Sénégal / Mali : accord avec Transrail pour la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako

La ligne de chemin de fer Dakar-Bamako ? Des infrastructures plus que stratégiques pour pouvoir exporter les matières premières des pays de la région via le port de Dakar. C’est dans un tel contexte que les deux pays viennent de trouver un accord avec le concessionnaire de la compagnie Transrail, Abbas Jaber, pour reprendre entièrement le projet. C’est en effet ce qu’a indiqué lundi, Abdoul Ndéné Sall, secrétaire d’Etat sénégalais au Réseau ferroviaire.

S’exprimant en marge de la journée du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, à la 23-ème Foire internationale de Dakar (FIDAK), ce dernier a par ailleurs indiqué qu’alors que le chemin de fer s’avérait être un investissement très lourd, l’actionnaire principal n’avait pas assez de moyens.
« Nous avons décidé en accord avec le Mali, de convoquer l’actionnaire et nous avons trouvé un accord pour reprendre entièrement la concession’’, a au final déclaré Abdoul Ndéné Sall.
Laquelle sera transformée en une société de patrimoine qui sera gérée entièrement par l’Etat et une société d’exploitation. « Des privés vont soumissionner dans le capital pour pouvoir avoir des parts importantes’’, a par ailleurs ajouté le secrétaire d’Etat au Réseau ferroviaire.
Selon lui,  »le concessionnaire Abbas Jaber ne sera pas exclu, s’il décide de soumissionner pour l’exploitation du chemin de fer Dakar-Bamako », ajoutant toutefois que le pays était en négociations avec de nombreux partenaires intéressés par l’exploitation.
Tenant à rappeler que le Président sénégalais Macky Sall avait «une option ferme de renouveler et de réhabiliter le chemin de fer », il a par ailleurs ajouté que le Sénégal avait « des projets importants sur l’axe ferroviaire Dakar-Bamako ». Précisant qu’auparavant l’Etat sénégalais ne pouvait pas intervenir sur le tracé, l’ancien régime – Abdoulaye Wade – ayant donné une concession complète à Jaber.

En février dernier, nous indiquions par ailleurs que la Chine allait financer la construction de voies ferrées pour le transit des matières premières jusqu’au Sénégal. Selon une information publiée par le site de la Présidence de la République malienne, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a participé, du 9 au 13 septembre 2013, au Forum Economique Mondial à Taijin en Chine, était alors revenu dans son pays avec des promesses de financement d’un volume global de 5500 milliards de FCFA (10,83 milliards $).
La République Populaire de Chine avait parallèlement annoncé soutenir le Mali sous la forme de prêts ou de conventions de financement. Objectif : la réalisation des infrastructures dans les domaines stratégiques, du bâtiment, du transport, de l’énergie, de l’agriculture, de l’investissement, des mines, de la technologie et du numérique.

Un communiqué officiel nous apprenait par ailleurs que la Chine s’était vu adjuger le marché de construction  du chemin de fer Bamako-Conakry long de 900 km, pour 8 milliards de dollars. Autre projet majeur qui bénéficiera de ces accords : la rénovation de la voie de chemin de fer Bamako-Dakar. Même si les conditions de ces promesses de financement n’avaient pas alors encore été rendues publiques, la présidence du Mali  parlait déjà d’une visite dont les résultats sont «au-delà des attentes.»

En février dernier, alors que Macky Sall, le Président sénégalais était  revenu de Pékin  avec de fabuleux contrats lui ouvrant la voie au financement de routes, autoroutes, voies ferroviaires et port minier destinés avant tout à acheminer les matières premières du Mali et du Sénégal, nous vous avions présenté l’ampleur de la bataille économique et financière qui voit actuellement s’affronter la Chine contre la Banque mondiale et ses partenaires.
Nous rappelions alors que l’accord avec la Chine intervenait à quelques heures à peine de la réunion du Groupe Consultatif de Paris, lequel s’est tenu le 24 et 25 février 2014 au siège de la Banque Mondiale dans la capitale française. Evènement que la presse sénégalaise qualifiait de grand oral du chef d’Etat sénégalais devant autorités financières et bailleurs de fonds occidentaux.
« Simple visite de travail » avait pour sa part affirmé la Banque mondiale en mars 2013 pour annoncer que le Vice-Président pour la Région Afrique de l’établissement financier, M. Makhtar Diop, arriverait le dimanche 17 mars au Mali pour un séjour de deux jours.

Nous avions alors d’ores et déjà indiqué à cette occasion – même si cela ne constituait certes pas le thème officiel des discussions – que la Banque mondiale figure parmi les principales entités ayant financé la toute nouvelle route, le «corridor sud de l’Afrique de Ouest, Bamako-Dakar». Laquelle est destinée notamment à faciliter l’exportation des richesses minières de la région. Richesses parmi lesquelles figurent l’uranium du Mali et du Sénégal et d’autres matières premières convoitées … Alors, qu’il s’agisse d’une simple visite de travail …
Fait notable : la Banque mondiale promettait alors d’engager une action en vue de promouvoir la réhabilitation, reconstruction et réparation des infrastructures endommagées par le conflit. Histoire de s’assurer que la voie royale édifiée par et pour les grands groupes internationaux en vue d’acheminer les richesses du sous-sol maliens puissent rapidement devenir opérationnelle ? Qui sait …

La Banque mondiale avait alors indiqué être l’un des partenaires principaux du Mali, avec un engagement total de 732,75 millions de dollars en faveur des projets de développement. Son portefeuille de plus d’une dizaine de projets nationaux et sept projets régionaux couvrant alors des activités dans les domaines du développement rural, les services de base, l’énergie, le transport, les réformes institutionnelles et la décentralisation.

Parmi ces projets figure donc le «corridor sud de l’Afrique de Ouest, Bamako-Dakar» : liaison routière entre Dakar et Bamako réalisée par la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, l’agence de développement japonaise, l’USAID, la Chine, la Banque Africaine de Développement, la Banque Islamique de Développement, les gouvernements du Sénégal et du Mali en coopération avec l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine dans le cadre du Programme d’action communautaire pour les infrastructures et le transport. Tout de même …
A noter que le corridor suit pendant des centaines de kilomètres le vieux tracé de la ligne des chemins de fer coloniaux, fermée récemment au public par la privatisation.
Une filiale de la société d’Etat des chemins de fer chinois – Covec-Mali – avait quant à elle réalisé le tronçon de route entre la frontière du Mali, près de Kenieba, et Bamako. Participe également au chantier l’entreprise de BTP Razel, laquelle appartient depuis 2009 au Groupe Fayat, premier groupe familial français, quatrième groupe du BTP dans l’hexagone, est actif dans plus de cent pays.
La société de travaux publics Dai Nippon Construction a construit quant à elle les trois ponts nécessaires (Balé, Bafing et Falémé) sur cette route vers Bamako. Le financement ? des sommes offertes par le Japon, via des crédits non remboursables.
Ce qui faisait dire en résumé à la délégation du Forum Civique Européen lors de son voyage au Mali que se voyaient ainsi réuni « des fonds en provenance d’Etats les plus divers réunis pour la construction d’infrastructures qui favorisent, pour des multinationales, l’extraction bon marché des richesses minières de l’Afrique de l’Ouest pour les transformer loin de là« . Ajoutant qu’il était « même question d’un projet de construction d’un port maritime à environ 60 km au sud de Dakar ».
Au début du mois de mars 2013, Diène Farba Sarr, Directeur général de l’Agence nationale chargée de la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) avait indiqué pour sa part que le Sénégal allait poursuivre les grands chantiers laissés par l’ancien régime de Wade, en œuvrant surtout pour concrétiser de nouveaux projets, comme la Zone économique intégrée, le port minéralier de Bargny ou encore le développement des chemins de fer.

Sources : Banque Mondiale, Presse sénégalaise, APS

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  –  30 décembre 2014

Crédit Photo : Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com

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(21 commentaires)

  1. Ligne ferroviaire Bamako-Conakry: Les géomètres actualisent les données !
    Par L’Oeil du Mali –

    La construction de la voie ferroviaire Bamako-Conakry serait à nouveau sur les lèvres. Ce vieux projet datant, semble-t-il, des années de l’Indépendance avait été interrompu suite au coup d’état du 19 novembre 1968 opéré par Moussa Traoré. Depuis, cet ambitieux projet n’a cessé d’être couvert de poussières dans les tiroirs.
    Cependant, avec l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), il revoit le jour. C’est pourquoi de temps à autre des géomètres seraient à l’œuvre pour l’actualisation, dit-on, des repères le long de ce qui est considéré comme l’axe devant recevoir les rails. Des jalons posés depuis des lustres auraient disparu soit par l’usure du temps ou encore par des habitations anarchiques construites le long de cet axe. Cette délicate opération devra être suivie d’une visite conjointe sur le terrain des autorités compétentes des deux pays.
    Ce tronçon ferroviaire sera très utile car, les opérateurs économiques maliens vont affluer vers la Guinée, ce qui permettra à notre pays de diversifier ses voies d’accès aux ports. En sus, il apportera un plus à l’économie des deux Etats en termes d’import et d’export. Il faut s’attendre, au moment opportun, à la démolition des maisons se trouvant sur la trajectoire des géomètres. Des cris d’indignation se feront donc entendre pour que ce projet puisse voir le jour.

    Guennadi
    Source: L’Oeil du Mali

  2. mer, oct 14th, 2015 Bénin / Business | Par Larissa Pougoue
    Le Groupe Français Bolloré Relance Le Rail Au Bénin

    Après une longue hibernation, l’entreprise ferroviaire publique du Bénin est passée mercredi, sous contrôle public-privé, sous l’impulsion du groupe français Bolloré qui ambitionne de relier à nouveau par la voie ferrée, Cotonou, Niamey et Abidjan.

    Dans l’atelier principal de l’Organisation Commune Bénin-Niger (OCBN), où s’entassent des wagons et des machines obsolètes, quelques centaines de cheminots assistent à une ultime assemblée générale. A partir de se 14 octobre, ils commencent à travailler pour Benirail, une nouvelle société détenue à 40% par le groupe Bolloré, 20% par le Bénin et le Niger. Les 40% du capital restants sont réservés à des investisseurs privés béninois et nigériens.

    Mi-août, l’industriel français, le Bénin et le Niger avaient signé la convention de concession, de construction et d’exploitation de la ligne ferroviaire Cotonou-Niamey pour une durée de 30 ans.

    Ce tronçon représente 1.000 des 3.000 kilomètres d’une boucle ferroviaire devant relier la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Une « aventure » pharaonique « à 2,5 milliards d’euros », évaluait en août Vincent Bolloré sur les colonnes des médias français.

    L’investissement est hautement stratégique: le train représente le principal débouché maritime pour certains pays enclavés comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, mais également le moyen de transport le moins coûteux pour les industriels ivoiriens exportant vers l’hinterland.

    Pour les salariés de l’entreprise publique OCBN tombée en déshérence, l’arrivée de Bolloré est un soulagement. Fin septembre dernier, l’entreprise française a payé 19 mois d’arriérés de salaires aux 629 employés au chômage forcé, ainsi qu’à une centaine de retraités. « Ça m’a paru un rêve. Quand je suis allé à ma banque, on m’a dit que l’argent était là », raconte Gilbert-Léonard Aïdofi, chef du service matériel roulant qui compte 20 ans d’ancienneté à l’OCBN.

    Bolloré a aussi repris les 629 cheminots se rendaient tous les jours à leur poste, malgré les impayés et la faible ou absence d’activité. Le dernier train de voyageurs a circulé fin 2005. Il y a encore le fret mais cela faisait 10 ans que l’OCBN était en difficulté.

    « Mauvaise gestion, matériel vieillissant, concurrence de la route. Les Etats ont laissé le chemin de fer à l’abandon », commente Arsène Adjovi, président de l’Inter-syndicat, créé en juin.

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