EADS : turbulence dans l’actionnariat

Turbulenceras89911_1EADS détient désormais en totalité Airbus, après avoir racheté comme prévu la part de 20% détenue par le groupe de défense britannique BAE Systems dans l’avionneur, pour 2,75 milliards d’euros, a annoncé vendredi le groupe européen dans un communiqué.

Russie et Allemagne avancent quant eux leurs pions – prudemment mais sûrement – dans le cadre de leur participation dans le capital d’EADS.

Selon la presse financière britannique, Berlin souhaiterait entrer dans le capital d’EADS mais non au conseil d’administration. L’Etat allemand étudierait le rachat de la participation de 7,5% que veut céder DaimlerChrysler. Une prise de participation directe des Länder, les Etats-régions, est même envisagée.

« EADS a acquis aujourd’hui les 20% des parts de BAE Systems dans Airbus pour une valeur de 2,75 milliards d’euros », indique la maison mère du constructeur aéronautique. Elle ajoute avoir réglé ce montant grâce à des liquidités « provenant de ressources disponibles » dans le groupe. Le montant de la cession a été déterminé par un expert indépendant lors du processus de l’option de vente, lancé en juin 2006 par BAE Systems. Le groupe européen d’aéronautique et de défense « devient dorénavant le seul propriétaire d’Airbus », conclut EADS.

D’après Les Echos, la banque publique russe Vnerchtorgbank, – dont un des directeurs a été assassiné en Russie cette semaine – détiendrait entre 6 et 7% du capital du groupe aéronautique européen. Depuis quelques jours, des rumeurs font état d’une opération boursière russe en vue de « collecter » des titres EADS à la faveur de la baisse du cours de l’action. Pour rappel, la Russie avait déjà pris une participation de 5% dans le constructeur aéronautique fin août. Moscou avait d’ailleurs indiqué en septembre dernier qu’elle envisageait même d’atteindre une minorité de blocage au sein du constructeur. Les Russes n’ont en effet pas caché leur souhait de devenir un actionnaire stratégique d’EADS.

La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé pour sa part jeudi que l’Allemagne était prête à racheter les 7,5% d’EADS que le constructeur automobile DaimlerChrysler veut céder. Selon l’édition de vendredi du Financial Times, le gouvernement allemand serait prêt à monter l’an prochain au capital du groupe européen et de défense EADS via la banque publique KfW, mais ne devrait pas demander de siège supplémentaire au conseil d’administration.

La chancellerie, le ministère des Finances et celui de l’Industrie se sont mis d’accord sur la possibilité d’acheter une part de 7,5% d’EADS détenue actuellement par DaimlerChrysler, mais dont le groupe germano-américain souhaite se débarrasser, pour ne conserver que 15%, selon le quotidien, citant des représentants gouvernementaux. Le maire de Hambourg Ole von Beust a fait jeudi des déclarations en ce sens, nuancées aussitôt par la chancelière Angela Merkel, qui a affirmé que rien n’était décidé.

Berlin ne devrait pas en revanche

(2 commentaires)

  1. Thomas Enders contre des participations d’Etat dans EADS
    AFP 14.10.06 | 14h43
    Le co-président du groupe aéronautique EADS Thomas Enders s’est prononcé contre des participations étatiques directes dans le capital de la compagnie et dit compter sur Daimler-Chrysler, dans une interview que publie samedi le journal autrichien Die Presse.
    « L’hystérie qui règne en ce moment en Allemagne à propos d’EADS et d’Airbus est tout à fait erronée. Nous avons des problèmes réels mais il n’y a pas guerre franco-allemande et ni EADS ni Airbus ne sont au bord de la faillite. Il n’y aucune raison à une entrée de l’Allemagne dans le capital », affirme M. Enders.
    Le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, se déclare également dans une interview à paraître dimanche contre une entrée de Berlin au capital de la maison-mère d’Airbus, EADS, alors que la chancelière Angela Merkel a assuré jeudi que son gouvernement n’avait pas encore pris de décision.
    M. Glos a appelé le groupe germano-américain DaimlerChrysler, qui souhaite se débarrasser d’une part de 7,5% dans EADS où il a 22,5%, à « prendre ses responsabilités ». « Je n’attend rien de bon de participations d’Etat, même de celles que nous avons (NB notamment la France avec 15%).
    Daimler-Chrysler a fait savoir qu’il voulait rester actionnaire à long terme. Avec Lagardère et Daimler-Chrysler, ce sont les propriétaires industriels qui décident donc chez EADS », selon Thomas Enders. Bien que l’entreprise ait une dimension stratégique, les Etats peuvent faire valoir leurs intérêts, comme en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, « sans participations directes », estime encore le co-président allemand d’EADS aux côtés du Français Louis Gallois.

  2. Le co-président d’EADS contre une entrée de l’Etat allemand dans son capital
    PARIS, 19 oct 2006 (AFP)
    Une entrée de l’Etat allemand dans le capital d’EADS constituerait un « retour à l’âge de pierre », a estimé jeudi le co-président exécutif de la maison mère de l’avionneur Airbus, l’Allemand Thomas Enders, dans le Wall Street Journal.
    Les responsables allemands ont envoyé récemment des signaux contradictoires à ce sujet.
    La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué la semaine dernière qu’elle « n’exclut rien » en la matière, alors que le groupe automobile germano-américain DaimlerChrysler, qui possède environ 22,5% d’EADS, pourrait descendre à 15%.
    Les chefs de gouvernements régionaux de Basse-Saxe (nord), de Hesse (ouest), du Bade-Wurtemberg (sud-ouest), de Bavière (sud), mais aussi de Hambourg, où Airbus dispose d’un site important, ont aussi signalé leur intérêt à participer à une telle opération, pour compenser le retrait de DaimlerChrysler.
    Mais le ministre de l’Economie Michael Glos y est opposé et préfère une solution avec des investisseurs privés.
    Les Allemands ne sont actuellement représentés au capital d’EADS que par le biais d’un groupe privé, DaimlerChrysler. L’Etat français en revanche détient directement 15% du capital d’EADS, aux côtés du groupe Lagardère (7,5%).
    Les Allemands tiennent à ne pas être en infériorité face aux Français au capital du groupe d’aéronautique et de défense, au moment où celui-ci traverse une grave crise, à la suite des retards dans la production de l’A380.

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