Tricastin : de l’électricité dans l’air ?

Le site nucléaire du Tricastin, une usine à risques   ?

Alors qu’un transformateur électrique de la centrale située sur la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), a explosé samedi après-midi, provoquant un incendie rapidement maîtrisé et sans conséquence – nous dit-on – rappelons à toutes fins utiles que le 16 février dernier, l’ASN avait classé au niveau 2 l’incident déclaré par EDF concernant les groupes électrogènes de secours  à moteur diesel du site.

Durant le mois de février, un essai périodique effectué à la centrale EDF du Blayais a mis en évidence la défaillance d’un groupe électrogène. Les premiers éléments de l’analyse engagée par EDF et son fournisseur ont été communiqués à l’ASN le 7 février 2011.

Ces derniers mettent en cause une dégradation plus rapide que prévue des coussinets, composants mécaniques destinés à limiter les frictions entre les pièces mobiles des moteurs diesel.

Or, sur les centrales nucléaires françaises, 26 groupes électrogènes sont équipés de coussinets du même type, et donc potentiellement sensibles.

Or, en dehors du Tricastin, tous les sites d’EDF où sont présents des coussinets de ce type (Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines, Saint-Laurent), chaque réacteur dispose d’au moins un groupe électrogène, en propre ou sur le site, équipé de coussinets d’une autre marque, ne présentant pas ce défaut. L’anomalie est donc classée par l’ASN sur ces sites au niveau 1 de l’échelle INES.

En revanche, sur les réacteurs n° 3 et 4 du site du Tricastin, les deux groupes électrogènes, ainsi que le groupe électrogène supplémentaire commun à l’ensemble des réacteurs du site, sont équipés de coussinets potentiellement sensibles. C’est pourquoi, sur ce site, l’anomalie est classée par l’ASN comme incident de niveau 2 de l’échelle INES.

Face à ce nouveau problème rencontré par la centrale, l’ASN a demandé à EDF de lui présenter un plan d’actions correctives. Ce dernier, transmis désormais à l’ASN comporte notamment l’installation de coussinets neufs et la mise en œuvre d’une nouvelle procédure d’exploitation des groupes électrogènes concernés.

Rappelons que les groupes électrogènes de secours à moteur diesel permettent d’alimenter les systèmes de sûreté du réacteur en cas de perte de l’alimentation électrique par le réseau national.

Chaque réacteur nucléaire est équipé de deux groupes électrogènes de secours, un groupe électrogène supplémentaire étant également disponible pour l’ensemble des réacteurs d’un même site. Chacun de ces groupes suffit à alimenter les systèmes nécessaires pour assurer la sûreté du réacteur à l’arrêt.

A noter par ailleurs que la centrale du Tricastin fait l’objet d’une surveillance attentive de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN). Dans un rapport de 2007, l’Autorité indiquait ainsi que « le site devait encore progresser sur la gestion de la formation, la réalisation des permis de feu et les délais d’intervention en cas d’incendie qui demeurent trop longs ». Des rejets de carbone, en juin et septembre 2008, et une fuite d’uranium, en juillet de la même année, avaient provoqué de vives inquiétudes au sein de la population voisine.

La semaine dernière, l’ASN a annoncé avoir imposé de nouvelles exigences de sécurité à EDF concernant le réacteur n°1 de la centrale. Mis en service en 1980, ce dernier pourrait fonctionner pendant encore dix ans sous réserve de remise aux normes par EDF le remet aux normes. Précisons que l’explosion de samedi dernier a eu lieu dans la tranche 1 de la centrale, alimentée par le réacteur n°1.

Sources : AFP, ASN, JDD