Les actionnaires des équipementiers en télécommunications français Alcatel et américain Lucent ont approuvé jeudi la fusion des deux groupes, qui crée un géant mondial d’une valeur d’environ 21 milliards d’euros.
Les deux assemblées générales extraordinaires se sont déroulées en même temps, celle de Lucent débutant à Wilmington (USA), dans une atmosphère houleuse, tandis que les actionnaires d’Alcatel, réunis à Paris, ont voté dans le calme.
Ces derniers ont approuvé chacune des 31 résolutions nécessaires à l’approbation de la fusion avec plus de 85% des voix. Le vote s’est réalisé avec un quorum de 40,09%, « un record historique », a souligné le PDG d’Alcatel, Serge Tchuruk.
L’AG extraordinaire du groupe français, qui a commencé vers 17H30 et duré trois quarts d’heure, s’est tenue devant une salle comble d’actionnaires peu enthousiastes mais « résignés », selon le terme « consacré » par les journalistes.
A Wilmington, en revanche, la PDG de Lucent, Patricia Russo, a été chahutée : dès le début de la réunion, une actionnaire l’a interrogée avec virulence, dénonçant un « très mauvais accord, tout à l’avantage d’Alcatel ». « Les actionnaires de Lucent seront relégués au rang d’actionnaires de second plan », a lancé la contestatrice, ajoutant que « les Français vont diriger le tout », sous les applaudissements d’une partie de la salle.
Elle a notamment dénoncé les termes de la parité de l’échange d’action, à l’issue duquel les actionnaires d’Alcatel détiendront 60% du nouvel ensemble et ceux de Lucent 40%. Plusieurs retraités de Lucent se sont aussi inquiétés du sort de leur pensions de retraites et de leur assurance santé, à la suite de la fusion, en exigeant des réponses.
Lucent, confronté à des actionnaires qui avaient demandé le report de l’assemblée générale pour protester contre le prix jugé trop faible de la transaction, avait conclu in extremis un accord avec ceux-ci pour qu’ils annulent leurs recours en justice. Répartis en deux groupes, ils avaient engagé une procédure conjointe devant la cour supérieure de l’état américain du New Jersey, visant à retarder le projet de fusion. Les termes financiers de l’accord n’ont pas été communiqués.
Alcatel et Lucent ont annoncé leur projet de fusion en avril dernier. Celui-ci a déjà été approuvé par les autorités de régulation. Il doit encore être validé par la commission américaine sur les investissements étrangers.
Selon les analystes, il ne semblait faire aucun doute que les actionnaires des deux groupes aillent dans le sens de la fusion. Dans le cas contraire, Alcatel aurait du payer 500 millions de dollars d’indemnités à l’américain.
Stratégiquement, après le rapprochement entre Siemens et Nokia au niveau des activités équipements télécoms, et alors que Motorola a passé un partenariat avec Huawei, Alcatel ne semblait plus trop avoir le choix et se devait d’aller de l’avant. Cependant cette fusion pourrait engendrer d’énormes risques pour le groupe français, d’énormes enjeux entourant ce projet.
A lire également :
. Fusion Alcatel/Lucent : les AG extraordinaires commencent
. Alcatel-Lucent : suppression de 9 000 emplois