Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la France et la victoire d’Emmanuel Macron, Russie et Turquie avancent, certes en toute discrétion, voire inexorablement, et malgré toutes les embûches que certains auront semé sur leur passage. Le géant gazier russe Gazprom a en effet annoncé dimanche le début des travaux de construction du gazoduc Turkish Stream reliant les territoires russe et turque. Pour rappel, le projet prévoit la construction sous la mer Noire de deux conduites d’une capacité de 15,75 milliards de mètres cubes de gaz par an chacune. Un des deux pipelines acheminera le gaz sur le marché turc et l’autre reliera la Russie à l’Europe via la Turquie. La construction du second pipeline est tributaire de l’intérêt manifesté par l’Europe pour le gaz russe et des garanties que les autorités européennes accorderont en retour au projet. Ce projet ne sera possible qu’après l’obtention de « garanties explicites et officielles » de l’UE confirmant sa future réalisation, avait tenu à souligner à cet égard Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires Etrangères, en octobre 2016.
L’annonce de Gazprom est d’une importance géostratégique majeure à plusieurs niveaux. Elle est tout d’abord grandement associée à l’approvisionnement énergétique de l’Europe via le gaz russe, tout en pénalisant fortement l’Ukraine en contournant son territoire. Elle met également en avant la Turquie, en dépit de la gouvernance controversée exercée par son président, Recep Tayyip Erdogan. Enfin, elle intervient alors que le président russe Vladimir Poutine a exhorté lundi Emmanuel Macron – le président français nouvellement élu – à « surmonter la méfiance mutuelle » entre Paris et Moscou en vue de combattre ensemble « la menace croissante du terrorisme et de l’extrémisme violent ». Vladimir Poutine s’est également déclaré prêt « à agir ensemble de façon constructive sur les problèmes bilatéraux, régionaux et mondiaux actuels, se déclarant certain que cela répondrait aux intérêts fondamentaux de la Russie et du peuple français », a précisé le Kremlin.
« La construction du gazoduc Turkish Stream a commencé en mer Noire, près des côtes russes », a ainsi indiqué Gazprom dans un communiqué. Son PDG, Alexeï Miller, a déclaré à cette occasion que la réalisation du projet se déroulait conformément au planning. Ajoutant que via ce nouveau pipeline, les consommateurs turcs et européens auront d’ici fin 2019 une nouvelle route sûre – selon lui – pour l’importation de gaz russe.
– Turkish Stream : un projet semé d’embûches –
C’est lors d’une visite en Turquie, qu’au début du mois de décembre 2014, le président russe avait annoncé l’abandon de South Stream, évoquant une nouvelle alternative pour rediriger le gazoduc en cours de construction vers le territoire turc. Initialement, South Stream devait relier la Russie à l’Italie en passant sous la Mer Noire … scénario permettant d’éviter l’Ukraine par où transite aujourd’hui près de la moitié des livraisons russes à l’Union européenne.
Alors que la Commission européenne avait estimé que le projet de pipeline ne respectait pas les règles européennes, arguant du fait que Gazprom refusait d’ouvrir l’accès du gazoduc à d’autres fournisseurs, Vladimir Poutine avait quant à lui justifié l’arrêt de South Stream par l’opposition de l’Union européenne (UE) au passage du gazoduc sur le territoire de ses Etats membres, notamment la Bulgarie.
Durant l’été 2014, Bruxelles avait en effet exercé de fortes pressions sur Sofia afin que le gouvernement bulgare renonce aux premiers travaux de construction de gazoduc. « Nous allons dérouter nos ressources énergétiques vers d’autres régions du monde et l’Europe ne recevra plus les mêmes volumes de la Russie, mais c’est le choix de nos amis européens », avait alors souligné le président russe.
Au final, au début du mois de décembre 2014, Moscou et Ankara avaient signé un accord pour la construction d’un nouveau pipeline reliant les deux pays via la Mer noire et la mise en place d’un hub gazier à la frontière en Grèce et Turquie, tout en offrant au gouvernement turc une remise de 6 % sur ses approvisionnements en gaz. La Grèce devenant ainsi dans ce scénario un pays stratégique pour permettre le transit du gaz vers l’Union européenne, la Turquie étant quant à elle le deuxième client de Gazprom derrière l’Allemagne. Avec un enjeu associé et non des moindres : « nullifier » le rôle de l’Ukraine en tant que transit gazier entre la Russie et l’Union européenne, selon les termes mêmes employés par Alexei Miller en décembre 2014.
En janvier 2015, Moscou avait tenu à préciser que le nouveau projet Turkish Stream de Gazprom prévoyait de déployer le pipeline jusqu’à la frontière gréco-turque, charge restant aux Européens de créer les infrastructures en vue de récupérer le gaz au delà de ces limites.
Si Moscou et Ankara étaient arrivés à un accord préalable sur Turkish Stream le 13 juin 2015 à Bakou, (Azerbaïdjan), le ministre turc de l’Energie, Taner Yildiz, concédait certes alors ne pas pouvoir affirmer « que toutes les obstacles » étaient « surmontés » mais demeurait confiant quant à une issue positive. Espérant officiellement que le contrat soit signé le plus vite possible.
Mais en juillet 2015, une filiale de Gazprom, South Stream Transport BV, avait informé l’italien Saipem de la rupture du contrat relative à la construction de la première branche du gazoduc Turkish Stream. Une décision qui pouvait alors surprendre, et ce d’autant plus qu’un navire de la société spécialisée dans la recherche et les forages pétroliers avait jeté l’ancre le 6 juillet près d’Anapa, en mer Noire, en vue de débuter les travaux.
South Stream Transport BV motivait alors sa décision par la nécessité « d’arriver à un accord sur les questions pratiques et commerciales en ce qui concerne la réalisation du projet de Turkish Stream ». Les négociations avec la Turquie traînant en effet en longueur, freinant le lancement des travaux.
Par la suite, les discussions avaient pris du retard, compte-tenu notamment de l’instabilité politique en Turquie. Moscou et Ankara s’étaient entendus pour reprendre les discussions après les élections législatives du 1er novembre 2015. Parallèlement, le Financial Times avançait quant à lui le chiffre de 16 milliards de mètres cubes de gaz par an pour la consommation intérieure de la Turquie, dépendante à 50% du gaz russe.
Après 7 mois de crise diplomatique entre Moscou et Ankara, survenues après qu’un avion russe ait été abattu pour avoir violé l’espace aérien turc, une lettre adressée par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, au Président russe Vladimir Poutine, avait permis d’enclencher une reprise du dialogue entre les deux pays. Le 29 juin 2016, Erdogan et Poutine s’étaient entretenus au téléphone et les deux pays avaient alors lancé le processus de normalisation. Le 15 juillet dernier, le Premier ministre turc Binali Yildirim avait déclaré que la Turquie était prête pour reprendre des projets d’infrastructure communs avec la Russie, mettant en avant la construction d’un gazoduc et celle de la centrale nucléaire d’Akkuyu, à laquelle Ankara attache une grande importance.
Rappelons qu’en décembre 2015, alors que nous laissions entendre dans un article précédent que « l’affaire » de l’avion russe abattu par la Turquie le 24 novembre 2015 pourrait être fortement liée au projet de gazoduc Turkish Stream – contre lequel les Etats-Unis redoublaient leurs pressions – le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak avait déclaré que les négociations entre Moscou et Ankara au sujet de pipeline censé relier les deux pays par le fond de la mer Noire, « étaient suspendues à l’heure actuelle ». Ajoutant que « le travail de la commission intergouvernementale sur la coopération commerciale et économique russo-turque avait été parallèlement suspendue conformément à un arrêté ad hoc du gouvernement russe ».
Le 26 novembre 2015, le ministre russe du Développement économique avait indiqué pour sa part que le projet de gazoduc Turkish Stream tombait sous le coup de la loi sur les mesures de rétorsion prises par la Russie en réaction à l’agression commise par la Turquie, faisant ainsi référence au Sukhoi abattu. « Ce projet n’a rien de différent de tout autre projet, et notre coopération dans le domaine de l’investissement est traitée de la même manière« , avait ainsi déclaré le ministre Alexeï Oulioukaïev.
En juillet 2016, alors que le rapprochement entre Ankara et Moscou offrait l’opportunité de remettre à l’ordre du jour le projet de gazoduc Turkish Stream, la tentative de coup d’Etat en Turquie aurait pu conduire à un nouveau report. A la plus grande joie des majors pétrolières et autres Etats soucieux de contrecarrer un projet d’une haute importante géostratégique. Alors même que les experts tablaient sur le fait que les rapprochements diplomatiques entre la Turquie, Israël et la Russie, survenus au début de l’été auraient des répercussions économiques importantes, notamment dans le domaine de l’énergie, les relations entre Ankara et Moscou ne semblaient plus alors propices à la reprise des travaux à l’étude. Des conséquences de la tentative de coup d’Etat avortée qui auraient pu être non négligeables alors même que la Turquie est au coeur d’un nœud gazier de toute première importance, tant avec Israël d’une part – avec l’exploitation des ressources en Méditerranée orientale au large de Chypre – île à moitié turque – qu’avec la Russie.
Mais en mars 2017, après la signature début février par Vladimir Poutine de la loi ratifiant l’accord russo-turc sur le gazoduc Turkish Stream, Moscou et Ankara sont allés encore plus loin, signant un mémorandum portant sur la création d’un fonds commun d’investissement, lequel sera doté d’un milliard de dollars. Selon le texte officiel signé à Moscou en présence de Vladimir Poutine et de Recep Tayyip Erdogan, président respectif des deux parties prenantes, le fonds souverain russe RDIF (Fonds russe d’investissements directs) et son équivalent turc TWF (Fonds souverain Türkiye) apporteront chacun la moitié de cette dotation.
Lors de la visite de Recep Tayyip Erdogan à Moscou, la Russie et la Turquie auront ainsi achevé de « normaliser » leurs relations. Lors d’une conférence de presse commune, les deux dirigeants avaient prôné le renforcement d’une coopération dans de multiples domaines. Les deux chefs d’Etat auront notamment démontré que la crise diplomatique qui avait suivi après la destruction par l’aviation turque, en novembre 2015, d’un avion militaire russe au-dessus de la frontière syro-turque n’était plus qu’un lointain souvenir, le tout sous fond de forte odeur de gaz …. même si, certes, le sujet n’avait pas été – officiellement – évoqué.
– De très fortes pressions US sur le projet Turkish Stream –
En avril 2015, Panagiotis Lafazanis, ministre grec de l’Energie, avait indiqué pour sa part qu’Athènes montrait un vif intérêt au prolongement sur son territoire du nouveau gazoduc que le géant gazier russe Gazprom envisageait alors de construire à destination de la Turquie. Tout en déclarant à la presse russe que les Etats-Unis exerçaient une très forte pression sur la Grèce, afin de la dissuader de participer à la réalisation du projet de gazoduc Turkish Stream, destiné à livrer du gaz russe en Europe.
« Ils exercent une très forte pression », avait ainsi déclaré M. Lafazanis interrogé par le journal russe RIA Novosti lors d’une conférence de presse à Moscou. Des pressions américaines qui ne semblaient pas toutefois être suivies d’effet … « Nous considérons que tous les corridors doivent être ouverts pour la Russie », avait ainsi ajouté M. Lafazanis. Lequel a également précisé qu’il ne considérait pas Turkish Stream et le Gazoduc transadriatique (TAP) comme des projets concurrents. Il estimait alors que le second projet n’est pas en mesure de couvrir les besoins européens en gaz naturel.
Le dossier est loin d’être dénué d’intérêts financiers, puisque M. Lafazanis avait alors tenu à souligner que la Grèce souhaitait obtenir de la part de la Russie une réduction de tarif sur le gaz russe livré à partir de 2016, ainsi qu’une baisse des volumes fournis selon des contrats d’enlèvement ferme (« take or pay »).
Face aux risques que la Commission européenne ne s’avère réticente quant à un possible transit du gazoduc via la Grèce, M. Lafazanis avait estimé que l’isolement énergétique de la Russie n’était pas un développement positif pour l’Europe . Selon lui, les pays européens ont besoin du gaz russe, aucune solution alternative n’étant envisageable à ses yeux.
Sources :
Presse turque et polonaise
AFP, sputniknews.com, Le Monde, themoscowtimes.com, Reuters, Spiegel
Elisabeth Studer – 9 mai 2017 – www.leblogfinance.com
A lire également :
. Israël : chantage au gazoduc avec la Turquie en vue d’obtenir un accord de paix à Chypre ?
. Russie / Turquie : rapprochement financier, commercial et militaire, Turkish Stream en arrière plan
. Tentative de coup d’Etat en Turquie : « opportunité » pour bloquer Turkish Stream ?
. Turkish Stream : suspension des négociations Russie / Turquie sur le gazoduc stratégique
impressionnant ! l’info est d’une importance geo stratégique majeure, mais peu de medias français ou de langue française la relayent , le nez dans le guidon sur Macron et législatives
et puis info parue dimanche 7 mai en plein 2eme tour et periode de week end prolongé ….
A surveiller de près : la Grèce
13.10.2016
Topic: Turkish Stream Gas Pipeline Project
Athens supports the Turkish Stream gas pipeline as it will enhance the energy security in the country and help Greece reach its aim of becoming a regional energy hub, a spokesperson for the Greek Ministry of Environment and Energy told Sputnik.
MOSCOW (Sputnik) — On Monday, Russia and Turkey signed an intergovernmental agreement on the gas pipeline, which envisions the construction of two underwater legs in the Black Sea, with the annual capacity of 15.75 billion cubic meters each. The pipeline is expected to deliver gas from Russia to Turkey and continue to a hub on the Turkish-Greek border, from where the gas could be transferred to other European countries.
la suite :
“Greece benefits from enhancing energy security, and at the same time we serve our goal, our becoming a regional energy hub,” the spokesperson said.
Thus, he added, Athens is interested in such projects as Poseidon, an offshore Greek-Italian-Russian pipeline project to complete the natural gas corridor from Turkey to Greece, and via an offshore pipeline across the Ionian Sea to Italy.
« We are interested in Russian natural gas transportation via Greece to Italy and the rest of Europe, within the context of European Rules, » the spokesperson said.
Commenting on the signing of the Russian-Turkish deal, the spokesperson said that Greece supports diversification of energy sources and routes.
“Diversification of energy sources and routes secures the Europe’s energy security. This is the reason why the Ministry welcomes major energy projects, when they are moving in this direction,” the spokesperson added.
The Turkish Stream and the Southern Gas Corridor projects are not mutually exclusive and contribute to gas price competition, the spokesperson told Sputnik.
“Gas sources are different in the two aforementioned projects [Turkish Stream and Southern Gas Corridor]. They are not mutually exclusive; they are complementary and contribute to promoting competition in prices,” the spokesperson said.
The Turkish Stream project was announced in late 2014 by Putin during his state visit to Turkey. In November 2015, the project was suspended after a Russian Su-24 aircraft was downed by a Turkish F-16 fighter in Syria. A thaw in relations between Moscow and Ankara began last June following Turkey’s apology to Russia.
In late September, Russia’s Gazprom said it had received a majority of permits from Ankara on the construction of the pipeline.
Tout à fait d’accord sur l’importance stratégique de l’info; les médias officiels ne s’intéressant qu’au (très) court terme et au simplisme absolu, il n’est pas étonnant qu’ils n’en soufflent mot.
Quand à l’opposition systématique de L’UE, elle est à replacer dans le contexte de l’invraisemblable projet initial de se tourner vers les US et son gaz de schiste afin de stopper notre ‘dépendance’ énergétique envers Moscou. La crise en Ukraine, visant évidemment à mettre en danger notre canal d’approvisionnement principal, ainsi que les formidables pressions exercées sur tous les pays européens susceptibles de voir transiter le gaz russe ne font que confirmer ce plan. Quand au bien-être des entreprises et citoyens européens, il semble bien ne pas faire partie de l’équation.
Un super commentaire de SimonB. Oui nous sommes en concurrence ( déloyale !!) directe avec les USA chez qui le pétrole de schiste est la dernière frontière avant la « fin des haricots » !! ou le retour au charbon !! Avoir
C’est pour cela qu’il est vraiment important de fabriquer l’Europe.
Au Moyen Orient, la bataille pour obtenir une division territoriale sur la base d’états religieux va sauter à la figure de ses concepteurs. Il s’agit d’une vision criminelle qui n’est portée que par des assassins !!
Dans ce cadre il est peu probable qu’une union réelle se face entre Turquie et Russie !! Je ne vois pas bien de suite terrestre à ce pipeline !!
merci pour votre superbe et pertinent commentaire Simon B !
oui, simplisme absolu
creuser une info prend du temps … et donc de l’argent que la redaction d ‘articles faciles fait plus vite rentrer !!!
du coup, très peu d’analyse et de suivi réel des dossiers , à part les passionnés …. comme moi.
On peut très bien voir un terminal directement en Syrie ou en Turquie, mais rien Grèce !! Le passage par Gibraltar sur bateau est la solution par exemple pour les Chinois 🙂 🙂
( Enfin je veux dire pour ceux qui vont pouvoir payer!! )
Les Usa s’attaquent depuis longtemps à la sécurisation de nos approvisionnements !! Un jour pas si lointain que cela, il recevront la note !!
reste également Bulgarie et Roumanie … attention à ces deux pays, donc, il risque d’être chahuté. Ce ne serait pas la 1ere fois que l’oncle Sam seme le chaos dans un pays pour freiner des projets gaziers …
Qui va payer quoi et avec quelle monnaie ? Les dernières gouttes d’hydrocarbures seront certainement peu payées en $, en € peut-être pour une petite part !! Mais le gros des livraisons ira vers l’Asie et là on sait parfaitement que la solvabilité n’est pas une affaire de création monétaire.
Le pétrole de Norvège connait encore par coeur le chemin vers les USA, mais c’est la dernière goutte de propagande anglosaxonne qui fait encore de l’effet sur les microcéphales norvégiens.
Encore des clients pour Gazprom ? avec de l’acier chinois ? Pourquoi pas de l’inox ? 🙂 🙂
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/498853/un-comite-recommande-le-sabordage-de-l-one?utm_source=infolettre-2017-05-16&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
expertiser « ONE » (the Big One ?) responsable de quelques fuites : « On ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs »
« relever un grand défi » « rétablir la confiance du public envers cette institution. Il s’agissait d’une tâche colossale, et seuls, nous ne serions jamais parvenus à répondre à l’appel du ministre. »
même pas peur du Mythe de Sysiphe, les ex-pères canadiens !!
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