Selon des souces judiciaires espagnoles, la cellule islamiste démantelée mardi à Ceuta se préparait à perpétrer des attentats contre des objectifs tels que des supermarchés.
Ces arrestations interviennent alors que l’Espagne va bientôt juger 29 personnes, en majorité des Marocains, suspectés d’avoir perpétré les attentats à la bombe contre des trains de banlieue dans la gare d’Atocha, à Madrid, le 11 mars 2004 qui avaient fait 191 morts. Leur procès doit débuter en février 2007.
Ce groupe « de tendance salafiste » lié à Al-Qaïda, avait l’intention « de commettre des attentats contre des objectifs matériels », comme des supermarchés, selon le juge de l’Audience nationale Baltasar Garzon, qui centralise à Madrid les dossiers de la lutte antiterroriste. Selon la radio Cadena Ser, les enquêtes du juge Garzon ont également révélé que le groupe préparait des attentats contre des dépôts de carburant appartenant à la compagnie pétrolière espagnole Cepsa. Toujours selon la radio, une au moins des onze personnes arrêtées aurait déclaré avoir eu l’intention de commettre un attentat suicide.
La police espagnole avait interpellé mardi onze personnes, dix Espagnols et un Marocain, dans les milieux islamistes à Ceuta, l’une des deux enclaves espagnoles situées au nord du Maroc. Sous surveillance depuis mai 2005, cette cellule est passée en 2006 de conversations purement doctrinales à des projets d’actions violentes, pouvant mettre en jeu des vies humaines, a précisé le juge.
Le ministre de l’intérieur a déclaré que l’opération avait été menée « en coopération avec les services de renseignement marocains ». Il avait alors expliqué que les personnes appréhendées « n’avaient pas d’objectifs établis » mais qu’elles « envisageaient de passer à l’action ». Le quotidien El Pais a affirmé, début novembre, qu’aux yeux du renseignement espagnol, Ceuta et Melilla étaient devenues des cibles pour le terrorisme islamiste. Depuis le début de l’année, 45 personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme islamiste ont été arrêtées en Espagne.
Le juge Garzon a décidé samedi le maintien en détention provisoire de sept des onze interpellés, considérant qu’ils ont pu commettre « des infractions pénales très graves à caractère terroriste ». Les quatre autres ont été remis en liberté car « rien ne prouve pour le moment leur relation avec le réseau terroriste sur lequel porte l’enquête ».
Parmi les personnes interpellées figurent deux des frères de Hamed Abderrahmane. Ce dernier, baptisé par certains médias le « Taliban espagnol », a été condamné en octobre 2005 à 6 ans de prison pour appartenance à Al Qaïda par la justice espagnole. Les juges avaient alors estimé qu’Abderrahmane avait rejoint les rangs d’Al Qaïda « en pleine connaissance du profil terroriste du groupe ».
Musulman originaire de Ceuta, Abderrahmane avait été arrêté en octobre 2001 au Pakistan, alors qu’il tentait de fuir le pays après les attentats aux USA. Livré aux militaires US en décembre 2001, il avait été emprisonné à Kandahar (Afghanistan) puis transféré sur la base US de Guantanamo, à Cuba, en février 2002. Il y était resté emprisonné jusqu’en février 2004, date de son retour en Espagne. Emprisonné dans un premier temps à Madrid, il avait été libéré sous contrôle judiciaire en juillet 2004. Il a été gracié en 2006, pour faute de preuve.
La presse espagnole qualifie l’arrestation de ces intégristes comme la seconde opération après celle du 10 janvier dernier qui s’est soldée par l’arrestation de 20 islamistes notamment à Barcelone et Madrid. Certains organes de presse espagnols attribuent le déclenchement de cette opération à des informations facilitées par les services secrets marocains. Les activités des intégristes (GICM, Tabligh , Adl wa Ilhssane et certains courants wahhabites) à Cebta et Mellilia sont suivies de très près par Rabat et Madrid.
Le 3 novembre avait eu lieu l’interpellation de deux membres du GICM, un Espanol et un Belge, tous deux d’origine marocaine, pour leur implication dans les attentats terroristes de Casablanca. Trois jours après, c’est au tour de quatre activistes islamistes d’être appréhendés pour falsification de documents en vue d’introduire en Espagne des combattants intégristes.
Sources : AFP, Le Monde, Libération (Maroc), Nouvel Observateur
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