L’Equateur a mis fin de manière anticipée au contrat qui le liait avec la compagnie hispano-argentine Repsol YPF pour l’extraction de 60.000 barrils de pétrole par jour. Cette mesure fait suite à l’échec des négociations pour la révision du contrat.
Ce sont en tout cas les motifs invoqués vendredi par le gouvernement.
« L’Etat équatorien a pris la décision de mettre fin à sa relation de travail avec Repsol (…) il s’agit d’une rupture anticipée« , a annoncé le ministre du Pétrole Derlis Palacios lors d’une conférence de presse.
« Malheureusement, nous n’avons pas pu trouver un accord avec Repsol (…) Ils ont constamment changé de critères, et nous n’avons pas pu négocier« , a-t-il ajouté.
Rappelons toutefois que le ministre des Mines et du Pétrole d’Equateur, Galo Chiriboga, également vice-président de l’OPEP, avait été remplacé début octobre par le président Rafael Correa. Cette décision est intervenue en pleine négociation des contrats liant l’Etat aux compagnies pétrolières étrangères.
« Des progrès importants ont été réalisés en matière de politique pétrolière, mais nous estimons qu’il est bon de changer. Le moment de la relève est arrivé car nous n’avons pas encore terminé les négociations« , avait alors déclaré le président Rafael Correa au cours d’une cérémonie marquant la passation de pouvoirs entre M. Chiriboga et Derlis Palacios.
A son poste, Galo Chiriboga était notamment chargé de renégocier avec les 13 compagnies pétrolières étrangères présentes en Equateur les contrats les autorisant à exploiter des gisements dans ce pays. Des différences de point de vue semblaient être apparues entre le président équatorien et son ministre, le premier étant partisan d’une ligne plus dure à l’égard des compagnies étrangères, en particulier la brésilienne Petrobras.
Rafael Correa avait ainsi menacé de nationaliser un gisement exploité par cette dernière en Equateur si la compagnie ne se pliait pas aux nouvelles exigences du gouvernement.
L’espoir faisant vivre, un porte-parole du groupe pétrolier a toutefois déclaré vendredi plein d’espoir que Repsol ne considérait pas les négociations rompues et espérait parvenir à un accord avec l’Equateur.
Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. La compagnie extrayait jusque-là quelque 60.000 barrils de pétrole par jour en Equateur, le plus petit membre de l’Opep, mais cinquième producteur sud-américain, avec une production totale de quelque 508.000 barils par jour au premier semestre 2008, dont plus de la moitié (366 000) ont été exportés.
S’inspirant fortement de la politique menée en Bolivie et au Venezuela, le président socialiste de l’Equateur, Rafael Correa, a remis en question, depuis plus d’un an, les contrats liant l’Etat équatorien à quelque 13 compagnies pétrolières étrangères, exigeant notamment une répartition plus juste des bénéfices.
Selon les autorités, le contrat actuel laisse à Repsol 80% de la production.
Début octobre l’ancien ministre du secteur pétrolier avait annoncé que Repsol-YPF et la française Perenco avaient accepté de modifier les contrats les liant à l’Etat équatorien pour continuer à exploiter plusieurs puits dans ce pays.
Galo Chiriboga avait déclaré lors d’une conférence de presse que Perenco, qui produit 30.000 barils par jour en Equateur, avait accepté de passer d’un régime de contrat dit de participation à un contrat de simple prestation de services. Cette modification devrait entrer en vigueur dans un an.
Jusqu’à l’arrivée du président socialiste Rafael Correa, élu en novembre 2006, les 13 compagnies pétrolières opérant en Equateur étaient régies par un contrat de participation. Elles assumaient tous les coups d’extraction et reversaient 18% de la production de cru au pays.
Alors qu’elles ne reversaient que 50% des bénéfices extraordinaires liés à la hausse du prix du pétrole à l’Etat équatorien, ce dernier s’est fait fort d’obtenir une nouvelle répartition de ces gains.
Le contrat de prestation de services prévoit au contraire que l’Etat garde la mainmise sur le pétrole, et négocie avec les compagnies les coûts de production et la répartition des bénéfices.
Avant Perenco, la Chinoise Andes Petroleum, avait également accepté une modification de son contrat.
Source : AFP, ats
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