Notre Président Nicolas Sarkosy vient d’écrire une lettre (publique) à Angela Merkel au sujet de la crise dite des subprimes. Intéressons-nous plutôt à la forme qu’au contenu. Pourquoi ? Parce qu’objectivement un Président de la République française n’a presque plus d’influence sur les grandes banques internationales que sont devenues la BNP (directement mise en cause ces jours-ci), le Crédit Lyonnais et les autres, et que j’ai trouvé qu’il n’y faisait qu’enfoncer des portes ouvertes. Le quidam, lui, n’a rien compris tellement le problème était technique. Passons, et revenons sur la forme.
Posons quelques jalons susceptibles de nous éclairer. Le format choisi tout d’abord : il s’agit d’une lettre, nous l’avons dit. Certes, Nicolas Sarkosy et toute sa petite famille recomposée sont toujours en villégiature à Wolfeboro, mais une simple conférence de presse aurait suffit. Le problème, c’est qu’à part les photographes de Paris Match, bien peu de journalistes ont suivi notre Président sur place. Sans doute à cause des frais de déplacement, et puis que voulez-vous, tout le monde a le droit à des vacances d’été, même un journaliste politique du Fig !
La lettre s’imposait donc. Ca fait « message historique », et puis c’est un genre littéraire adopté par nos plus grandes figures culturelles et historiques, comme Sénèque, Montesquieu, Voltaire et Mme de Sévigné. Les mémoires, ça sera pour plus tard : Chirac commencerait à peine les siennes d’après la rumeur…
Certaines mauvais langues diraient que le Général n’avait pas besoin de faire des lettres, qu’il lui suffisait de faire un discours à la radio pour que toute la presse le retranscrive in extenso dans les journaux. Autres temps, certes.
Le destinataire maintenant : il fallait écrire à une figure internationale reconnue (à lui-même c’était impossible bien sûr), la brillantissime chancelière de l’Allemagne. A qui d’autre aurait-il pu écrire. Bush ? Eh bien tiens justement, il a justement reçu à dîner Nicolas Sarkosy et toute sa petite famille (enfin, ceux qui ne se sont pas fait porter pâle comme d’hab). C’eût été présompteux et un peu déplacé : après tout, c’est une fois de plus l’Amérique et des dérives économiques qui sont à l’origine de la crise. Le président de la BCE ? Ah non, Jean-Claude Trichet n’est pas tout à fait dans la ligne sarkosienne et il ne s’est pas caché de le dire haut et fort, c’est le moins qu’on puisse dire. Cela aurait été donner des leçons de grimaces à un vieux singe en quelque sorte. Trop dangereux.
Il fallait un chef d’état d’un grand pays européen, au sérieux et à la réputation pro-européenne sans faille. Adieu, donc, les italiens, espagnols, polonais et surtout les anglais.
Il ne reste que l’Allemagne. Ca tombe bien, c’est le partenaire historique de la France dans l’Europe (merci De Gaulle), et la presse internationale n’arrête pas d’encenser Angela Merkel, pour ses résultats spectaculaires et sa personnalité. Certes, elle ne partage pas le goût du luxe affiché par la famille présidentielle (elle va faire ses courses chez Aldi : voir la photo ci-contre) mais on lui écrit, on ne va pas dîner chez elle, hein !
En écrivant à Angela Merkel (qui a dû, je pense, être très amusée par cette lettre après une certaine surprise), Nicolas Sarkosy gagne sur beaucoup de points :
– il se positionne en tant qu’interlocuteur privilégié du plus grand chef d’état européen actuel ;
– il donne un signal fort à l’opinion publique française et européenne, en partageant ses inquiétude sur une question d’actualité brûlante, et en donnant sa vision sur les solutions à mettre en place ;
– et il relance l’amitié franco-allemande, un peu au point mort depuis son élection, Angela Merkel étant plus que tiède à son égard, alors que le courant passait très bien avec ce vieux chef gaulois de Chirac.
– et puis, pardonnez-moi, ça fait genre « je travaille pendant mes vacances, certes luxueuses et payées par je ne dirai pas qui ».
Mais ce faisant il fait fi des principaux acteurs concernés. Les banques, la BCE et même l’Autorité des marchés financiers ont dû trouver fort de café qu’on leur donne des leçons publiquement, les plaçant sous la vindicte de l’opinion publique et la plume outrancière des journalistes. Après tout, c’est tout le milieu financier qui est accusé d’opacité, de dissimulation et d’amateurisme. Qu’ils fassent des audits et disent la vérité ! Qu’on renforce les contrôles et punisse les coupables ! Rien que ça…
La copie aux membres du G7 est à mon avis une erreur. Les Américains seront furieux qu’on les mette en cause publiquement et qu’on le leur écrive noir sur blanc en copie. C’est un peu cracher dans la soupe de la part d’un invité, non ? Les Chinois et les Japonais ne participeront pas à une querelle franco-américaine : ils traiteront en sous-main directement avec les américains, et puis ils ont une certaine expérience dans la gestion des crises liées aux junk bonds. Poutine fait du camping en forêt chez lui (voir ci-dessus), et je doute fort qu’il apprécie ce drôle de petit français aussi directif que lui et qui fait un concours de torse nu.
En conclusion, on pourrait penser que Nicolas Sarkosy a voulu effectuer une opération de communication internationale qui avait pour principal objectifde le positionner comme une grande figure politique mondiale. Certes, la tentation était grande, mais le timing un peu en avance. A trop vouloir bien faire…
Car on ne juge un homme politique que sur ses résultats. Et il est encore largement trop tôt pour dire que Nicolas Sarkosy a fait ses preuves.
Il a juste réussi à attirer l’attention médiatique sur lui, ce qui n’est pas très difficile de nos jours.
En illustration : (tant qu’on a) La santé !
Nous avons pu nous procurer un extrait de la lettre:
« vends tout ton countrywide, achète des diamants et envoie-les à Jersey par pigeon voyageur. »
Excellent article/analyse tant sur le fond que sur la forme…rien à retirer, merci
Hou le méchant qui a repiqué mon image favorite! 🙂 Très bon texte, comme toujours!
Genial , et ce d’autant plus que c’est écrit par un vacancier 🙂
mais attends ,la belle a deja répondu qu’en fait , il a pompé … et en +, ses propres idées 🙂
Avant de retrtouver les propros de merkel … j’ai tout de même retrouvé cela … :
Berlin espère un code de conduite des hedge funds « dans les prochains mois »
AFP 18.05.07 | 13h45
Un accord pour la création d’un code de bonne conduite des fonds spéculatifs pourrait intervenir « dans les prochains mois », a estimé le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück vendredi.
« Je pense que c’est possible. Un accord n’est toutefois pas possible dans les semaines à venir ou dans les 24 heures, mais dans les prochains mois », a-t-il déclaré avant une réunion des ministres des Finances du G8, qui se retrouvent vendredi et samedi à Potsdam.
Le sujet est à l’agenda des réunions du forum du G7/G8 seulement depuis la rencontre de Essen (ouest) en février, a-t-il justifié.
Personne ne peut attendre qu’un tel code de conduite soit adopté dès le sommet annuel de Heiligendamm, station balnéaire allemande où se réuniront les chefs d’Etat et de gouvernement du forum (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie), a-t-il dit.
L’Allemagne a fait d’un meilleur contrôle des hedge funds l’un de ses chevaux de bataille mais se heurte aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, qui abritent nombre de ces investisseurs et sont hostiles à tout interventionnisme en la matière.
Les positions des Etats-Unis et des pays européens sur la régulation de ces fonds ne sont pas très éloignées, a toutefois estimé récemment le sous-secrétaire américain au Trésor chargé des affaires internationales Clay Lowery, en référence à la discussion sur le sujet entre les ministres des Finances des pays de l’Union européenne le 8 mai à Bruxelles.
Ceux-ci avaient souhaité que les fonds spéculatifs mettent en place d’ici la fin de l’année un code de bonne conduite pour améliorer la transparence de leurs opérations et la sécurité des investisseurs et des marchés financiers. Très opaques, les fonds spéculatifs (hedge funds, placements à risques très rentables à court terme) comptent actuellement, selon les estimations moyennes, quelque 9.000 entités gérant 1.400 milliards de dollars.
Ils suscitent, en raison de leur poids croissant, des inquiétudes pour l’équilibre du système financier mondial.
Mais elle disait quoi cette lettre au juste ?
comme vous êtes sympas 🙂
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PARIS (AP) – Nicolas Sarkozy formule des propositions pour améliorer la transparence des marchés financiers face à la crise qui affecte les bourses mondiales dans une lettre à la chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice du G7. « Je suis convaincu que ces mouvements de marché ne sauraient affecter durablement la croissance de nos économies, qui est robuste. Pour autant, et tout en restant extrêmement attentifs aux évolutions de la situation, il me paraît de notre responsabilité de chefs d’Etat et de gouvernement de tirer dès à présent les conséquences et les enseignements des événements qui affectent les marchés », écrit le président français dans cette lettre adressée mercredi depuis sa villégiature de Wolfeboro (Etats-Unis), et rendue publique jeudi par l’Elysée. « Il me semble en effet essentiel que nous veillions à la transparence du fonctionnement des marchés et à la capacité pour ces derniers de financer de façon efficace et stable l’économie mondiale », ajoute M. Sarkozy.
Le président français suggère que les institutions financières internationales veillent d’abord à la transparence des marchés. Dans sa lettre, il évoque en particulier les opérations de titrisation, qui ont contribué à la contagion aux marchés mondiaux de la crise des crédits immobiliers à risque (subprimes) aux Etats-Unis.
« Chacun constate que les porteurs finaux de ces risques sont très mal identifiés aujourd’hui et que cette méconnaissance est, en elle-même, un facteur d’instabilité: elle peut jeter le doute, souvent à tort, sur la situation financière d’acteurs économiques sans lien direct avec le risque initial.
Il me semble donc utile d’assurer les moyens d’une meilleure connaissance par les acteurs de marché et par les superviseurs des risques auxquels ils sont réellement exposés », explique M. Sarkozy. Le président français souhaite que le G7 se penche par ailleurs sur « le rôle exact que doivent jouer les agences de notation dans la cartographie des risques » ainsi que sur les systèmes d’alerte face à une crise et sur « la diffusion efficace de la liquidité à l’ensemble des acteurs économiques qui peuvent être confrontés aux mouvements soudains affectant les marchés de crédit ».
« Il faut se mettre en mesure d’éviter une contagion injustifiée de tensions locales à l’économie réelle », souligne-t-il. Le président français assure que ses propositions ne visent pas à « rigidifier le financement de nos économies et à brider la croissance mondiale » mais à « faire progresser encore la connaissance que nous avons du fonctionnement des marchés internationaux et la vigilance collective que leur développement et leur importance justifient ».
M. Sarkozy propose à Mme Merkel de demander aux ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés « de porter leur attention sur ces enjeux dans les semaines à venir », en liaison avec les banques centrales, le Forum de stabilité financière et le FMI.
Il suggère qu’un rapport soit soumis par les ministres lors de leur réunion d’octobre prochain à Washington.
AP egp/com/ma
Il a bien pompé … et en plus Merkel … 🙂
Des initiatives prises par la Chancelière allemande dès décembre 2006
La proposition du président français Nicolas Sarkozy de renforcer la transparence des marchés financiers énoncée dans une lettre adressée à Berlin correspond à l’appel lancé par la chancelière Angela Merkel depuis des mois, a affirmé jeudi un porte-parole de la chancellerie. « La lettre reprend des propositions largement discutées lors du sommet du G8 à Heiligendamm sous présidence allemande », a déclaré le porte-parole interrogé par l’AFP. Depuis le début de sa présidence du G7 en janvier 2007, « Angela Merkel a clairement exprimé son engagement pour davantage de transparence sur les marchés financiers internationaux. Le sujet n’est pas nouveau », a-t-il relevé.
Dès décembre 2006, Mme Merkel avait affirmé vouloir faire de la transparence des marchés financiers, en particulier la question des fonds spéculatifs (« hedge-fonds »), une priorité de sa présidence.
Elle appelle depuis à une coopération internationale dans ce domaine mais se heurte aux réticences des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.
Oulah, tous ces compliments me vont droit au coeur… Many thanks.
Pour l’image piquée, je sais : mais elle est si féroce ! Je plaide coupable.
La photo de Poutine est simplement excellente!
Oui, super (aussi !) la photo du Poutine , je ne sais pas ou tu l’as denichée !!
@ msi et Elisabeth : service de presse de V. Poutine. J’ai des relations, hein !
La vache !! 🙂
Il devrait avoir un calendrier des hommes politiques, comme il existe un calendrier du 15 de France. Poutine ferait recette..
Pour revenir à Nicolas, il a l’art.
L’art de ce mettre en valeur, être sur tout les fronts, faire parler de soi.
C’est du grand Sarko.
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