Libye : Fitch abaisse de nouveau la note

Quand Fitch tire sur les ambulances … Alors que le conflit s’enlise de plus en plus chaque jour, l’agence de notation  a de nouveau abaissé mercredi la note de la dette de la Libye, la rétrogradant de « BB » à « B« .

Dans un élan de clairvoyance quasi-inespérée, Fitch a tout de même – enfin – décidé de suspendre sa notation.

« La dégradation de la notation à +B+ reflète l’extrême instabilité politique, l’effondrement de la production pétrolière et le gel des avoirs extérieurs de la Libye, à la suite des sanctions des Nations unies », tente d’argumenter Fitch dans un communiqué.

Un – maigre – aspect positif, tout de même : la note n’est désormais plus sous surveillance négative mais sous perspective stable. Elle ne devrait donc pas faire l’objet d’une nouvelle dégradation dans les trois prochains mois, sauf situation encore plus exceptionnelle qu’aujourd’hui.

« La gravité de la situation économique et politique est compensée par le risque limité de nouvelle baisse de la solvabilité en raison de l’absence de dette souveraine« , ajoute en effet l’agence.

Fitch a par ailleurs suspendu toutes ses notations concernant la Libye, justifiant sa position en arguant disposer « insuffisamment d’information pour maintenir la couverture » du pays.

 

A la mi-février, l’agence de notation n’avait pas hésité à « rajouter de l’huile sur le feu », la situation politique de la Libye étant d’ores et déjà fort préoccupante.

L’agence de notation avait ainsi annoncé avoir abaissé la note souveraine libyenne d’un cran. Raison invoquée : « la révolte populaire grandissante » contre le régime de Mouammar Kadhafi. Fitch envisageait alors une nouvelle dégradation dans les trois mois à venir, ce qui est désormais chose faite.

 

« L’abaissement de la note reflète l’éruption du risque politique dû à la révolte populaire grandissante visant à mettre fin aux 42 ans de régime du colonel Mouammar Kadhafi« , affirmait le texte publié par Fitch à cette date. Ajoutant que « le placement sous surveillance négative reflèt(ait) l’éventail des issues politiques possibles ».

« L’absence de solution politique au conflit et l’escalade de la violence se traduiraient par une nouvelle dégradation. D’autant plus si les troubles s’étendaient à la production de pétrole », précisait par ailleurs l’agence. Selon elle, « les réformes politiques et/ou le changement de régime ne devraient vraisemblablement pas se faire dans le calme, étant donnée l’absence de mécanisme permettant une transition« . « Néanmoins, des réformes politiques qui permettraient de contenir la révolte pourraient aider à stabiliser la note » du pays, concédait-t-elle.

 

Fait notable : la Libye est le seul pays noté par Fitch qui ne soit pas endetté. Après plusieurs années de prix du pétrole élevés,  le pays a même accumulé plus de 139 milliards de réserves, soit 190% du PIB à la fin 2009, selon l’agence.

« Cet excédent est réparti entre des réserves de change de la banque centrale de Libye et les investissements du fonds souverain » précisait par ailleurs en février dernier Fitch, estimant parallèlement que la santé économique du pays était alors plus forte que celle de l’Arabie Saoudite.

L’agence pointait alors toutefois la fragilité et la particularité des institutions libyennes, Fitch faisant par ailleurs remarquer « qu’en l’absence de constitution, il n’a jamais été clairement établi comment et à qui le dirigeant libyen transférerait ses pouvoirs« .

 

Le 10 mars, Standard and Poor’s (SP) avait annoncé pour sa part qu’elle suspendait sa notation, après avoir relégué la note souveraine de la Libye dans la catégorie spéculative et avoir dégradé la note de la dette à long terme du pays de quatre crans, de BBB+ à BB.

Raisons alors invoquées : les sanctions internationales imposées au pays et son incapacité à surveiller l’évolution de la situation économique faute d’informations « à jour et fiables« .

Sources : AFP, Reuters, Fitch, France24