Quelques jours seulement après l’attentat ayant coûté la vie à Benazir Bhutto, l’ambassadeur iranien à Islamabad Mash Allah Shakeri vient d’informer que le Pakistan et l’Iran finaliseraient leur accord sur le projet de gazoduc représentant plusieurs milliards de dollars le 25 janvier de cette année.
Le projet de gazoduc entre l’Iran, le Pakistan mais également l’Inde revêt une importance majeure sur l’échiquier énergétique mondial.
Le projet de gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) est l’un des plus importants projets économiques de la région et il aura un retentissement très favorable dans les trois pays, selon Shakeri. Il a souligné qu’au delà de l’importance économique du projet, des avancées sociales et sécuritaires seraient à la clé.
L’ambassadeur iranien a décrit les mesures prises par le Pakistan et l’Iran comme des indicateurs de leur forte volonté de mener à bien ce projet.
Shakeri a exprimé l’espoir que l’Inde se joindrait aussi à ce projet pour en faire un projet trilatéral.
En novembre dernier, l’Iran a annoncé qu’elle donnait à l‘Inde trois à quatre mois pour rejoindre le projet de gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI). Des accords à ce sujet ont été récemment finalisés, mais uniquement entre Téhéran et Islamabad, contrairement à ce qui avait été initialement prévu. L’Inde a néanmoins laissé entendre qu’elle était toujours intéressée.
Le directeur exécutif de la société nationale d’exportation de gaz (NIGEC) Nosratollah Seifi s’est cependant dit optimiste sur une décision positive de New Delhi qui lui permettrait à terme de recevoir 30 millions de m3 de gaz naturel par jour.
Les discussions sur ce projet de 7,4 milliards de dollars visant à fournir également du gaz iranien à l’Inde via le Pakistan grâce à un gazoduc long de 2.600 km ont commencé en 1994. Le débit du gazoduc Iran-Pakistan-Inde sera de 21,1 milliards de m3 de gaz naturel par an. Par la suite, ce débit sera multiplié par 2,5. Les parties espèrent mettre le pipeline en service en 2011.
En septembre dernier, le ministre iranien du Pétrole par intérim, Gholamhossein Nozari, avait déclaré que Téhéran était prêt à signer un accord bilatéral avec le Pakistan sans attendre que l’Inde définisse sa position sur ce projet conjoint. L’Iran et le Pakistan se sont ainsi mis d’accord sur un système de révision du prix du gaz tous les trois ans.
L’Inde fait aussi l’objet de pressions américaines pour ne pas s’engager dans ce projet. Selon Washington, les Etats-Unis souhaitent avant tout faire payer à l’Iran les « frais » de son programme nucléaire controversé. Mais l’objectif pourrait bien être aussi d’empêcher l’Inde d’accéder à des ressources par ailleurs très convoitées…
De plus, New Delhi est d’autant moins encouragé à braver l’opposition des Américains que ces derniers lui ont proposé un accord de coopération dans le nucléaire civil.
L’Iran s’est dit décidé à livrer du gaz à l’Inde via le Pakistan mais des différents demeurent, relatifs au prix que New Delhi devrait payer à Islamabad pour le transit du gaz. Le vice-ministre iranien chargé du dossier, M. Ghanimifard a affirmé récemment que l’Iran était prêt à consentir à l’Inde les mêmes conditions qu’au Pakistan.
L’Inde importe plus de 70% de ses besoins en énergie et est à la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement pour son industrie en forte croissance. Si elle rejoignait finalement le projet, le Pakistan en serait doublement bénéficiaire, car il recevrait lui-même du gaz et percevrait en même temps des droits pour le transport et le transit vers l’Inde.
Sources : Xinhua, AFP, Associated Press, Reuters
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