Mauritanie, après le Mali : stratégie du chaos au Sahel ?

 Stratégie du chaos ? Cela y ressemble. Alors que le Mali est soumis à de très fortes turbulences – lesquelles seraient dues à AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) nous dit-on – c’est au tour de la Mauritanie de sombrer dans la tourmente.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a en effet été blessé samedi. Dans un premier temps, le ministre mauritanien de la Communication avait expliqué à la télévision publique que le président avait été légèrement blessé par balle près de Nouakchott, en évoquant un tir par erreur de l’armée sur le cortège de M. Ould Abdel Aziz. Scénario qui ne convainc pas tout le monde …

« L’unité militaire (à l’origine du tir) ne savait pas qu’il s’agissait du cortège du président », avait alors indiqué le ministre pour tenter d’expliquer son geste.

Mais peu auparavant, un responsable sécuritaire mauritanien a déclaré à l’AFP que le président avait été légèrement touché au bras par une balle, tirée contre lui par un automobiliste qui l’avait directement visé alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture vers Tweila, à environ 40 km au nord de Nouakchott.

Selon des informations non confirmées circulant notamment dans les médias locaux, le président mauritanien pourrait avoir été touché au bras et/ou à l’abdomen.

Certes, histoire de rassurer la population … et les medias internationaux, Mohamed Ould Abdel Aziz a assuré que son opération à Nouakchott avait été un succès, s’exprimant brièvement à la télévision nationale juste avant son départ dimanche pour Paris.

Simple hasard ? alors que la région du Sahel est soumise à des troubles de plus en plus violents, l’actualité nous rappelle que la région est riche en pétrole.

Au début de l’année 2012, Le géant pétrolier français Total a en effet annoncé la signature de deux permis d’exploration avec les autorités mauritaniennes dans le très prometteur bassin de Taoudéni.

Le groupe y a ainsi acquis, en tant qu’opérateur, une participation de 90% dans les blocs C 9 en mer très profonde et Ta 29 à terre. La compagnie nationale mauritanienne SMH détiendra les 10% restants.

Le bloc C 9, situé à environ 140 kilomètres à l’ouest des côtes mauritaniennes, s’étend sur plus de 10.000 km (!…), par des profondeurs d’eau comprises entre 2.500 et 3.000 mètres. Le bloc Ta 29 est situé dans le désert du Sahara à 1.000 kilomètres à l’est de Nouakchott, au nord du bloc Ta 7 sur lequel Total mène déjà des activités d’exploration.

En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

Les récentes découvertes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni, large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquent en effet désormais un vif intérêt pour cette région.

Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total a ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie et le conduisant même à parler « d’un nouvel Eldorado».

A travers sa filiale internationale Sipex, Sonatrach a par ailleurs obtenu l’approbation du ministère des Mines nigérien pour procéder à des forages expérimentaux.

Pour rappel, la Sipex est présente au Niger depuis 2005, plus précisément au périmètre de Kafra, situé à la frontière algéro-nigérienne.

Fin 2009, Sipex a obtenu une prolongation d’un an de la première période d’exploration, arguant d’une situation politique difficile dans le pays.

Au Mali, la filiale de Sonatrach présente depuis 2007, a acquis une prolongation de deux ans, émanant du ministère malien des Mines, pour la première phase d’exploration qui prendra fin en 2013.

Alors que final, le Sahel ne serait-il pas un nouvel Irak pour les Etats-Unis ? Les différents candidats aux élections présidentielles pouvant tirer chacun leurs ficelles dans la région … le lobby pétrolier et le lobby militaire étant fortement engagés dans la bataille. L’un ayant intérêt à freiner l’expansion des grands groupes pétroliers concurrents – un peu trop fortement implantés dans la région à leur goût – l’autre se frottant les mains à l’idée de relancer la croissance US à sa manière en vendant des armes ? Qui sait …

(39 commentaires)

  1. Le Mali suscite des tensions entre France et Etats-Unis

    Créé le 26-01-2013 à 15h30 – Mis à jour à 15h30

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    par Mark Hosenball et Tabassum Zakaria

    WASHINGTON (Reuters) – L’intervention militaire française au Mali ravive les tensions entre la France et les Etats-Unis sur les questions de sécurité internationale, l’appui américain aux efforts de Paris ayant été jusqu’à présent « minimal », de l’aveu même d’un responsable de l’administration Obama.

    D’après des responsables des deux côtés de l’Atlantique, les Français se plaignent en privé du soutien maigre et tardif des Américains à leur intervention, entrée dans sa troisième semaine, contre les combattants islamistes tenant le nord du Mali.

    Barack Obama et son entourage se demandent pour leur part si la France a réfléchi à une stratégie de sortie avant de s’engager sur le terrain.

    Cette attitude de la Maison blanche déconcerte les détracteurs du président américain, qui lui reprochent déjà une prudence excessive en Libye en 2011 et dans la crise actuelle en Syrie.

    François Hollande s’est brièvement entretenu par téléphone avec Barack Obama le jeudi 10 janvier pour l’informer que la France était sur le point de lancer une vaste opération militaire au Mali.

    Confronté à l’urgence, le président français appelait son homologue américain pour l’informer, pas pour le consulter, insistent les responsables des deux pays. L’ambassadeur de France au Mali venait d’adresser un message à Paris pour avertir que la ville de Mopti était sur le point de tomber aux mains des rebelles islamistes et que plus rien ensuite ne pourrait les empêcher d’aller prendre Bamako, la capitale, et de contrôler ainsi l’ensemble du pays.

    Le 11 janvier, la France déclenchait ses premiers bombardements aériens.

    « Si nous n’étions pas intervenus, toute la région serait devenue un nouveau Sahelistan », affirme un responsable français.

    A Washington, l’empressement de la France s’est heurté à une inquiétude sur les conséquences à plus long terme d’une telle intervention et à la réticence de la Maison blanche à engager l’armée américaine dans un nouveau conflit alors que Barack Obama entame tout juste son second mandat.

    Les Etats-Unis affirment avoir fourni un soutien précieux en termes de renseignement aux forces françaises au Mali. Ils ont aussi participé à l’acheminement des troupes et du matériel français vers ce pays.

    OBAMA RÉTICENT

    La France attend davantage, aussi bien de la part des Etats-Unis que de ses partenaires européens. En priorité, elle a besoin des capacités américaines de ravitaillement en vol pour ses avions de chasse, disent des responsables français.

    Un responsable américain affirme que cette requête française est activement considérée à Washington.

    De fait, le soutien américain a été « minimal », reconnaît un responsable américain ayant requis l’anonymat. Selon ce dernier, l’administration Obama a donné du « fil à retordre » aux Français lorsqu’ils ont sollicité une aide plus importante et ils « s’en souviendront ».

    Quand Barack Obama est arrivé au pouvoir en 2009, les Etats-Unis étaient engagés dans deux guerres coûteuses en Irak et en Afghanistan, deux conflits qui, pour diverses raisons, ont suscité des tensions avec la France. Depuis, le président américain s’est montré réticent à toute intervention militaire extérieure sur le terrain. Trop réticent même au goût de ses adversaires républicains.

    Barack Obama a ainsi limité en 2011 la participation des Etats-Unis à l’intervention de l’Otan, sous impulsion française et britannique, en Libye, qui a contribué à la chute de Mouammar Kadhafi. Il continue par ailleurs de résister aux pressions en faveur d’un soutien plus affirmé aux rebelles syriens cherchant à renverser Bachar al Assad.

    Les responsables américains, à la Maison blanche et au Congrès, ont des divergences de vues sur l’attitude à adopter à propos du Mali, relève le républicain Mike Rogers, président de la commission du Renseignement à la Chambre des représentants.

    « Ce n’est pas nouveau (…) Il y a un débat en cours sur notre niveau d’implication en Syrie. Nous avons eu exactement le même débat au sujet de notre implication en Libye et nous avons aujourd’hui cette même impasse et ce même débat philosophique sur ce que nous devons faire à l’égard des Français sur le Mali », dit Mike Rogers.

    Barack Obama et ses collaborateurs « refusent de se faire forcer la main par l’initiative française », affirme Todd Moss, vice-président du centre de réflexion Center for Global Development et ancien responsable au sein du bureau des affaires africaines au département d’Etat.

    « Il y a très peu, si ce n’est aucun, soutien politique aux Etats-Unis à une intervention militaire dans un endroit comme le Mali », ajoute-t-il.

    PRÉCÉDENT LIBYEN

    Dans un entretien téléphonique avec François Hollande vendredi, Barack Obama « a exprimé son soutien à la France pour avoir pris la tête des efforts de la communauté internationale afin de priver les terroristes d’un repaire au Mali », a annoncé la Maison blanche.

    D’après la présidence américaine, François Hollande a remercié Barack Obama pour le « soutien important » apporté par les Etats-Unis.

    Avant même le début de l’opération militaire française, les Etats-Unis ont freiné pendant des mois face à une éventuelle intervention internationale au Mali, ce qui a été source de frictions entre Paris et Washington aux Nations unies.

    Instruite par le précédent libyen, lorsqu’il a fallu plusieurs semaines aux Américains avant de définir leur degré d’implication, la France a décidé d’agir immédiatement lorsque les islamistes ont repris leur progression vers le sud du Mali, rapportent des responsables français.

    L’un d’eux qualifie même la posture de Barack Obama de quasiment « isolationniste ».

    Porte-parole de la Maison blanche, Tommy Vietor affirme : « Nous continuons de partager l’objectif français d’empêcher les terroristes de disposer d’un repaire dans la région et nous soutenons l’opération française. »

    Les Etats-Unis, ajoute-t-il, s’efforcent d’accélérer le déploiement, la formation et l’équipement de la force africaine censée venir appuyer les efforts de reconquête de l’armée malienne face aux islamistes.

    En privé, des responsables américains se montrent plus sceptiques et craignent que les Français ne se soient lancés à l’aventure au Mali.

    « Je crois que ce n’est un secret pour personne que l’effort de l’armée française a évolué et s’est développé avec le temps, et durant ce processus, nous avons travaillé avec eux pour obtenir le tableau le plus clair possible non seulement de leur stratégie à court terme mais aussi de la manière dont ils voient les choses dans trois mois ou trois ans », a dit un responsable de l’administration Obama.

    La France n’a pas fixé de date-butoir à son intervention.

    « Plus nous resterons longtemps, plus les risques seront élevés », prévient un responsable français.

    Avec Catherine Bremer à Paris, Bertrand Boucey pour le service français

  2. Négliger le Sahel risque de créer d’autres crises comme au Mali

    NEW YORK (Nations unies) – L’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel Romano Prodi a appelé mercredi le Conseil de sécurité à ne pas oublier le Sahel sous peine de voir surgir dans cette région d’autres crises semblables à celle du Mali.

    N’oubliez pas le Sahel si vous ne voulez pas avoir d’autres Malis, a lancé M. Prodi aux ambassadeurs des 15 pays membres réunis pour des consultations sur ce dossier. Il a aussi appelé la communauté internationale à se montrer aussi généreuse pour le Sahel qu’elle l’a été envers le Mali.

    La situation au Mali est symptomatique de ce qui arrivera dans d’autres parties du Sahel si une réponse rapide n’est pas donnée aux défis qu’affronte la région, a-t-il expliqué. Inversement, le succès ou l’échec au Mali aura un impact sur l’ensemble du Sahel.

    M. Prodi présentait au Conseil un rapport sur une stratégie intégrée pour le Sahel qui se concentrera sur les cinq pays les plus nécessiteux (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad). Avec le déploiement à partir de lundi prochain de la Mission de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma), l’accent sera mis davantage sur les quatre autres pays, a-t-il précisé.

    A l’issue des consultations à huis clos, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, qui préside le Conseil en juin, a indiqué que la stratégie avait été accueillie de manière largement favorable.

    La clé du succès, a-t-il ajouté, réside dans son application, qui nécessitera la coopération de l’ensemble du système onusien et le soutien des institutions financières internationales.

    M. Prodi a préconisé la création d’un Fonds pour l’action au Sahel qui pourrait être co-géré par la Banque africaine de développement et la Banque mondiale: Les donateurs seront libres de choisir leur type d’assistance et les populations du Sahel sauront d’où vient l’aide. Il a aussi proposé la création d’un Institut de recherche sur le Sahel.

    Pour M. Prodi, il faut faire vite car l’intérêt pour le Sahel que la crise au Mali a suscité ne durera pas éternellement. L’inquiétude partout dans le monde devant l’expansion du terrorisme au Sahel a fourni l’occasion de mobiliser du soutien en faveur des peuples de la région à court et à long terme.

    La stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel se fonde sur quatre piliers, a expliqué M. Prodi: gouvernance, sécurité, besoins humanitaires et développement.

    Elle a pour ambition de s’attaquer à tous les aspects de la crise: amélioration de la gouvernance, lutte contre la criminalité et contre le terrorisme, aide humanitaire à 11,4 millions de personnes menacées par la faim dont 5 millions d’enfants de moins de 5 ans.

    M. Prodi, ancien chef du gouvernement italien âgé de 73 ans, avait été nommé en octobre 2012 comme envoyé spécial pour le Sahel.

    (©AFP / 26 juin 2013 23h38)

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