Les îles Marshall roulent à la noix de coco

Noix_coco_marshall A force, on aura presque tout essayé …

Après les algues, les déchets organiques, c’est désormais au tour de la noix de coco, d’être testée comme nouvel agri-carburant.

Premier avantage : les voitures chatouillent désormais nos narines d’odeurs loin d’être désagréables …

« Ca sent bon. Vous pouvez mettre votre nez au dessus des gaz d’échappement », recommande même Witon Barry directeur adjoint de Tobolar Copra une usine spécialisée dans la production d’huile de coco à Majuro, un atoll des îles Marshall dans le Pacifique.

La noix de coco, l’un des principaux produits d’exportation de la région, y est expérimenté comme carburant de substitution pour les moteurs, les groupes électrogènes ou les bateaux.

« L’idée remonte à Rudolf Diesel. Il avait mis au point un moteur à combustion qui tournait à l’huile de cacahuète », explique Jerry Kramer le PDG de la société Pacific International, pionnière aux Marshall dans l’utilisation de carburant écologique.

Quand il inventa le moteur qui porte son nom, en 1891, Rudolf Diesel l’avait conçu pour un bio-carburant. Son invention fonctionnait alors à l’huile de lin. Ecologiste convaincu, l’une de ces motivations était de trouver un meilleur système que les machines à vapeur fonctionnant au charbon, qui polluaient énormément.

En 1900, à la demande du gouvernement français, la société OTTO présente lors de l’exposition universelle de Paris un moteur fonctionnant à l’huile d’arachide. En 1910, Rudolf Diesel y présente son invention. Déjà à cette époque, il déclare que le moteur diesel peut être alimenté avec des huiles végétales et aiderait considérablement dans le développement des pays qui l’utiliseraient. « L’utilisation d’huiles végétales pour les moteurs peut sembler insignifiante maintenant mais ces huiles deviendront bientôt aussi importantes que le pétrole et le goudron de charbon » prédisait-il avec quasiment un siècle d’avance … et avant l’établissement des lobbies pétroliers…

Désormais .. le prix de l’huile de coco a flambé à 1.000 dollars la tonne, contre 550 dollars il y a encore quelques années. Ce qui ne devrait pas arranger les choses, à terme …

« Il existe une forte demande pour les huiles végétales, elle est énorme en provenance des Etats-Unis et de l’Europe », remarque Jan Cloin conseiller énergétique auprès du Secrétariat de la commission de géosciences appliquées des îles du Pacifique (SOPAC) basée à Suva, la capitale des Fidji.

Si la plupart de la production de l’usine Tolobar Copra est aujourd’hui destinée à l’exportation, la société de M. Kramer ambitionne d’étendre à domicile les applications de l’huile pour alimenter en électricité les îles les plus reculées de la zone.

La flambée des cours du pétrole frappe de plein fouet les petites îles du Pacifique en raison de l’éclatement de leur géographie, de leur dépendance vis-à-vis des importations et de l’utilisation massive de groupes électrogènes pour l’approvisionnement en énergie.

Jusque-là, les essais sur des véhicules se sont avérés assez concluants: « certains de nos camions roulent à l’huile de coco depuis des années et on n’a pas eu un seul problème depuis quatre ou cinq ans », fait valoir M. Kramer.

Tony Deamer, un entrepreneur australien établi au Vanuatu voisin, s’est lancé pour sa part dans la vente et la location de véhicules verts fonctionnant à base d’un mélange: 80% de coco, 20% de carburant traditionnel. Ses expérimentations avec des groupes électrogènes sont prometteuses. La compagnie électrique Unelco a déjà recours au mélange pour faire tourner un générateur de 4 mégawatts. Et la proportion d’huile de coco est progressivement augmentée.

Mais des obstacles demeurent, comme le manque de tolérance à l’huile pure des nouveaux moteurs diesel vendus sur le marché. L’huile de coco est en effet épaisse. Non traitée elle contient beaucoup d’impuretés. De plus, elle se solidifie sous les 25 degrés, températures extrêmement basses sous ses latitudes…

Sources : AFP, Club ER, Québec, Canada

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