L’Onu appelle l’Erythrée au retrait de la zone tampon

Ethiopie_erytree377_1Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé mardi l’Erythrée à retirer immédiatement ses troupes de la zone tampon le long de la frontière avec son rival éthiopien, qualifiant leur déploiement dans cette zone de violation des accords de paix d’Alger.

Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a pour sa part qualifié mardi le déploiement de 1.500 soldats érythréens dans la zone tampon frontalière des deux pays de « violation claire » du cessez-le-feu mais a assuré que son pays ne répondrait pas à « ces provocations mineures ».

Dans une déclaration à la presse, le président du Conseil, l’ambassadeur du Japon Kenzo Oshima, a précisé que les membres du Conseil étaient « profondément préoccupés » par les informations faisant état du déploiement de quelque 1.500 soldats érythréens et quinze chars dans la zone tampon, acte qu’ils estiment « contraire » aux accords d’Alger.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a également appelé l’Ethiopie à mettre en oeuvre la décision de la commission internationale qui avait délimité la frontière.

Les Etats membres « appellent l’Erythrée à retirer immédiatement ses troupes de la zone tampon, à apporter sa coopération entière à la Mission des Nations unies en Ethiopie et Erythrée (Minuee), en particulier pour préserver les accords de cessez-le-feu en vigueur, et à lever immédiatement les restrictions imposées à la Minuee », a-t-il poursuivi.

Les deux parties sont appelées à faire preuve du « maximum de retenue » et s’abstenir de toute menace ou utilisation de la force l’une contre l’autre.

La Mission de l’ONU en Ethiopie et Erythrée (Minuee) a annoncé lundi qu’Asmara avait déployé environ 1.500 hommes et 14 chars dans la zone de sécurité temporaire (ZST) et s’était emparé d’un poste de contrôle de la Minuee. Les Erythréens n’ont pas démenti la présence de leurs troupes dans la ZST, mais expliqué que ces militaires aidaient les paysans pour les récoltes.

Asmara et Addis Abeba entretiennent des relations très tendues depuis une guerre frontalière qui les a opposés de 1998 à 2000, tuant environ 80.000 personnes.

Les soldats érythréens et éthiopiens ne sont pas autorisés dans la ZST, seuls les Casques bleus peuvent y patrouiller.

Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a qualifié cette opération de « violation claire » du cessez-le-feu mais a assuré que son pays ne répondrait pas à « ces provocations mineures ».

La ZST de 25 km de large tout au long de la frontière des deux pays, qui s’étend sur 1.000 km, a été instituée par l’accord de paix d’Alger, qui a mis fin en 2000 au conflit entre ces deux voisins de la Corne de l’Afrique.

Après quatre mois de négociations menées par l’Erythrée, Moussa Mohamed Ahmed, chef de la rébellion du Front de l’Est, a signé, samedi 14 octobre à Asmara, la capitale érythréenne, un accord de paix avec le pouvoir soudanais en présence du président Omar Al-Bachir, mettant fin à une décennie de guérilla dans la région orientale du Soudan.

Le conflit avait débuté en 1995 lorsque le Beja Congress, parti historique soudanais fondé en 1958, avait pris les armes et mené des actions de guérilla contre le régime soudanais grâce à des bases arrière en Erythrée. Le Beja Congress avait fusionné en février 2005 avec les Rashaida Free Lions, un autre groupe de la région. Ensemble, ils avaient formé le Front de l’Est, et lançaient des attaques sporadiques, notamment, contre les pipelines acheminant le brut des champs pétrolifères du centre du pays vers les terminaux de Port-Soudan.

L’Erythrée très isolé régionalement, en manque d’hydrocarbures, aurait monnayer son soutien en contrepartie de livraisons de pétrole et d’une nouvelle alliance avec Khartoum. Cette dernière pourrait se révéler être des plus précieuses si les tensions avec l’Ethiopie venaient à s’aggraver de nouveau. Le Soudan, de son côté aurait accepté volontiers cette nouvelle position de son voisin qui devrait lui assurer le soutien nécessaire pour gérer le conflit du Darfour.

La plupart des chefs rebelles du Darfour étant en terrains connus à Asmara, l’Erythée est bien placée pour jouer le rôle de médiateur. Asmara travaille à l’organisation d’une conférence de réconciliation des factions rebelles du Darfour, dans le but de les amener à un accord avec Khartoum. En cas de succès, Khartoum verrait justifié son refus d’un déploiement de 20 000 casques bleus prévu par une résolution votée fin août par le Conseil de sécurité des Nations unies.

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Sources : AFP, Le Monde

Un commentaire

  1. L’Erythrée refuse de retirer ses troupes de la zone tampon avec l’Ethiopie
    AFP 18.10.06 | 12h53
    L’Erythrée a rejeté mercredi l’appel de l’ONU qui a demandé le retrait des 1.500 soldats érythréens de la zone tampon le long de la frontière avec l’Ethiopie, estimant qu’ils étaient sur leur territoire, et accusé l’ONU de ne pas imposer de sanctions à l’Ethiopie qui refuse le tracé de la frontière.
    « Il est inacceptable que le Conseil de sécurité de l’ONU fasse un appel qui manque d’ardeur et qui (…) complique la situation », a déclaré à l’AFP le ministre érythréen de l’Information, Ali Abdu.
    « Nous sommes sur notre territoire et c’est notre Etat souverain (…). Nos citoyens sont engagés dans des projets de développement, donc quel est le problème ? », a-t-il ajouté, joint par téléphone à Asmara depuis Nairobi.

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