Gabon : production de pétrole quasi paralysée

total-gabon.jpgLes marchés redoutaient une éventuelle réduction de l’offre de brut en provenance du Moyen-orient, c’est finalement le Gabon qui pourrait tout d’abord inquiéter les marchés.

Selon compagnies pétrolières et syndicats, la production pétrolière du pays sera « presque entièrement paralysée » avant samedi midi suite à la grève des employés du secteur.

Rappelons que le pays est le 4e producteur sub-saharien.

 Selon Hans Landry Ivala, secrétaire général adjoint de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), « la production de Total est presque entièrement stoppée à l’exception d’un champ qui utilise le terminal pétrolier de Gamba opéré par Shell qui sera paralysé avant midi samedi ». Ajoutant que « la production de Shell, Addax et Maurel&Prom sera à ce moment arrêtée ».

Une source proche de Total a confirmé que « la quasi-totalité de la production de Total était stoppée » vendredi et que « les autres compagnies devraient suivre ».

 

Jeudi, l’Onep, qui regroupe 4.000 des 5.000 employés du secteur a appelé à la grève pour le soir-même minuit. Objectif : obtenir un décret réglementant l’emploi de la main d’oeuvre étrangère. L’Onep entend à la fois lutter contre l’emploi de hauts cadres expatriés mais également contre le recours à une main d’oeuvre africaine ou asiatique peu ou pas qualifiée.

Rappelons que le pétrole est la principale richesse du Gabon, le pays en produisant entre 220.000 et 240.000 barils par jour. Selon les données officielles, ses recettes assurent à l’Etat « environ 60% » de son budget.

Dans un communiqué lu au journal télévisé de la première chaîne publique gabonaise (RTG1), la ministre du Travail, de l’Emploi et de la Prévoyance sociale Angélique Ngoma – par ailleurs porte-parole du gouvernement – a convié vendredi soir « les dirigeants des centrales syndicales et les employeurs à une rencontre mardi 5 avril afin « d’élaborer un texte visant à promouvoir l’emploi de jeunes gabonais » et à « définir les conditions d’accueil des travailleurs étrangers ».

Mercredi, le président gabonais Ali Bongo Ondimba avait demandé au gouvernement de procéder à « une large concertation » tout en commandant un audit sur le secteur pétrolier.

Dimanche dernier, alors que le principal syndicat des employés du secteur pétrolier du Gabon avait déposé un préavis de grève pour le soir même, l’appel avait été suspendu in extremis.

 « En ce qui concerne le préavis de grève, il expire ce soir à minuit, mais cela ne signifie pas l’entrée en grève, les employés du secteur pétrolier sont appelés à vaquer à leurs occupations », avait alors expliqué le porte-parole de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep).

 

« Tout le personnel d’exécution devait être gabonisé dans les six mois. Cela n’a pas été fait. Les entreprises bravent l’autorité de l’Etat », s’était exclamé le 15 mars M. Engandji lors d’une conférence de presse.

« Le préavis de grève est essentiellement un appel au dialogue entre les parties lorsqu’une négociation est engagée et rencontre quelques difficultés. Il n’y a de grève que lorsque le dialogue est rompu entre les deux parties, or en ce moment chaque partie fait preuve de beaucoup de diligence » pour la résolution du conflit, avait toutefois précisé dimanche M. Engandji.

 

« Nous attendons les résolutions du prochain conseil des ministres, nous attendons l’adoption d’un texte très important pour nous qui réglemente l’emploi des travailleurs étrangers en république gabonaise et si ce texte est adopté conformément aux engagements pris par le gouvernement, nous pensons que les choses devraient avoir un dénouement heureux », avait-t-il ajouté.

« Nous espérions que le gouvernement prendrait ce décret qui est prêt, mais le gouvernement a préféré dire qu’il fallait consulter tous les partenaires sociaux », a désormais déploré M. Landry Ivala, secrétaire général adjoint de l’Onep.

Rappelons qu’en avril 2010, la grève observée par les salariés du secteur pétrolier avait affecté près de « 50% de la production et 100% de la distribution » à travers le pays si l’on en croit l’Organisation.

A cette date, le syndicat entendait d’ores et déjà protester contre « l’emploi abusif de main-d’oeuvre étrangère » aussi bien occidentale que des pays africains, et demander « une refonte du système du travail dans le secteur« .

L’action du syndicat visait alors notamment à dénoncer le silence des autorités sur les «violations flagrantes» de la loi gabonaise par les dirigeants des sociétés pétrolières. L’Onep dénonçait notamment la persistance de l’emploi abusif de la main d’œuvre étrangère, de la discrimination raciale et diverses violations du Code du Travail.

 

Dans une déclaration, le ministre gabonais du Travail, Maxime Ngozo Issoundou, s’était engagé à renouveler la commission interministérielle ayant participé aux négociations et à restreindre temporairement les autorisations d’emploi dans le secteur si le syndicat revenait à la table des négociations.

L’Onep pointait alors du doigt en priorité Shell Gabon , entreprise où  » tous les efforts entrepris depuis la grève de 2008 auraient été « réduits à néant par un PDG qui a décidé de tuer l’initiative de gabonisation au profit d’une britannisation de l’entreprise ». Mais Caroil et Oil Libya sont également dans le collimateur.

En mars 2008, l’arrêt total de l’activité de Shell Gabon avait entraîné un manque à gagner de plus d’un milliard de francs CFA par jour pour l’Etat gabonais, qui détient au moins 25% des parts des compagnies pétrolières installés sur son sol.

Sources : AFP, Reuters

 

Un commentaire

  1. C’est qui m’étonne dans les pays en voie de développement c’est que ce sont toujours les autres pays qui exploitent eux et ses ressources naturelles. Et on nous dit que les gabonais ne sont pas assez compétent pour le travail dans leurs propre pays. La colonisation n’a jamais disparu : elle est toujours là mais à changer tout simplement de forme.

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