ADP (Aéroport de Paris) en plein envol

Roissy ADP a établi un nouveau plus haut historique jeudi matin.

Le titre demeure porté par des achats spéculatifs d’investisseurs qui tablent tant sur la sortie de l’Etat que sur l’entrée de Vinci.

Le directeur général de Vinci, Xavier Huillard, n’a d’ailleurs pas caché ses ambitions en la matière : « Le jour venu, si cette occasion se présente, nous serons intéressés à être partenaires au sein d’ADP », expliquait dernièrement le dirigeant.

Le titre, dont c’est la troisième séance de hausse consécutive, progresse de 1,15 % à 86,28 euros à 15 H 30, après avoir être monté jusqu’à 89,54 euros, nouveau record, dans les premiers échanges.

Le titre avait bondi de près de 5% mercredi en réaction à une information publiée par le magazine Challenges selon laquelle des banquiers d’affaires valorisaient le groupe aéroportuaire à 95 euros par action en cas de sortie de l’Etat du capital. Pour rappel, l’Etat contrôle actuellement environ 68% du capital d’ADP et une réduction à moins de 50% de sa participation nécessiterait une nouvelle loi.

Certains organismes financiers estiment que l’élection de Nicolas Sarkozy devrait « relancer le désengagement de l’Etat » afin de réduire les tensions sur la dette publique. Selon eux, le nouveau président pourrait privilégier l’entrée de groupes français tels que Vinci afin de constituer des grands acteurs industriels français.

Vinci s’est dit intéressé le 10 mai dernier par une entrée dans le capital d’ADP en cas de privatisation en précisant qu’il n’avait pas forcément vocation à détenir 100% du capital. Certains experts du dossier considèrent que le capital du groupe devrait « logiquement bouger » une fois les échéances législatives passées, alors que les réorganisations internes se poursuivent à grande vitesse au niveau de l’activité « escale » en particulier.

Certains syndicats continuent cependant de s’inquiéter de l’évolution rapide du dossier, concernant en particulier la nouvelle organisation de l’assistance en escale. La direction justifie cet « empressement » par une situation financière « fortement déficitaire » de cette activité qu’elle affirme vouloir maintenir au sein du groupe. Le but est donc de regrouper l’ensemble de ces activités d’assistance en escale dans une filiale unique comportant deux branches, Roissy et Orly. Le management insiste sur le fait que la mise en oeuvre de ce projet repose sur le volontariat et ne prévoit aucun départ contraint.

D’autres intermédiaires estiment cependant hasardeuses les valorisations retenues par le marché pour une éventuelle privatisation de l’opérateur aéroportuaire.

JPMorgan, qui est à « neutre » sur ADP, souligne que le prix de 95 euros suggéré par Challenges impliquerait un multiple valeur d’entreprise/EBITDA 2007 de 16,6 et un PER de 40 fois, des ratios « qui paraissent être bien au-dessus » de ceux payés par l’espagnol Ferrovial pour acquérir le britannique BAA. « Le prix suggéré dans l’article nous paraît totalement irréaliste en l’absence d’une ingénierie financière plus approfondie ou d’une revalorisation significative du portfolio foncier et immobilier du groupe ». HSBC confirme également sa recommandation « sous-pondérer » et son objectif de cours de 59 euros, estimant injustifiée la prime de 51% dont bénéficie actuellement le titre par rapport à ses actifs régulés.

Aéroports de Paris (ADP) a réalisé un chiffre d’affaires de 515,2 millions d’euros au premier trimestre 2007, en hausse de 8,3% sur un an, soit une croissance supérieure à celle du trafic d’ADP sur la période (+6,7%). Les services aéroportuaires, dont ADP tire l’essentiel de ses revenus, ont généré 414,8 millions d’euros sur les trois premiers mois de l’année, en hausse de 4,8%, « grâce au dynamisme du trafic, à l’augmentation des tarifs de redevances (facturées aux compagnies aériennes) et au relèvement de la taxe d’aéroport » depuis le 1er janvier, selon ADP. Les redevances aéronautiques ont augmenté de 5% sur la période mai 2006-fin mars 2007. Elles ont de nouveau augmenté de 4,25% au 1er avril.

Toutes les autres activités du groupe ont enregistré une croissance à deux chiffres au premier trimestre. L’activité escale et prestations annexes s’établit à 43,3 millions d’euros, en hausse de 12,6% par rapport à la même période en 2006, « qui avait été pénalisé par la perte de clients fin 2005 », fait valoir ADP.

A noter également, que selon le syndicat FO, les salaires du PDG, du DG, du directeur des finances, du directeur de l’aménagement et du développement, du directeur de Roissy Charles de Gaule et de celui d’Orly auraient augmenté de 37% entre 2005 et 2006. L’enveloppe de ces 6 rémunérations des représentants du comité exécutif serait ainsi passée de 1 621 000 à 2 223 000

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