Le Portugal bientôt contraint à demander l’aide de l’UE ?

Nouvelle turbulence au sein de l’UE ? Alors que les taux d’intérêt de la dette du Portugal ont battu de nouveaux records vendredi, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel affirme dans son édition à paraître lundi que Paris et Berlin – anticipant l’émergence d’une crise de la dette au Portugal – souhaitent contraindre Lisbonne à demander une aide financière dans le cadre du plan de sauvetage de l’UE.

Le Premier ministre portugais José Socrates a toutefois réaffirmé samedi que « le Portugal fait ce qu’il faut » pour éviter d’avoir à recourir à des financements extérieurs en raison de la hausse des taux d’intérêt de ses emprunts.

Aux premières heures de la matinée, vendredi matin, les taux des obligations à 10 ans du Portugal se sont envolés à 7,161% contre 6,957% la veille. En fin d’après-midi les taux à dix ans demeuraient supérieurs à 7%. Une situation qui n’avait encore jamais été observée depuis l’entrée du pays dans la zone euro et qui inquiètent fortement marchés et gouvernements … et électeurs portugais.

Comme on pouvait s’y attendre, les tensions sur les marchés obligataires ont rejailli vendredi sur la Bourse de Lisbonne, laquelle affichait un recul de plus 3% à la clôture, alors que les valeurs bancaires, la BES et la BCP dégringolaient de plus de 5%.

Selon un sondage publié le mois dernier, une majorité de la population portugaise (47,1%) estime désormais que le gouvernement « doit demander » l’aide du FMI et de l’UE. Plus de la moitié des Portugais(50,8%) considèrent que « la situation du pays serait meilleure avec l’aide internationale ».

Rappelons que la dette du Portugal était estimée à 143 milliards à la fin 2010 (83,3% du PIB). Le pays souffre également de faibles perspectives de croissance, alors qu’un programme d’austérité drastique devrait – nous dit-on – réduire le déficit à 4,6% du PIB d’ici la fin de l’année 2011.

Rien que pour cette année, le Portugal a estimé ses besoins de financement net à 20 milliards d’euros, sans compter les 26 milliards de dette arrivant à échéance d’ici la fin de l’année.

Pour les analystes, le test « fatidique » aura lieu la semaine prochaine. L’agence de la dette publique a en effet prévu d’émettre mercredi deux lignes d’obligations, à 3 et 9 ans, pour un montant entre 750 millions et 1,25 milliard d’euros.

« Je comprends tout à fait la réticence des pays à demander un programme commun du FMI et de l’Union européenne« , avait déclaré fin décembre l’économiste en chef du Fonds monétaire international Olivier Blanchard. « Mais, avait-il souligné, de tels programme peuvent aider. »

Interrogé samedi sur les rumeurs persistantes d’un prochain recours au plan de sauvetage européen, M. Socrates a réaffirmé que le Portugal allait « atteindre son objectif budgétaire en 2010″, lequel était de réduire son déficit à 7,3% du PIB contre 9,3% en 2009.

« C’est le signe de confiance le plus puissant que nous puissions donner aux marchés internationaux », a-t-il ajouté.

Réagissant aux informations du journal Der Spiegel laissant entendre que Paris et Berlin faisaient actuellement pression sur le gouvernement portugais pour qu’il accepte de recourir à une aide européenne, le président portugais Anibal Cavaco Silva a affirmé pour sa part espérer « que cela ne se produira pas« . Précisons toutefois qu’il s’agissait de propos énoncés en marge d’une action de pré-campagne électorale avant la présidentielle du 23 janvier …

« Je trouve étrange qu’un magazine allemand publie des informations d’une si grande importance pour un Etat-membre de l’Union européenne sans que, à ma connaissance, le sujet ait été discuté au sein des instances communautaires« , a-t-il par ailleurs ajouté.

Sources : AFP, Reuters, Der Spiegel

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