Défaillances d’entreprises : triste record en 2010 ?

delai-paiemen-defaillance.jpgTriste projection et triste record ?

 Selon une étude publiée mardi par l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC, filiale de l’assureur allemand Allianz, les défaillances d’entreprises en France devraient progresser de 2% en 2010. Pour atteindre en fin d’année un niveau record à 68.600.

Certes, petite lueur d’espoir : pour 2009, Euler Hermes a revu à la baisse son estimation. Mais l’établissement d’un nouveau record de défaillances est toujours d’actualité à 67.400, contre près de 70.000 attendues initialement. Des chiffres qui représentent une hausse de 17% par rapport à 2008. Le dernier – triste – record atait de 1993, avec 64.500 défaillances.

Selon Karine Berger, directrice des études, « la reprise de l’économie mondiale prévue en 2010 sera lente et fragile ». Raisons invoquées : les demandes intérieures des grands pays industrialisés « affaiblies par la montée du chômage » et « les incertitudes sur le pouvoir d’achat des ménages. Pour elle, la production ne devrait retrouver son niveau d’avant la crise qu’à partir de 2011.

Selon l’étude d’Euler Hermes, la première cause de défaillance d’entreprises en France serait liée à la baisse de leur rentabilité et la chute de leur chiffre d’affaires, davantage que les difficultés de financement. « La crise économique a plus joué comme facteur de défaillances d’entreprises en France que la crise financière », estiment ainsi les auteurs de l’étude.

Euler Hermes constatant par ailleurs qu’en dehors de l’Hexagone, les restrictions de financement expliquent la moitié de la hausse des défaillances d’entreprises en 2008. En effet, selon le Bureau d’Etudes, les entreprises françaises se distinguent par la faible part de dette financière dans leur financement (11% seulement). Laissant de facto une part très conséquente à la dette non-financière.

Au niveau de l’Union européenne, la France se distingue par une part nettement plus importante des autres dettes non financières (couvrant notamment le crédit fournisseurs), lesquelles représentent près de 50% du bilan alors que le taux n’est que de 30% à 40% dans d’autres pays de l’UE.

L’étude montre ainsi – à titre d’exemple – que le crédit client représente 15 à 20% du bilan en France, contre 8% en Allemagne.

 L’étude précise néanmoins que le crédit bancaire de court terme s’est réduit sur la période d’octobre 2008 à septembre 2009. Un point important à souligner alors qu’un tel argument est souvent réfuté par les banques françaises.

Selon Mme Berger, la crise des financements bancaires a eu assez peu d’incidence, la dette dite non financière ayant fortement amorti le choc, via la dette fiscale et sociale ainsi que la dette fournisseur.

Au total, en 2009, l’étude estime que les défauts de paiements consécutifs à des défaillances ont coûté 3 milliards d’euros supplémentaires aux entreprises.

Sources : AFP, Euler Hermes, Challenges

(6 commentaires)

  1. il est piquant de constater l’attitude des assureurs crédits et plus spécifiquement d’Euler-hermès depuis le début de la crise :
    j’interviens ici en tant que directeur financier d’un groupe de négoce et distribution spécialisée.
    acte 1 :
    leurs commerciaux nous ont tenu il y a un an le langage de la fin du monde, de l’écroulement du crédit et de l’explosion des défaillances d’entreprises.
    en substance, notre poste clients allait exploser en plein vol et il était urgentissime pendant que cela était possible, de prendre des couvertures.
    nous ne l’avons pas fait, préférant assumer nous même ce ridque par de actions appropriées. 1 an plus tard, bien nous en a pris. pas d’augmentation dramatique de la sinistralité, juste une infklexion dont les conséquences fiancnières sont sans commune mesure avec ce qui nous avait été annoncé.
    acte 2 :
    alors que nos résultats et notre trésorerie n’ont jamais été aussi bons, la couverture moyenne de SFAC Euler-Hermès a globalement été divisée par 2 sur nos filiales (voire par 3 sur certaines). les délégués régionaux que nous avons questionné et à qui nous avons demandé des explications, ne savent plus bien quoi nous répondre si ce n’est un sempiternel (oui, oui, c’est effectivement très étonnant mais vous savez ce sont les engagements qui décident ».
    où l’on voit donc bien que l’asphyxie du commerce interentreprise est bien organisé.
    acte 3 :
    nos fournisseurs ne comprennent pas ce raidissment des conditions aussi brutales, surout que depuis quelques semaines, les affaires et donc les commandes repartent légèrement à la hausse.
    « vous pouvez souscrire des garanties complémentaires, des CAP et des CAP + qui vous permettront de retrouver le niveau d’encours précédent » nous dit on chez EH; il est amusant de constater ici qu’en fait en payant plus on peut avoir le même niveau de p^rotection qu’avant, quand on payait moins.
    en conclusion :
    2 questions me brulent les lèvres :
    à qui profite le crime ?
    de qui se moque t on ?

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