BNP Paribas : mauvaise pioche en Libye

Mauvaise pioche … Si au tout début janvier 2011, BNP Paribas pouvait encore s’enorgueillir d’avoir injecté 70 M LYD (42 millions d’euros) dans sa filiale libyenne Sahara Bank,  seconde banque du pays, les temps ont changé depuis. Dommage qu’un établissement de cet ordre n’est pas plus de flair … à moins que Kadhafi n’ait d’ores et déjà été à la manoeuvre …

 Précisons que cette annonce intervenait dans le cadre de l’augmentation de capital de 368 M LYD (221 millions d’euros) de Sahara Bank pour le porter à 620 M LYD (372 millions d’euros).

Fondée en 1964 par les Italiens puis nationalisée en décembre 1970, Sahara Bank est détenue à l’heure actuelle à 48% par le Fonds économique et social libyen, à 33% par le Banque centrale de Libye …. et à 19% par le Français BNP Paribas.

Elle dispose d’un réseau de quarante huit banques couvrant l’ensemble des principales régions libyenne et emploie 1 500 salariés. BNP Paribas est entrée dans son capital lors de sa privatisation partielle en septembre 2007…

Rappelons en effet qu’en juillet 2007, alors que l’on attendait des contrats pour Dassault ou Total, liés à une éventuelle résolution « à l’amiable » du dossier des infirmières bulgares … ce qui avait pu alors être considéré comme un « jackpot » avait été remporté par BNP Paribas.

 

En effet, alors que la plus haute instance judiciaire libyenne avait décidé, en dernière instance, de commuer en peine de prison à perpétuité la peine de mort infligée à cinq infirmières et à un médecin bulgares, le groupe bancaire français BNP Paribas avait remporté l’appel d’offres portant sur la privatisation de 19% du capital de la banque libyenne Sahara Bank, pour un montant de 145 millions d’euros.

 

Rappelons que Cécilia Sarkozy – alors épouse de Nicolas – s’était rendue la semaine précédente en Libye pour – notamment ? – rendre visite aux six personnes, accusées d’avoir inoculé le virus du sida à 438 enfants de Benghazi, dont 56 sont décédés.

 

Les familles des victimes des enfants contaminés par le virus du sida avaient parallèlement annoncé avoir renoncé à la peine de mort à leur encontre … après avoir « reçu » des « dédommagements » d’un million de dollar par victime. Un document signé avait été alors transmis à la Fondation Kadhafi, laquelle a mené les négociations avec les familles. Celle-ci l’a remis à son tour au Conseil supérieur des instances judiciaires.

 La Fondation, présidée par le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam (… !) , avait précisé que l’argent provenait du Fonds spécial d’aide de Benghazi, créé en 2005 par Tripoli et Sofia …. sous l’égide de l’Union européenne.

 

Outre BNP Paribas, Société Générale et la première banque britannique HSBC figuraient parmi les six prétendants sélectionnés, de même que le britannique Standard Chartered, Arab Bank et Arab Banking Corporation.

Si l’opération ne portait « que » sur la cession de 19% du capital par le Fonds public de développement économique et social, l’accord incluait la prise de contrôle managérial par la banque française ainsi qu’une option permettant de porter la participation à 51% à partir de la troisième année.

 

BNP Paribas précisait alors que les modalités d’acquisition des 32% supplémentaires étaient déjà fixées, sur la base du prix payé pour le rachat des 19% (qui équivaut à 244 millions d’euros environ pour 32%), majoré d’un intérêt fixe.