La Chine bientôt cotée à la Bourse de Paris

Revolutionnaire_2Après Lénine, c’est de nouveau Mao qui risque de se retourner dans son mausolée. Jugez-en donc : la société chinoise  Watson Biotech, qui produit des principes actifs destinés aux fabricants de génériques, devrait être la première entreprise chinoise à être cotée en France, avec une introduction à la Bourse de Paris  d’ici fin 2006.

La plateforme paneuropéenne Euronext (qui regroupe les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne) a confirmé que ce serait une première pour une société originaire de Chine. D’autres entreprises chinoises, désireuses de lever des fonds auprès d’investisseurs occidentaux, sont déjà cotées à Londres et aux Etats-Unis.

La société Watson Biotech,exploite principalement des arbres desquels elle extrait le principe actif du paclitaxel commercialisé pour les fabricants de la version générique de l’anticancereux Taxol de Bristol-Myers Squibb.

« Ce sera une première en Europe continentale », a déclaré le président  de l’établissement financier Europe Finance et industrie (Efi), Louis Thannberger, conseil de Watson,  précisant que l’introduction se ferait « d’ici la fin de l’année ».

Une quarantaine d’entreprises chinoises sont cotées à Londres, dont environ la moitié inscrite depuis le début de l’année sur le marché AIM (Alternative Investment Market),  destiné au entreprises de petite taille. Watson serait vraisemblablement cotée sur Alternext, le marché d’Euronext dédié aux PME. M. Thannberger a affirmé qu’il allait conseiller quatre autres entreprises chinoises de relativement petite taille désireuses de se faire coter à Paris au début 2007.

Les formalités sembleraient  plus simples sur Alternext, que sur le marché principal, permettant d’accélérer  les opérations d’inscription. Selon le président d’EFi, il existerait une véritable frénésie en Chine des entreprises  pour s’inscire vite.

Concernant ces petites entreprises chinoises, M. Thannberger estime préférable de les fixer à Paris plutôt qu’à Londres,  Francfort ou New York, Euronext étant actuellement en négociations pour fusionner avec le New York Stock Exchange (Nyse), où plusieurs entreprises chinoises sont déjà cotées.

Watson, qui a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 7,6 millions d’euros, prévoit de le doubler d’ici 2008. Elle a dégagé un bénéfice net de 1,463 million en 2005 et souhaite arriver à 4,5 millions en 2008.  Elle exporte environ 80% de sa production vers l’Amérique du nord et l’Europe.

La société exploite des plantations « sur une superficie de 56.000 hectares », a déclaré sa présidente Cao Shengyu, qui détient pour l’instant 100% du capital.

Selon M. Thannberger, la capitalisation approximative de la société est de 60 millions d’euros, et l’introduction en Bourse vise à lever environ 8 millions d’euros, par une augmentation de capital. « Les entreprises chinoises ne parlent presque jamais de cession pour leur introduction, mais uniquement d’augmentation de capital pure », a-t-il ajouté.

La Commission de Régulation de marchés boursiers chinois a déclaré par ailleurs début juin que la Chine procéderait à des études sur les produits financiers à terme, afin que ces produits puissent être cotés en bourse à un moment opportun, avait rapporté alors le Shanghai Securities News.

La 2e banque chinoise a réussi quant à elle son introduction à la bourse de Hong Kong, à la même date. Sa capitalisation en fait la 8e banque mondiale.

La longue marche semble désormais tracer sa voie parmi les méandres des marchés financiers, la Chine étant en proie à une révolution culturelle de tout autre ordre que celle menée précédemment. Elle ne devrait pas trouver de muraille à franchir sur son passage.

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