Tunisie : la police frappe des journalistes internationaux

Les choses ne semblent pas s’arranger aussi bien qu’on voudrait nous le faire croire  en Tunisie. Alors que certains redoutent que le nouveau gouvernement en place ne réponde aux espérances du peuple, et soit mû par une volonté de pouvoir et d’argent, quatorze journalistes sous contrats avec des médias internationaux et tunisiens ont été frappés par les forces de l’ordre lors la couverture de manifestations jeudi et vendredi à Tunis.

C’est en effet ce qu’a déclaré vendredi le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Les forces de l’ordre tunisiennes ont violemment dispersé jeudi et vendredi des manifestations anti-gouvernementales dans le coeur de la capitale tunisienne, sans distinction aucune entre entre manifestants et journalistes couvrant ces manifestations.

Elles ont procédé par la suite à des interpellations violentes, sans fournir toutefois le nombre des personnes concernées, frappant à coup de pied et de matraque des manifestants, certains demeurant à terre.

Des dizaines de policiers en tenue mais également en civil ont volontairement durement frappé des journalistes en toute connaissance de cause, cassant des appareils photos et poursuivant les reporters jusqu’à l’entrée du journal La Presse, écrit en effet le SNJT  dans un communiqué. « Mohamed El-Hammi de l’agence EPA, Marwa Rkik de Radio Kalima, Hassan Dridi de l’agence de presse américaine Associated Press (AP), Hamza Elaouini de l’agence de presse TV, trois journalites de la chaîne du Qatar Al-Jazeera – Lotfi Hajji, Mohamed Amin Ben Nejma et Anass ben Salah », ont ainsi été frappés, selon le syndicat.

Parmi les journalistes figurent également « Abdelfattah Belaid de l’Agence France-Presse (AFP) et du journal tunisien La Presse, Chaffya Ibrahim du journal arabophone Echourouk, Zoubeir Essouissi de l’agence britannique Reuters, Houssem Hamed de la radio privée tunisienne chems FM, Nizar Elhajbi du journal La Presse et Ahmed Elfouli et Monia Abdallah de la chaine de tv privée tunisienne Hannibal ainsi que Massoud Kawach du journal arabophone El-Sahafa », ajoute le syndicat. Le photographe de l’AFP, Abdelfattah Belaid, a déclaré pour sa part vendredi avoir été « agressé par 4 policiers dans l’escalier du journal La Presse ». « Ils m’ont pris 2 appareils photo et un ordinateur portable et m’ont frappé sur la tête avec des barres de fer », a-t-il précisé.

« Ces violences commises par les agents de la police ont pour but de verrouiller les médias et de priver l’opinion publique des réalités en Tunisie », estime le SJNT, lequel redoute que le pays ne sombre à nouveau dans l’oppression, le départ du président Ben Ali ne changeant rien à l’affaire.

Vendredi, des internautes avaient appelé sur Facebook à la tenue d’une manifestation de soutien à l’ancien ministre tunisien de l’Intérieur Farhat Rajhi, lequel avait au préalable averti d’une éventuelle préparation d’un « coup d’Etat militaire » en cas de victoire électorale des islamistes. Ses déclarations avaient été alors condamnées par le gouvernement transitoire, ce dernier dénonçant « une atteinte à l’ordre publique ».

« La violence déployée par les policiers au cours des derniers jours contre les journalistes rappelle de mauvais souvenirs, comme si les anciennes méthodes étaient de retour, près de quatre mois seulement après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali. Nous demandons au gouvernement de transition d’ouvrir une enquête sur ces incidents et de donner des instructions claires aux forces de l’ordre afin que de telles pratiques cessent », a déclaré pour sa part Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.

Sources : AFP, Reuters, L’Express, SNJT, RSF, Business News