Cours du pétrole : un bond de 2 $, le record est proche !

OilonwaterLes prix du pétrole ont fait un bond de près de deux dollars jeudi à New York, se rapprochant nettement de leur record historique. La publication d’une baisse surprise des réserves américaines de brut est en majeure partie à l’origine de la nouvelle flambée.

Un rapport de l’AIE a pu également contribuer à ce nouveau mouvement des marchés. Les tensions entre la Turquie et partie kurde de l’Irak pourraient également faire évoluer les cours.

Nouvelle flambée du brut

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en novembre a pris 1,78 dollar à 83,08 dollars à la clôture. Il est monté en séance jusqu’à 83,67 dollars, à quelques cents de son record historique de 84,10 dollars, atteint le 20 septembre.

Sur l’Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a progressé de 1,55 dollar à 80,15 dollars. Il est monté jusqu’à 80,68 dollars, alors que son record historique se situe à 81,05 dollars.

– Net recul des stocks de brut

Les prix du brut ont nettement progressé après la publication de l’état des réserves pétrolières américaines, lequel a ravivé les inquiétudes sur une insuffisance de l’offre pétrolière cet hiver. Le Département américain à l’Energie (DoE) a fait état d’un recul de 1,7 million de barils des stocks de brut sur la semaine achevée le 5 octobre alors qu’au contraire les marchés s’attendaient à une hausse.

Les réserves de produits distillés (gazole et fioul de chauffage) ont faibli de 600.000 barils, conformément aux attentes, mais ce recul inquiéte toutefois pour les opérateurs, alors que l’hiver approche dans l’hémisphère nord.

Ces chiffres ont d’ailleurs poussé les prix du fioul de chauffage à de nouveaux records. Le contrat pour livraison en novembre est monté jusqu’à 2,2711 dollars le gallon. Mardi, le DoE avait déjà affirmé, dans un rapport, que la facture énergétique des ménages américains allait augmenter cet hiver par rapport à l’an passé, surtout pour ceux utilisant le chauffage au fioul domestique. Les réserves d’essence, de leur côté, se sont reconstituées la semaine dernière de 1,7 million de barils à 193,0 millions de barils, tandis que les analystes prévoyaient au contraire un recul de 375.000 barils.

Certains analystes affirment toutefois que la réaction des marchés s’est montrée quelque peu impulsive, l’effet étant certes immédiat mais pas forcément durable, soulignant que le mouvement n’est pas forcément justifié par des tendances profondes.

– Le marché attentif sur l’état des relations Turquie/Irak (partie kurde) –

Le marché reste vigilant sur plusieurs sources de tensions géopolitiques, notamment celles entre la Turquie et la partie kurde de l’Irak, qui augmentent les peurs de l’éclatement d’un conflit entre ces deux pays. Un policier a été tué et sept autres personnes ont été blessées mercredi dans l’explosion d’un véhicule de police, dans le sud-est de la Turquie, selon des responsables de la police. Les autorités pensent que l’attentat, qui n’a pas été revendiqué, a été commis par les rebelles séparatistes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).

Les tensions sont fortes actuellement en Turquie, où le gouvernement envisage d’autoriser une incursion militaire dans le Nord kurde de l’Irak, qui sert de base à des rebelles kurdes turcs, après la mort, cette semaine, d’une quinzaine de militaires turcs tués par les séparatistes.

Le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana a mis en garde la Turquie jeudi contre une éventuelle incursion militaire dans le nord de l’Irak pour y pourchasser les rebelles kurdes. « Ce qui risque de compliquer un peu plus la situation en Irak dans le domaine de la sécurité n’est pas bienvenu, voilà le message que nous adressons à nos amis turcs », a dit Solana à la presse à Bruxelles.

A Ankara, un député du parti AKP au pouvoir a déclaré jeudi que le gouvernement turc solliciterait dans quelques jours l’autorisation du parlement pour une opération militaire contre les rebelles du PKK dans le nord de l’Irak. La résolution pourrait être transmise au parlement après les congés de Bayram qui marquent la fin du ramadan, du 12 au 14 octobre.

Des analystes politiques jugent improbable une opération d’envergure, compte tenu de l’opposition des Etats-Unis, mais de fortes pressions sont exercées sur le Premier ministre Tayyip Erdogan pour qu’il agisse après une série d’attaques meurtrières lancées par les rebelles contre les forces de sécurité turques.

La commission européenne doit publier le mois prochain un rapport sur l’état des négociations d’adhésion ouvertes il y a deux ans avec Ankara. Une intervention militaire en Irak renforcerait la main de ceux qui, au sein de l’UE, s’opposent à l’entrée de la Turquie. Ankara affirme que 3.000 séparatistes kurdes du PKK sont basés dans le nord de l’Irak, où la communauté kurde bénéficie d’une quasi-autonomie.

– Rapport de l’AIE –

Dans son rapport mensuel, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) a pour sa part souligné la précarité de l’approvisionnement dans les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). « Les dernières données de l’OCDE montrent que les stocks de produits pétroliers sont passés sous leur moyenne des cinq dernières années en termes de jours de consommation », a expliqué l’AIE.

L’AIE a également avancé qu’il était trop tôt pour estimer exactement les conséquences de la récente crise financière sur la demande pétrolière mondiale. L’hypothèse d’une baisse de la demande due à un ralentissement économique mondial reste à vérifier, de l’avis de l’Agence. L’AIE a ainsi maintenu inchangées ses prévisions de demande mondiale de pétrole fixées à 85,9 millions de barils par jour (mbj) pour 2007 et à 88 mbj pour 2008. L’Agence note par ailleurs que l’offre mondiale a augmenté de 415.000 barils par jour en septembre pour atteindre 85,1 mbj, grâce à une hausse de la production en Amérique du Nord, en Chine et dans les pays membres de l’Opep.

En septembre, la production de l’Opep a augmenté de 245.000 barils pour atteindre 30,7 mbj, principalement grâce à l’Irak. De plus, les dix pays (sur douze) du cartel soumis au système des quotas ont décidé le mois dernier d’augmenter leur production d’un demi-million de barils à partir du premier novembre à 27,2 mbj.

L’AIE a revu légèrement à la baisse son évaluation de ce que l’Opep devrait selon elle mettre sur le marché pour répondre à la demande (« call on Opec ») au troisième trimestre à 31,2 mbj, mais la relève à 32,5 mbj au quatrième trimestre, soit 1,8 mbj de plus qu’actuellement.

La production hors Opep est revue à la hausse de 155.000 barils par jour pour 2007 à 50,2 mbj et d’une même ampleur pour 2008 à 51,2 mbj, grâce à une hausse de la production des pays de l’ex Union soviétique, le Brésil et les biocarburants. La capacité de production excédentaire du cartel est elle toujours évaluée par l’AIE à 2,7 mbj.

Source : AFP, Reuters

(5 commentaires)

  1. Irak: le gouvernement kurde met en garde Ankara contre un recours à la force
    SOULEIMANIYEH (Irak) – Le gouvernement autonome kurde d’Irak a mis en garde jeudi contre un recours à la force par Ankara pour faire cesser les agissements à partir du nord de l’Irak de groupes rebelles turcs.
    « Le recours à une action militaire ne peut pas aider à résoudre la question de la sécurité à notre frontière », a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement régional Jamal Abdallah. « Il doit y avoir d’autres moyens de régler ce problème parce que c’est aussi le nôtre ».
    Le gouvernement turc envisage une incursion militaire dans les régions du nord de l’Irak, utilisées selon lui comme base arrière par des milliers de rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour lancer des opérations dans le sud-est de la Turquie. Il va demander formellement lundi le feu vert du Parlement pour une telle intervention.
    « Les menaces turques ne sont pas nouvelles pour nous », a expliqué à l’AFP Samane Shali, le président du Congrès National Kurde d’Amérique du Nord, une organisation qui représente les Kurdes qui vivent aux Etats-Unis.
    « Nous pensons que ces menaces ne visent pas seulement le PKK, mais aussi le nord de l’Irak », a poursuivi M. Shali, qui est en visite au Kurdistan. Il a appelé le gouvernement de Bagdad et notamment le ministère de la défense à empêcher l’armée turque d’entrer sur le territoire irakien.
    Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne, a lancé en 1984 une lutte armée indépendantiste en Turquie qui a fait plus de 37.000 morts depuis.
    La menace du gouvernement turc d’une opération transfrontalière a été condamnée par Washington, à la fois soutien indéfectible des responsables kurdes d’Irak et allié de la Turquie, pays clef de l’OTAN. Le gouvernement central de Bagdad a aussi mis en garde contre une telle opération.
    « Nous réitérons notre position claire et officielle qui est de n’autoriser des groupes hostiles à aucun de nos voisins d’utiliser le Kurdistan pour lancer des opérations », a encore déclaré le porte-parole du gouvernement autonome kurde irakien.
    Ankara soupçonne les Kurdes irakiens de tolérer ou de soutenir les rebelles kurdes turcs du PKK.
    Ebranlé par la mort de quinze soldats tués récemment par les séparatistes kurdes dans la province de Sirnak, dans le sud-est de la Turquie, le gouvernement turc a décidé mardi d’agiter la menace d’une opération transfrontalière en Irak contre les bases du PKK.
    Fin septembre, 12 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées lors du mitraillage d’un minibus par les rebelles également à Sirnak.
    L’ambassadeur d’Irak en Turquie, Sabah Omran, cité jeudi par la presse irakienne, a souligné qu’une intervention turque en Irak serait illégale.
    « Il n’y a pas de fondements légaux à la campagne militaire que la Turquie aimerait lancer contre l’Irak », a déclaré M. Omran lors d’un colloque à Ankara. « Si la Turquie entre en Irak, ce sera une violation de l’intégrité et de la souveraineté de l’Irak ».
    Fin septembre, la Turquie et l’Irak ont signé un accord de coopération qui prévoit d' »empêcher les activités d’organisations terroristes, principalement celle du PKK ».
    (AFP / 11 octobre 2007 14h32)

  2. Le marché cyclothymique du pétrole est passé, depuis quelques mois dans une phase pessimiste.
    Après une période déprimée allant de Katrina (Juil 2005) au conflit libanais (Juil 2006), on a connu une année d’euphorie, avec un plus bas à 50$/bl en Janvier 2007, apothéose d’optimisme en raison d’un hiver très tardif.Le WTI était même passé derrière le BRENT.
    Mais depuis, avec la baisse des stocks à Cushing, les cyclones du Golfe du Mexique et si on oublie le hoquet de l’effet subprime, on est repassé dans une phase de déprime. La moindre nouvelle est prétexte à hausse des cours. Le Marché a compris que la fin des beaux jours était très proche. Les réserves de l’OPEP de 2,7 mbl/d ce n’est que deux ans de croissance de la demande mondiale. Les productions des non OPEP, plombées par la déplétion des productions américaines et de la Mer du Nord, seront au mieux étales dans les années à venir.
    Alors le marché, après une période de stimulation de l’offre par la montée des cours (2002-2009 ou 2010) devra affronter une période de REDUCTION de la DEMANDE par accroissement des cours. On passera d’un accroissement moyen des cours de 8$/an à des pentes beaucoup plus abruptes. La pénurie encore virtuelle, sera alors réelle.
    Une retombée positive: les ersatz liquides des produits pétroliers obtenus à partir du gaz, du charbon et de cellulose deviendront hautement compétitifs. On assistera à une diversification des sources d’ersatz d’essence, de gasoil ou de kérosène NON SUBVENTIONNEES.

  3. « La pénurie encore virtuelle, sera alors réelle. » : oui
    et l’OPEP en « attendant » tente d’integrer de nouveaux membres ou anciens tel l’Equateur

  4. Le baril de brut atteint 85 dollars à New York, record absolu
    LONDRES – Le baril de pétrole brut a atteint 85 dollars le baril à New York lors des échanges électroniques en milieu de journée **** le marché s’inquiétant de tensions à la frontière entre la Turquie et l’Irak *** alors que l’offre est déjà extrêmement tendue à l’approche de l’hiver.
    Il a touché 85,19 dollars.

Les commentaires sont fermés.