Bolivie : chantage à l’investissement des compagnies pétrolières

Bolivia_gasFace aux graves problèmes économiques auxquels est confrontée la Bolivie, Evo Morales, son Président, a semble-t-il trouvé la solution : faire payer les compagnies pétrolières.

Pas totalement étonnant de la part de celui qui est arrivé au pouvoir en Bolivie en pleine guerre du gaz.

Le gouvernement socialiste bolivien a menacé lundi les sociétés pétrolières de mesures « très dures » si elles n’investissaient pas davatange.

Le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera les a ainsi averti : « nous sommes confiants qu’elles feront (ses investissements) mais si elles ne le font pas, nous serons durs, très durs ».

Pour rappel, une douzaine de compagnies pétrolières opèrent en Bolivie, dont Petrobras (Brésil), British Gas (GB), Total (France), Repsol (Espagne), ExxonMobil (Etats-Unis) et l’anglo-néerlandais Shell.

Selon le gouvernement, les compagnies pétrolières se sont engagées à investir 960 millions de dollars en 2008 dans le développement et l’exploration du gaz, lprincipale ressource du pays.

Si elles ne remplissaient pas leurs engagements, la compagnie d’Etat bolivienne YPFB et son homologue vénézuélienne PDVSA les remplaceraient et seraient chargés du développement et des investissements, a averti le vice-président. Reste toutefois à ce que de telles mesures puissent se concrétiser dans les faits …

Les compagnies pétrolières, qui assurent la maintenance de l’exploitation, ont arrêté leurs investissements peu après la nationalisation des gisements d’hydrocarbures par le gouvernement d’Evo Morales en mai 2006. Si toutes les compagnies ont signé de nouveaux contrats avec l’Etat bolivien, elles affichent très peu de zèle pour investir, arguant notamment du manque de « sécurité juridique ».

A noter par ailleurs que la semaine dernière, à l’issue d’une réunion à Buenos Aires, les présidents du Brésil, d’Argentine et de Bolivie ne sont pas parvenus à trouver une solution à l’insuffisance de l’offre de gaz bolivien, indispensable à la croissance des deux plus grands pays sud-américains.

La Bolivie, qui produit environ 40 millions de m3 par jour, ne parvient pas à livrer les quantités nécessaires de gaz au Brésil (30 M de m3/j) et encore moins vers l’Argentine alors que sa consommation interne s’élève à 6,5 M de m3/j.

Les trois présidents « ont décidé de créer un groupe de coordination composé des ministres responsables du secteur de l’énergie », à l’issue de ce sommet à trois, a néanmoins annoncé le ministre argentin des Affaires étrangères.

Ce groupe devra « analyser, conformément au principe de solidarité énergétique régionale, l’évolution des demandes respectives en énergie, afin de coordonner les mesures qui apparaîtront opportunes et pertinentes ».

Le président bolivien Evo Morales avait averti ses collègues argentin Cristina Kirchner et brésilien Luis Inacio Lula da Silva que son pays ne pourrait pas garantir l’approvisionnement en gaz au niveau actuel de leurs pays, et qu’il serait donc nécessaire de revoir les quotas de chacun d’entre eux.

Mais le Brésil avait fait savoir avant cette réunion qu’il n’était pas disposé à voir sa part diminuer, proposant en contrepartie de fournir à l’Argentine de l’électricité en cas de nécessité, notamment pendant l’hiver austral quand la demande en énergie atteint son plus haut niveau.

La demande argentine de gaz est en hausse constante à la faveur du redressement économique et Buenos Aires a signé un accord en 2006 avec son voisin bolivien pour recevoir quelque 7,7 millions de m3 par jour, volume qui pourra augmenter jusqu’à 27,7 millions de m3 une fois terminé un projet de gazoduc reliant les deux pays.

Mais la part réservée au Brésil qui importe quelque 31 millions de m3 par jour et la demande du marché intérieur bolivien menacent de réduire très fortement le quota d’importation argentin.

Dans un entretien avec le quotidien argentin Clarin, le président bolivien Morales soulignait alors que le problème est conjoncturel et que des investissements qui atteindront quelque 1,5 milliard de dollars cette année permettront de le résoudre. Désormais il exhorte les compagnies pétrolières à assurer leur financement …

Source : AFP

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