Le dernier chiffre de production industrielle en Inde témoigne d’un atterrissage en douceur de l’économie. En juillet, la production industrielle a crû de 7.1% par rapport au même mois de l’année précédente, alors que le secteur a régulièrement enregistré des taux de croissance supérieurs à 10% au cours des dernières années. L’industrie représente un quart de l’activité en Inde, et son ralentissement, dû à l’effet conjugué de la hausse des taux d’intérêts et de l’appréciation du change, pourrait ralentir la croissance du PIB à un niveau proche de 8.5%, contre plus de 9% lors des deux dernières années.
L’industrie représente un enjeu important dans la mesure où le pays a connu un processus de développement particulier centré sur le secteur des services, lequel présente l’inconvénient de créer relativement peu d’emplois. Or, les facteurs démographiques impliquent que la population en âge de travailler va croître fortement au cours des prochaines décennies. Par ailleurs, le développement économique verra la part de l’emploi agricole diminuer, alors que celui-ci représente encore plus de 50% de l’emploi total. Seule l’industrie est en mesure d’absorber une main d’oeuvre dont les qualifications se distinguent nettement de celles des ingénieurs informaticiens et banquiers d’affaires diplômés des prestigieux instituts de technologie et de management. Ces derniers, employés dans les secteurs de l’informatique et de la finance, représentent une exception dans un pays de plus d’un milliard d’habitants où la pauvreté continue d’affecter la majorité.
L’atterrissage en douceur de l’économie relève d’une stratégie de la Reserve Bank of India et du gouvernement dont l’objectif est d’une part de maintenir l’inflation en dessous de 5% et d’autre part de limiter l’accroissement des inégalités qui sont coûteuses sur le plan électoral. En effet, la croissance de ces dernières années a eu lieu dans les régions relativement plus riches et a surtout bénéficié aux catégories de population les plus éduquées. Les performances récentes témoignent néanmoins d’un dynamisme extraordinaire qui a permis l’accroissement de la classe moyenne, dont la taille est estimée à près de 300 millions d’habitants. Les perspectives, qui tablent sur une croissance supérieure à 8% dans le moyen terme, permettront d’approfondir ce mouvement dont l’ampleur n’a pas échappé aux géants de la distribution Tesco et Wal-Mart.
« dont l’ampleur n’a pas échappé aux géants de la distribution Tesco et Wal-Mart »
Dommage pour tous ces indiens qui vivent du commerce de proximité. Mais bon restons optimistes, c’est pas demain que Wal-Mart quadrillera toute la fédération !
Si je comprends bien, c’est la croissance qui est en baisse et non la valeur absolue. Ou bien, alors, il y a un vrai problème.
C’est tout à fait juste, c’est la croissance qui est en baisse. J’ai légèrement modifié le titre pour éviter la confusion. L’impact sur le commerce de proximité a été un vrai sujet de négociation avec l’aile gauche de la coalition au pouvoir. Le compromis a été graduel et l’entrée de Tesco et de Wal-Mart s’est faite en joint-venture avec Hindustan et Bharti. Ce qui est sûr c’est qu’il y a des gagnants et des perdants dans ce genre de choses. Les perdants sont les petits commercants de proximité qui vont devoir fermer boutique. Mais les gagnants sont potentiellement nombreux. D’un côté il y a les consommateurs qui ont désormais accès à plus de variétés de produits à un prix plus faible. De l’autre côté la distribution va générer une quantité d’emplois formels non négligeable. Comme toujours, le problème est que les gagnants et les perdants ne sont pas les mêmes. La classe moyenne désireuse de consommer est la grande bénéficiaire de l’ouverture des hypermarchés. En revanche, ceux qui devront fermer boutique ne sont pas en position très favorable pour retrouver un emploi en raison de leur manque de qualifications. Enfin, il y a aussi une approche culturelle à la question, car l’entrée des mastodontes de la distribution atteste aussi d’une évolution de la société qui laisse derrière certains modes traditionnels d’accès aux biens.