – Amérique du Nord, Chine, reste de l’Asie, Amérique du Sud et Europe.

Si la production automobile japonaise tend de façon générale à baisser au profit de l’assemblage à l’étranger, la régression s’est accrue ces derniers mois à la suite du séisme et du tsunami qui ont détruit des usines de composants et pièces détachées, rompant la chaîne d’approvisionnement.

Toutefois, le Nikkei précise qu’en août dernier, la production des constructeurs a grosso modo retrouvé son niveau d’avant séisme « grâce au rétablissement progressif des circuits logistiques« , ajoutant que les fabricants avaient élevé les cadences en vue de compenser le manque à gagner des mois précédents.

Sources : ats, AFP, Reuters