Les salariés d‘Airbus n’ont qu’à bien se tenir, ils sont désormais prévenus, de fortes rafales de vent d’autan risquent de souffler sur leur tête.
Les voilà avertis : le bassin d’emploi de Toulouse, très fortement axé sur le secteur aéronautique ne pourra bénéficier que d’une trêve estivale fortement réduite.
Pire, des mesures supplémentaires au plan Power 8 devraient voir les jours avant l’été. Dixit Louis Gallois, patron d’EADS en personne.
EADS présentera « avant la trêve de l’été » des mesures additionnelles au plan Power8 de restructuration de sa filiale Airbus, a ainsi indiqué mardi son patron, Louis Gallois. Notre homme semble quelque peu apprécier le suspens … car il n’a pas jugé bon de préciser acteurs et scénario de Power 8-Acte II.
A la question de savoir si des mesures concernant l’allongement du temps de travail pouvaient être envisagées pour retrouver de la compétitivité face au dollar faible, Louis Gallois a déclaré que cela était « un sujet qui mérite d’être regardé ». « C’est une très bonne question à laquelle j’apporte une réponse floue » a-t-il ajouté, non sans pertinence, précisant qu’en cas d’annonce à ce sujet, il en informerait d’abord les partenaires sociaux.
Le PDG d’Airbus, Thomas Enders s’est récemment adressé par courrier à l’ensemble des salariés en mentionnant « les efforts conséquents » que ces derniers devront fournir pour assurer les économies exigées par le plan de restructuration Power 8 et maîtriser les coûts d’objectif de l’A350. Thomas Enders y souligne que les coûts de revient des sites allemands et français nouvellement réunis au sein de filiales, devront être aussi performants que ce qu’aurait proposé l’éventuel repreneur. Comme économies possibles, il a cité, outre l’étude de l’augmentation du temps de travail, des coûts administratifs et de sécurité moindres, ainsi que des systèmes informatiques plus légers.
Pour faire face à la forte dépréciation du dollar, EADS veut délocaliser, a par ailleurs poursuivi M. Gallois. « Il s’agit de conserver en Europe le coeur du coeur d’Airbus, la haute technologie, et de transférer le reste de la production dans des zones protégées par les fluctuations du dollar. A un moment où l’augmentation de la production permet de faire les choses sans drame », a-t-il ajouté.
A propos du plan de restructuration Power8, présenté fin février 2007, M. Gallois a estimé être en avance sur les objectifs de trésorerie. « Notre trésorerie nette était de 8,3 milliards d’euros au 31 mars et elle continue à croître. Nous n’avons aucune raison de demander à nos actionnaires une augmentation de capital. Cette trésorerie nous permet de faire des acquisitions », a par ailleurs affirmé.
Concernant la vente des sept sites d’Airbus, M. Gallois a estimé qu’il « n’y avait pas urgence » de trouver des partenaires en raison du niveau de la trésorerie. « La vente des sites devait nous rapporter 230 millions d’euros d’économies et devait contribuer à 7% du coût de développement du programme de l’A350 », a-t-il précisé. En tout état de cause, le groupe maintient sa volonté d’externaliser 50% du programme A350, ce qui suppose la vente de certains sites.
Louis Galllois a par ailleurs ajouté qu’actuellement, Airbus n’avait pas de problème de financement du développement de l’A350. Quant à l’avenir ….
Prémonitoire ou simple feu de paille ? La ministre de l’Economie Christine Lagarde a annoncé, lundi à Toulouse, la nomination de Michel Bernard comme expert pour l’emploi, les contraintes et stratégies dans le secteur aéronautique. « M. Bernard doit nous remettre des propositions dès le mois de juillet, puis des propositions tangibles au mois de septembre », a-t-elle précisé.
Cette nomination intervient dans le droit-fil du plan aéronautique présenté le 11 octobre dernier par le Premier ministre François Fillon, précise-t-on au ministère de l’Economie. « La stratégie consiste, autour d’un ou plusieurs très gros opérateurs et en particulier des sous-traitants de rang 1, de créer des pôles dans le domaine aéronautique », a indiqué la ministre. « Cet objectif stratégique demeure », a-t-elle souligné.
Mme Lagarde a par ailleurs indiqué que le gouvernement poursuivait « le dialogue et la concertation avec l’ensemble des opérateurs de la branche aéronautique », après la décision d’EADS de ne pas céder à Latécoère les sites de Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Martin Malvy, président de Région, Pierre Izard, président du conseil général de la Haute-Garonne et Pierre Cohen, député-maire de Toulouse, tous trois fort inquiets sur l’impact économique des mesures prises actuellement par l’avionneur, ont quant à eux obtenu une entrevue lundi avec Christine Lagarde. Les trois élus avaient préalablement adressé un courrier au Premier ministre, François Fillon, pour lui demander la création d’un groupe permanent de suivi de la filière aéronautique qui regrouperait le gouvernement, EADS, les syndicats de salariés et les élus.
Sources : AFP, DDM
A lire également :
. Airbus : vers une augmentation du temps de travail
. Airbus : POWER 8, … la suite
L’avionneur confirme l’annonce de nouvelles mesures d’économies d’ici à l’été
[ 14/05/08 ] LES ECHOS
Le numéro deux français d’Airbus, Fabrice Brégier, a confirmé la préparation de mesures additionnelles au plan de restructuration Power 8, qui devraient se traduire par davantage de délocalisations.
Lors de la conférence de presse téléphonique consacrée aux retards de l’A380, le numéro deux français d’Airbus, Fabrice Brégier, a confirmé l’annonce, d’ici à l’été, « de mesures additionnelles » au plan de restructuration Power 8, qui devraient passer par davantage de délocalisations et, à terme, une possible augmentation du travail dans les usines françaises et allemandes (« Les Echos » du 9 mai).
« Nous avons besoin de mesures additionnelles que nous sommes en train de préparer », a-t-il déclaré, tout en soulignant le bon niveau de trésorerie d’Airbus et de sa maison mère EADS, dont les résultats du premier trimestre sont attendus aujourd’hui.
Selon Fabrice Brégier, l’objectif principal de ces mesures nouvelles, prévues pour 2010 et au-delà, sera de réduire l’exposition au dollar « en achetant et en produisant davantage en zone à bas coûts », a-t-il expliqué. « Cela peut conduire à des productions en dehors de la zone Europe, comme beaucoup de nos partenaires et sous-traitants y sont contraints », a-t-il ajouté, précisant toutefois que ces délocalisations ne concernaient pas l’A380.
« L’A380 est un nouveau programme qui n’est pas encore stabilisé, et donc nous maintiendrons la production sur notre base européenne », explique Fabrice Brégier.
Discussions
Sur le volet social, le patron d’Airbus France a par ailleurs implicitement confirmé que des discussions avaient déjà démarré côté allemand avec les organisations syndicales, concernant notamment une possible augmentation du temps de travail.
« On a discuté avec la partie allemande sur certaines mesures mais nous n’avons pas engagé de discussions avec les partenaires sociaux en France », a-t-il dit.
Louis Gallois plaide pour un soutien public plus affirmé
Le patron d’EADS fait la comparaison entre les 800 millions de dollars de subventions du gouvernement américain reçus par Boeing en 2006, et les 60 millions d’euros alloués à l’avionneur européen.
Le président exécutif d’EADS, Louis Gallois, souhaite une aide gouvernementale pour permettre au consortium européen d’aéronautique et de défense de mieux concurrencer son grand rival américain Boeing. « Le soutien des gouvernements est un vrai sujet », insiste-t-il dans une interview au Berliner Zeitung publiée samedi. « Boeing a reçu 800 millions de dollars de subventions du gouvernement américain en 2006 pour ses activités de recherche et technologie, selon des informations de l’Union européenne. Nous, nous avons dû faire avec 60 millions d’euros (94,34 millions de dollars) reçus des gouvernements européens. »
Louis Gallois s’est par ailleurs refusé à toute précision sur les mesures supplémentaires de réduction des coûts chez Airbus, qu’il doit annoncer avant août. « Il n’y aura pas de grosses coupes », se contente-t-il de dire.
Selon l’hebdomadaire Euro am Sonntag, qui cite un « cadre de haut rang », Louis Gallois a l’intention de revenir à la semaine des 40 heures, contre 35 heures appliquées actuellement.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?&news=5532903