Livraison de Mistral à la Russie : l’Ukraine s’inquiète

L’Ukraine s’avère inquiète de la décision de la France de livrer les porte-hélicoptères Mistral à la Russie. C’est en effet ce qu’a déclaré mardi le directeur du Département de la politique d’information du ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine Evgueny Perebiynos.

« L’Ukraine est préoccupée par la décision de la France de transmettre les porte-hélicoptères militaires stratégiques Mistral à la Fédération de Russie, qui reste toujours en vigueur. Nous sommes convaincus que prenant en considération cet aspect de la politique étrangère actuelle, le transfert d’armes puissantes d’offensive à la Russie, notamment les navires amphibies du type Mistral, peuvent avoir des conséquences négatives pour la sécurité et la stabilité en Europe », a-t-il ainsi déclaré lors une conférence.

En fin de semaine dernière, le directeur général de Rosoboronexport Anatoli Issaïkine avait indiqué pour sa part que la Russie paiera totalement les fournitures françaises de porte-hélicoptères de type Mistral … dès que le deuxième navire lui aura été livré.
« Le contrat signé sera réglé dans son intégralité en novembre 2015 aussitôt que le deuxième navire de ce type aura été livré à la Russie », rapporte ainsi ITAR-TASS, sans bien sûr, qu’il soit notion de chantage …

Le haut responsable a par ailleurs démenti l’information selon laquelle la remise à la Russie des technologies de construction des navires de type Mistral était tributaire de la conclusion d’un contrat de construction sur le territoire russe de deux navires de ce type pour le compte des forces navales russes.

« Leur remise n’est aucunement tributaire de la réalisation des projets de construction du troisième et du quatrième navire de ce type. Conformément au contrat les chantiers navals russes se voient octroyer des technologies de la construction de la coque du navire, le système logiciel et celui de gestion des télécommunications. Les travaux sont effectués en strict conformité avec le calendrier. […] La partie française honore strictement ses engagements. Ignorez les rumeurs », a-t-il ajouté.

Il n’en demeure pas moins qu’en décembre 2010, le premier ministre d’alors, François Fillon, avait déclaré en visite à  Moscou que la France ne voyait pas d’inconvénients à  un transfert à la Russie des technologies de production du porte-hèlicoptères de classe Mistral, Paris et Moscou ayant signé quelques heures auparavant à Saint-Nazaire un accord prévoyant la fabrication de quatre navires de guerre français de type Mistral pour la marine russe, deux dont devaient être alors produits en Russie.

Le 24 décembre 2010, les autorités russes ont en effet retenu le consortium formé par le groupe français DCNS, les chantiers STX et les chantiers navals russes OSK dans le cadre de l’achat de quatre bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral . Cet accord prévoyait la fabrication de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral aux chantiers STX à Saint-Nazaire, la construction de deux autres exemplaires étant prévue en option.

Une source proche des négociateurs avait alors indiqué que la construction du porte-hélicoptères sur les chantiers navals français coûterait à la Russie plus de 700 millions d’euros. « Le coût du premier navire se chiffrera à 720 euros, alors que le deuxième coûtera 650 millions d’euros« , avait ainsi précisé l’interlocuteur de l’Agence de Presse.

Signé aux chantiers STX par Alain Juppé, alors ministre français de la Défense et Igor Setchine, alors vice-Premier ministre russe, l’accord intergouvernemental de « coopération » précisait quant à lui que « les gouvernements des deux pays s’accordent pour apporter leur plein soutien à la construction de deux BPC en France et de deux BPC en Russie« .

Tentant peut-être de limiter les critiques qui pourraient fuser de part et d’autre, le communiqué commun reste muet quant à d’éventuels transferts de technologie, une condition toutefois posée par Moscou à l’achat de ces navires.

En juin 2010, Vladimir Poutine avait en effet déclaré à  des média français que l’acquisition de navire de classe Mistral n’était envisageable qu’en cas de passage de « connaissances » pour le moins appuyé, dirons-nous poliment.

« Un porte-hélicoptères de ce type coûte dans les 300 millions d’euros. Pour nous, la transaction ne représente de l’intérêt que si elle est accompagnée d’un transfert de technologies. Afin que le secteur des constructions navales russes, militaires et civiles, ait de nouvelles impulsions pour son développement« , avait alors expliqué le premier ministre.

« Nous jugeons très importante la question suivante : qu’est-ce qui sera construit et en quelle quantité dans les entreprises russes ?  » avait ajouté Vladimir Poutine.

Le commandant en chef de la Marine russe, l’amiral Vladimir Vyssotski avait préalablement déclaré quant à  lui que les bâtiments de classe Mistral présentaient de l’intérêt essentiellement comme « navires de commandement« . La Russie souhaite en acquérir un ou plusieurs, afin d’obtenir les technologies nécessaires pour construire seule des bâtiments de cette classe, précisait alors la presse russe.

Sources : AFP, Ria Novosti, Usine nouvelle, Realpolitik

Elisabeth Studer – 20 août 2014 – www.leblogfinance.com

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