Affrontements meurtriers à la frontière entre Cambodge et Thaïlande

Alors que Tunisie et Egypte demeurent secouées par des vents de révolte, rien ne va plus entre le Cambodge et la Thaïlande. De nouveaux heurts ont éclaté dimanche à la frontière entre les deux pays. Pourtant la veille, un cessez-le-feu avait pu être conclu entre les deux parties. Rappelons que la frontière entre les deux pays n’a jamais été totalement délimitée.

Des affrontements ont de nouveau éclaté dimanche près du temple khmer de Preah Vihear, classé au patrimoine de l’UNESCO et au centre des différends bilatéraux, situé à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. Selon Reuters, des militaires thaïlandais et cambodgiens ont échangé des tirs de canon, de roquettes et de chars.

Côté thaïlandais, au moins 2.500 personnes ont fui leurs villages, la Thaïlande déployant des renforts de troupes et de blindés. Des centaines de Cambodgiens ont été évacués.

« A ce stade, nous n’avons pas mis en oeuvre de cessez-le-feu. Nous négocions à tous les niveaux, mais en attendant nous devons riposter et nous défendre », a déclaré le colonel Sansern Kaewkamnerd, porte-parole de l’armée thaïlandaise.

Vendredi, des combats à l’arme lourde avaient pu être observés pendant environ deux heures.

Samedi à l’aube, des échanges de tirs avaient à nouveau eu lieu pendant une trentaine de minutes. Avant que les deux pays se mettent d’accord sur un cessez-le-feu.

Au moins cinq personnes avaient été tuées lors de ces combats, les plus violents depuis 2008. Un soldat et un villageois thaïlandais, et deux soldats et un civil cambodgiens y ont trouvé la mort.

Dans une déclaration lue à la télévision d’Etat, le premier ministre cambodgien Hun Sen a réclamé dimanche une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour « arrêter l’agression » thaïlandaise. Celle-ci « menace gravement la paix et la stabilité dans la région« , selon lui.

Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Panitan Wattanayagorn a de son côté assuré que le Cambodge avait « commencé à attaquer« . « Ce que nous faisons, c’est protéger notre pays, notre souveraineté ».

Les deux voisins se rejettent la responsabilité des affrontements, les uns rejetant sur les autres « l’initiative » de l’agression et assurant n’avoir fait que défendre leur intégrité territoriale.

Rappelons que plusieurs secteurs de la frontière entre les deux pays n’ont jamais été délimités, une situation équivoque à l’origine de plusieurs différends voire même de plusieurs incidents armés meurtriers, en 2008 et 2009.

La dispute s’est cristallisée autour du temple appelé Preah Vihear par les Cambodgiens et Khao Phra Viharn par les Thaïlandais et que les deux pays se disputent.

Si selon une décision de la Cour internationale de justice en date de 1962, le monument relève de la souveraineté du Cambodge, les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et de nombreux secteurs n’ont pas été délimités, notamment une zone de 4,6 km2 en contrebas de l’édifice.

Sources : AFP, ats, Reuters