Branle-bas de combat et avalanche de déclarations autour d‘Areva et du secteur nucléaire français.
Si Suez a confirmé vendredi ses ambitions dans le nucléaire civil, en indiquant qu’il déciderait d’ici 2009 d’investir ou non dans des centrales de troisième génération EPR, son Pdg a néanmoins déclaré que son groupe n’était « pas du tout intéressé par prendre une part » dans le capital du groupe nucléaire Areva, en cas de refonte de ce dernier.
Siemens France a pour sa part précisé vendredi que le groupe allemand était prêt à investir plusieurs milliards d’euros, et ce notamment dans son partenaire Areva.
Pour rappel, la direction du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a apporté jeudi soir « un démenti formel » aux informations selon lesquelles ce dernier serait prêt à vendre 30% de ses actions dans Areva.
– Suez pas intéressé par Areva
Le groupe d’énergie et d’environnement Suez n’est « pas du tout intéressé par prendre une part » dans le capital du groupe nucléaire Areva, en cas de refonte de ce dernier, a indiqué vendredi le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, lors d’une conférence de presse.
« Nous ne sommes pas un fabricant » de réacteurs nucléaires, a expliqué le patron de Suez. « Ca ne nous intéresse pas de construire pour construire. On veut investir dans des centrales et avoir de l’électricité à commercialiser », a-t-il souligné.
M. Rorive, directeur central des activités nucléaires du groupe, a mis en avant la volonté de Suez d’être « indépendant » des fournisseurs des réacteurs en indiquant que la moitié de son parc de réacteurs avait été construite par Areva et l’autre moitié par Westinghouse. Toutefois, M. Mestrallet a souligné: « à chaque fois que nous le pouvons, nous préférons l’EPR » que Suez « connaît beaucoup mieux » pour avoir « longtemps travaillé avec Areva ».
L’Elysée étudie plusieurs schémas de refonte d’Areva, dont un rapprochement avec le groupe industriel privé Alstom, qui impliquerait d’ouvrir davantage son capital, actuellement public à près de 85%, dont 79% appartenant au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et 5,2% à l’Etat. Il est déjà ouvert à 4%, avec des actions sans droit de vote cotées à la Bourse de Paris. Jeudi, la direction du CEA a apporté « un démenti formel » aux informations selon lesquelles celui-ci serait prêt à vendre 30% de ses actions dans Areva.
– Suez : de solides ambitions dans le secteur nucléaire
M. Mestrallet a redit que d’ici 2020 Suez souhaitait être co-propriétaire et exploitant de centrales nucléaires de troisième génération, et qu’une décision serait prise sur le lieu de l’investissement « après la fusion » de Suez avec Gaz de France, prévue au cours du premier semestre 2008.
« Nous avons la ferme intention de participer activement au renouveau du nucléaire, que nous sentons émerger un peu partout dans le monde », a déclaré Gérard Mestrallet, P-DG de Suez, lors de la présentation à la presse des activités nucléaires du groupe. « Notre ambition c’est de détenir et d’exploiter d’ici 2020 en Europe une ou plusieurs centrales EPR, de 3e génération, dans les pays où ce sera à la fois possible et souhaitable. Actuellement, nous sommes dans des phases de réflexion et d’analyse des opportunités. La décision sera prise probablement en 2009 », a-t-il ajouté.
Le nucléaire représente actuellement 22,8% de la production d’énergie de Suez, au troisième rang derrière les turbines gaz-vapeur (près de 26%) et les centrales thermiques classiques (24,4%), alors que les énergies renouvelables avoisinent 11%.
Le groupe – qui exploite via sa filiale Electrabel sept centrales nucléaires en Belgique d’une capacité totale de 5.800 mégawatts (MW), ainsi que des tranches nucléaires en France pour 1.200 MW -entend maintenir la part relative du nucléaire dans sa production d’énergie, appelée à progresser en valeur absolue. « Notre souhait, c’est de maintenir la part actuelle du nucléaire dans le portefeuille de Suez – même si nous avons l’ambition d’étendre notre position installée – pour garder ce mix équilibré », a observé Gérard Mestrallet.
Parmi les pays qui intéressent Suez hors Europe, Paul Rorive a cité les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Des pays qui n’ont pas encore investi dans le nucléaire civil, comme le Qatar ou les Emirats arabes unis, ont fait part récemment de leur intérêt pour ce type d’énergie. « Ce qui est clair c’est que les pays qui n’ont pas aujourd’hui d’activité nucléaire chez eux ne peuvent pas se contenter de se tourner vers des fabricants : ils ont besoin d’avoir des exploitants, c’est donc très clairement un créneau pour nous », a souligné Gérard Mestrallet.
En Europe, il a indiqué qu’au Royaume-Uni Suez soutenait la pré-qualification de deux réacteurs, l’EPR d’Areva et l’AP1000 de l’américain Westinghouse, et a évoqué une coopération possible avec British Energy.
En Europe de l’Est, Suez est également en lice pour fournir et exploiter respectivement en Roumanie et en Bulgarie le réacteur canadien Candu 6 du groupe Atomic Energy of Canada Limited (AECL) et le réacteur russe VVER-1000.
En Chine, où Suez est très présent dans le traitement des eaux et des déchets, le groupe n’entend pas investir dans des centrales nucléaires, dans la mesure où il lui serait impossible de commercialiser lui-même l’électricité. De ce fait, il ne prévoit pas d’annoncer des contrats dans l’énergie lors de la visite de Nicolas Sarkozy en Chine la semaine prochaine. Areva pourrait en revanche finaliser à cette occasion le contrat pour fournir deux réacteurs EPR à Pékin.
– Siemens prêt à investir en masse dans Areva
Siemens, qui détient déjà 34% de la filiale réacteurs du groupe public français (Areva NP), est « prêt à monter plus haut dans Areva NP. S’il faut dépenser quelques milliards d’euros, on est capable de le faire », déclare Philippe Carli, président de Siemens France dans le quotidien Les Echos paru vendredi.
Interrogé vendredi, un porte-parole de Siemens France a confirmé les propos de M. Carli en précisant toutefois que la capacité d’investissement du groupe de « quelques milliards d’euros » ne visait pas exclusivement Areva.
Quant à la possibilité de prendre une part dans le capital du groupe Areva lui-même, M. Carli répond qu' »il ne s’agit pas de notre scénario privilégié et surtout, nous le ferions en tant qu’investisseur industriel et non financier ». Il exclut d’autre part la possibilité de cohabiter avec le groupe industriel français Alstom au sein du capital d’Areva car « cela se heurterait très probablement à des problèmes de concurrence », selon lui.
La France menace de remettre en cause le partenariat Siemens-Areva en cas d’abandon du nucléaire civil en Allemagne.
Sources : AFP, Reuters
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Le contrat qu’Areva signerait en Chine sera libellé en euros (source proche)
PARIS, 23 nov 2007 (AFP)
Le contrat de deux réacteurs nucléaires EPR qu’Areva pourrait signer en Chine lundi serait « libellé en euros », a-t-on appris vendredi de source proche du dossier, confirmant une information du quotidien français Le Figaro.
Signer ce contrat en euros avantagerait le groupe nucléaire français alors que la monnaie européenne est très forte par rapport au dollar et à la monnaie chinoise, le yuan.
Vendredi, l’euro a frôlé le seuil de 1,50 dollar.
Le montant de la commande s’élèverait à « au moins 5 milliards d’euros », a-t-on précisé de même source, alors que Le Figaro évoque 7 milliards d’euros.
La construction d’un EPR complet coûte actuellement entre 3 et 4 milliards d’euros, selon les spécialistes du secteur.
Le contrat porte sur deux réacteurs de troisième génération, sur les services liés au combustible uranium qui servira à les faire fonctionner, et sur une société d’ingénierie commune, et pourrait être signé lundi lors d’une visite en Chine du président français Nicolas Sarkozy.
Lors de ce déplacement, M. Sarkozy devrait encore demander à Pékin de laisser sa monnaie, le yuan, se réévaluer.
La Chine est régulièrement accusée tant par les Etats-Unis que les Européens de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations.
2007 AFP
Total intéressé par une participation dans Areva.
PEKIN, 25 novembre (Reuters) – Le pétrolier Total n’exclut pas de prendre une participation dans le groupe Areva spécialisé dans le nucléaire, en cas de privatisation, a déclaré dimanche Christophe De Margerie.
Prié de dire si Total pourrait être intéressé par une prise de participation dans Areva le moment venu, Christophe de Margerie a répondu : « Peut-être »
Il a toutefois ajouté : « Ce qui nous intéresse surtout est de faire des investissements comme opérateur plutôt que faire des investissements financiers minoritaires ».
Le patron du pétrolier français s’exprimait lors d’un dîner à Pékin auquel participait également son homologue d’Areva, Anne Lauvergeon, qui doit signer un important contrat en Chine lundi.
Prié de dire si avec un baril de pétrole à près de 100 dollars, un investissement dans l’énergie nucléaire devenait intéressant, Christophe de Margerie s’est tourné vers Anne Lauvergeon, qui avait dit que c’était intéressant à 18 dollars, donc à 100 dollars : « Je suis d’accord », a-t-il dit.
J’allais en faire un article 🙂