EasyJet : quand la nouvelle patronne fait crasher le titre

Comme quoi l’action des plus hauts responsables d’une société n’a pas que des effets bénéfiques sur sa cotation. La preuve en est … Les propos émis par la nouvelle DG d’EasyJet est loin d’avoir provoqué une euphorie mercredi à la Bourse de Londres.

Le titre de la compagnie aérienne low-cost a dégringolé de plus de 6% en matinée outre-manche.

Raisons d’une telle baisse : les commentaires de sa nouvelle directrice générale sur les résultats trimestriels de la société.

Vers 9h50 GMT, le titre chutait de 6,51%, à 406,2 pence, l’indice regroupant les valeurs européennes liées au voyage et au transport aérien cédant quant à lui 0,54%.

Carolyn McCall, successeur de Andy Harrison à la tête de la compagnie a ainsi déclaré qu’elle menait actuellement un véritable examen de l’entreprise. Des propos qui interviennent alors que la société low-cost est notamment affectée à l’heure actuelle par une pénurie en personnel naviguant, son image étant également perturbée par un manque de ponctualité à l’aéroport londonien de Gatwick. « Nous devons réaliser une bonne performance à Gatwick parce que cela affecte l’ensemble du réseau », a ainsi déclaré la nouvelle responsable aux journalistes.

Mme McCall a par ailleurs assuré qu’EasyJet « avait mis en place un plan pour répondre à ces problèmes pour minimiser les effets à venir sur nos passagers et nos équipages ».

L’affaire devient on ne peut plus sérieuse alors que le fondateur et principal actionnaire d’easyJet, Stelios Haji-Ioannou, a récemment menacé la compagnie, de lui retirer le droit d’utiliser sa marque si elle n’améliorait pas sa ponctualité. Rappelons qu’en mai dernier, Stelios Haji-Ioannou avait d’ores et déjà claqué la porte du conseil d’administration.

Désormais, les choses se précisent. Certes, Mme McCall a assuré que la compagnie avait « absolument » l’intention de régler ses problèmes avec M. Haji-Ioannou tout en annonçant envisager de recruter des consultants pour tenter d’analyser les problèmes internes de la compagnie.

Mais mercredi le ton est monté d’un cran. M. Haji-Ioannou a en effet adressé une lettre à la direction en lui intimant l’ordre de faire partir au moins 70% des avions à l’heure (soit dans les 15 mn de l’horaire prévu), de faire en sorte qu’ils n’atterrissent pas avec plus de quinze minutes de retard, et que moins d’1% des vols soient annulés. Si ces problèmes ne sont pas réglés d’ici au 26 octobre, le fondateur se réserve le droit de retirer sa licence « easy » à la compagnie.

Si Ryanair, le rival irlandais d’EasyJet se fait fort de dénoncer le manque de ponctualité de son concurrent à chaque occasion, reste que le problème est bien réel. Il a même fait l’objet d’une requête d’une députée devant le Parlement allemand, compte-tenu de l’ampleur des difficultés observées à l’aéroport de Berlin-Schönefeld.

Mercredi, le directeur d’easyJet pour l’Allemagne, la Scandinavie et l’Europe de l’est, Thomas Haagensen – tout en évoquant les mesures prises pour remédier à ces problèmes – a imputé les retards et annulations aux grèves de contrôleurs aériens dans certains pays d’Europe, qualifiant de « pays à risque » la Grèce, l’Espagne, l’Italie et la France.

Un bon point tout de même : la compagnie a annoncé mercredi une hausse de 5,3% de son chiffre d’affaires au troisième trimestre. Sur une période de trois mois achevée le 30 juin, easyJet indique que son chiffre d’affaires s’est élevé à 759,2 millions de livres (911 millions d’euros), le revenu par siège augmentant pour sa part de 3,5% à 53,23 livres.

Pour 2010, la compagnie table toujours sur un bénéfice avant impôt de 100 à 150 millions de livres, à taux de change et prix du carburant constants.