Alors qu’on aurait pu penser le contraire, Laurence Parisot, présidente du Medef, a fait état mercredi de convergences avec Ségolène Royal sur la situation économique et sociale de la France tout en notant des divergences sur les moyens à mettre en oeuvre pour l’améliorer.
Pour rappel, Guillaume Sarkozy, frère de Nicolas, a été vice-président du MEDEF, syndicat de chefs d’entreprises jusqu’au 29 août 2005.
Laurence Parisot a rencontré mercredi après-midi Ségolène Royal pour une « réunion de travail » sur les questions de « compétitivité des entreprises », du « dialogue social » et de la « représentativité des syndicats ».
A la sortie du quartier général de campagne la candidate socialiste à l’élection présidentielle, la présidente du Mouvement des entreprises de France s’est déclarée « satisfaite » de cet entretien.
« Sur certains éléments du diagnostic, nous avons une approche qui n’est pas éloignée. Sur les solutions et les remèdes, il peut y avoir un certain nombre de divergences », a déclaré Laurence Parisot à la presse, après une rencontre avec la candidate présidentielle du Parti socialiste.
« Tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a un enjeu de compétitivité fondamental pour les entreprises et pour notre pays », a dit la présidente du Medef.
Notant que Ségolène Royal avait utilisé l’expression « gagnant-gagnant », elle a déclaré « j’ai compris par gagnant-gagnant une approche qui tienne à la fois compte des intérêt des entreprises, des salariés et du pays ».
Les deux femmes ont évoqué les questions du dialogue social et de la représentativité des syndicats. « Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut qu’il y ait des adhésions plus massives aux organisations syndicales et que, pour cela, la bonne solution consiste à donner un véritable rôle aux partenaires sociaux ».
La présidente du MEDEF a également déclaré que Ségolène Royal n’était pas forcément favorable à « plus de lois et de règlements » pour que la France trouve « la clé du succès ».
En ce qui concerne les suppressions d’emplois annoncées chez Airbus, le PDG « Louis Gallois a toujours su rassembler autour de lui la confiance des différents partenaires », a estimé Laurence Parisot. « Je suis certaine qu’il le fera cette fois aussi. Il n’appartient pas aux politiques de se mêler de cette question de stratégie. C’est à l’entreprise de définir la bonne stratégie », a-t-elle jugé.
Ségolène Royal a pour sa part affirmé qu’elle demanderait la suspension du plan de restructuration d’Airbus, qui devrait se traduire par la suppression de 10.000 emplois, en cas de victoire à l’élection présidentielle.
Interrogée sur i-Tele sur ses éventuelles futures décisions dans ce dossier, la candidate socialiste a déclaré : « Je remets à plat l’ensemble de la gestion de l’entreprise, je demande une suspension, un moratoire (sur le plan), je travaille pour qu’il y ait une convergence et un accord avec Angela Merkel ».
Elle a assuré qu’elle discuterait de cette question avec la chancelière allemande lors de sa visite à Berlin le 6 mars. « Je pense qu’il faut que l’Etat remette au pot, mais sur la base d’un projet industriel franco-allemand solide », a-t-elle encore déclaré.
Sources : AFP, AP
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Je suis étonné de votre étonnement sur les convergences entre Royal et Parisot sur le diagnostique de la situation économique et sociale de la France. Royal a gagné les primaires socialistes grâce à une vision très pragmatique des réalités que rencontre notre pays (ce qu’elle appelait le « diagnostique partagé »). Même si les caricatures de ses adversaires politiques peuvent la faire passer pour une rétrograde, Royal est en train d’inventer en France ce qu’on appel communément la social-démocratie, qui place l’équité au dessus de l’égalitarisme et intègre une bonne fois pour toute la notion de libéralisme comme n’étant pas antagoniste de « l’émancipation du genre humain », pilier du socialisme. On le voit bien dans ses discourt, Royal ne s’en prend qu’à ceux qui abusent du système (les « patron voyous », les licenciements ou délocalisations dans les entreprises qui font de gros profits, etc.) et pas au système lui-même. Contrairement à Sarkozy, Royal veut s’attaquer en priorité au chômage de masse et Parisot a répété à plusieurs reprises qu’il était selon elle la clef de la relance économique. Les promesses de baisse de charges de Sarkozy et les incitations à travailler plus pour ceux qui ont déjà un emploi, ne laissent certainement pas insensible le patronat, mais ils ont sûrement conscience qu’à court terme, cela ne peut avoir qu’une d’influence négative sur le chômage.
« »l’émancipation du genre humain », pour avoir suivi le debat de Mme Royal (questions à vous poser), effectivement je la trouve très proche des valeurs humaines qui ont pu permettre de batir des organisations du travail du type compagnonnage.
Aucun terme n’est employé par hasard, et la recherche de l’équilibre est là.