Alors que la ministre de l’économie Christine Lagarde a annoncé vendredi que le taux du Livret A sera ramené à 1,75% le 1er mai, contre 2,5% actuellement, les protestations fusent.
Les députés Claude Bartolone (PS), Jean-Pierre Brard (app-PCF) et Nicolas Dupont-Aigan (non-inscrit, ex-UMP) ont – chacun à leur manière – élevé le ton samedi.
Pour tenter d’empêcher une nouvelle diminution envisagée pour le 1er août prochain ?
« J’ai décidé en accord et avec l’autorisation du Premier ministre de fixer le taux de rémunération du livret A à 1,75% à partir du 1er mai », a ainsi annoncé au cours d’un point de presse à Bercy, la ministre de l’économie.
Compte tenu du recul de l’inflation et des taux sur le marché monétaire, la stricte application de la méthode de calcul du taux du Livret A aurait pu conduire à le baisser à 1% mais l’Etat a souhaité consentir un « effort particulier, » a tenu à préciser Christine Lagarde. Pour un peu, on devrait presque la remercier.
La ministre affirme par ailleurs s’appuyer sur une recommandation rendue publique par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer – après l’annonce d’un fort ralentissement de l’inflation le mois dernier – pour justifier de telles mesures. L’établissement financier avait quant à lui mis en avant le risque de « perturber les circuits de collecte de l’épargne et de créer des inquiétudes chez les épargnants » pour justifier sa recommandation d’une baisse limitée à 0,75 point.
Précisons que selon les données publiées vendredi par l’Insee, le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation (hors tabac) s’est établi à 0,3% en mars, contre 1,0% en décembre. Rappelons également que le taux du Livret A avait d’ores et déjà été abaissé en janvier à 2,5% contre 4,0% auparavant, l’objectif étant – nous avait-on alors affirmé – de refléter la baisse rapide de l’inflation.
La Banque de France avait alors obtenu que le taux soit révisable tous les trimestres, et non plus deux fois par an. L’organisme avait également demandé que ses variations soient limitées à 1,5 point au maximum en vue de lisser l’effet des mesures.
En réponse à cette annonce, M. Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis a affirmé pour sa part que cette décision – qu’il considère comme étant à contre-emploi – était « choquante politiquement parce qu’injuste socialement » et « économiquement inefficace« .
« Nicolas Sarkozy persiste dans une politique tout empreinte d’idéologie : après avoir refusé de renoncer au bouclier fiscal, annoncé un relèvement du plafond de défiscalisation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) il y a quelques jours, il prive désormais les classes populaires et moyennes d’un des rares outils d’amélioration de leur quotidien« , ajoute-t-il.
Dans un autre communiqué, Jean-Pierre Brard, également élu de Seine-Saint-Denis, estime que « l’épargne populaire passe à l’essoreuse ». Se voulant constructif, M. Brard propose d’instaurer un « bouclier social pour l’épargne populaire » avec « un taux plancher garanti de 2% pour la fraction des livrets inférieure à 10.000 euros ».
Le député gaulliste Nicolas Dupont-Aignan dénonce pour sa part « un mauvais coup porté aux Français les plus modestes qui n’ont que le Livret A pour placer leurs petites économies ». Le président de Debout la République (DLR) estime par ailleurs que le gouvernement « mène une politique de deux poids, deux mesures protégeant toujours les privilèges des plus aisés ».
La banque centrale a souligné quant à elle qu’une baisse du taux du Livret A contribuait au soutien de l’économie en cette période de récession, tout en maintenant pour les épargnants une rémunération « nettement positive » en termes réels.
« Baisser le taux du livret A c’est une mesure de relance, c’est une mesure de soutien de l’activité », a même affirmé son gouverneur Christian Noyer lors d’une conférence de presse, considérant que le coût du financement du logement social s’en trouverait directement allégé, ce dernier étant grandement déterminé par la valeur du taux.
« Compte tenu de l’influence très forte du taux du Livret A sur celui des ressources des banques (livrets ordinaires et dépôts à terme), la décision conduira à abaisser le coût de ces ressources et donc le coût des crédits » précise également l’établissement.
Sources : AFP, Reuters