Libye : le CNT trop démuni pour surveiller les munitions de Kadhafi

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L’inquiétude grandit parmi les pays occidentaux alors que la non-gestion des stocks d’armements de l’armée de Kadhafi  s’aggrave de jour en jour.

Raisons désormais invoquées par les nouvelles autorités libyennes pour tenter d’expliquer que de tels dangers demeurent dans la nature : l’aspect budgétaire.

D’importants stocks de munitions acquis par l’armée sous le régime de feu Mouammar Kadhafi sont à l’heure actuelle laissés à leur propre sort, sans surveillance, dans l’est de la Libye.

Des journalistes étrangers ont pu voir à Benghazi un dépôt de munitions non gardé où sont entreposés, intacts, des milliers de roquettes, de mines, d’obus ainsi que deux torpilles de fabrication italienne.  Près de Benghazi, seule une sentinelle surveillait un autre dépôt.

Au mois d‘octobre, une équipe de Human Rights Watch  a découvert sur un site, dans le désert libyen, des armes sans aucune surveillance, ainsi que des milliers de caisses de munitions.

Les autorités libyennes ont également découvert sur deux sites militaires des armes chimiques qui, selon un expert, étaient prêtes à être assemblées et utilisées.

Un autre site abritant 7.000 barils d’uranium brut. a également mis au grand jour. Selon un responsable de l’ONU, des spécialistes en armes chimiques sont arrivés en Libye cette semaine en vue d’initier la protection de ces sites.

Le Conseil national de transition (CNT) s’est certes engagé à assurer la sécurité de ces dépôts, l’objectif étant notamment que les munitions ne tombent aux mains de groupes islamistes ou de fidèles irréductibles de l’ancien « Guide » tué le 20 octobre près de Syrte.

A la mi-octobre, des responsables de la sécurité avaient indiqué que près de 80 véhicules transportant quelque 400 hommes armés d’origine malienne ayant combattu en Libye dans les forces de Mouammar Kadhafi étaient arrivés dans le désert du nord du Mali  avec …. armes  et bagages. Les combattants sont des Touaregs, principalement issus de trois tribus du nord du Mali, les Chamanamas, les Iforas, et les Imghads.

Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest,  avait alors indiqué que « le retour de Maliens de Libye, parmi lesquels figurent des centaines de militaires ayant servi l’ancien régime du colonel Kadhafi, est une grave préoccupation ». Selon lui, ces hommes rentrent dans la confusion , augmentant l’insécurité dans le nord du Mali. 

« Il y a des armes lourdes, des missiles, des convois de centaines de véhicules, dont des +technicals+ (4X4 pick-ups équipés d’armement), qui circulent librement dans le nord malien », a-t-il par ailleurs affirmé. Or, tient à rappeler M. Djinnit, « il y a des acheteurs potentiels pour ces armes: Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les réseaux de drogue », mentionnant l’existence d’un nombre croissant de passerelles entre les deux.

Des évènements qui interviennent alors que la France et tout particulièrement le chef de la diplomatie française Alain Juppé s’inquiètent désormais fortement de la détention par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) d’un nombre quelque peu impressionnant de missiles sol-air …capables de cibler des vols civils.

Alain Juppé a ainsi été entendu début octobre par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Répondant à un élu évoquant la présence de 10 000 missiles sol-air aux mains d’al-Qaïda au Maghreb islamique, Alain Juppé a confirmé l’inquiétude que suscite la fuite d’armes libyennes vers le Sahel.

La presse algérienne via « Le Courrier d’Algérie » se veut quant à elle encore plus directe, affirmant qu’Aqmi est désormais « plus forte maintenant qu’avant le début de la sédition » et que « la France et les rebelles de Benghazi en sont responsables dans une très large mesure ».

De ce fait, poursuit le journal, « les premières cibles concernées par les missiles SA-7 d’Aqmi sont justement les avions civiles français et occidental » pour au final asséner le coup final : « en deux mots directs, la France est dans la ligne de mire du terrorisme dans toute la vaste bande saharo-sahélienne. »

En réaction, Nicolas Sarkozy a envoyé des messages aux pays du Sahel, ciblant tout particulièrement l’Algérie, « locomotive des pays maghrébo- sahéliens dans la lutte contre Aqmi  ». 

Toujours selon « Le Courrier d’Algérie » ,  l’amiral Giampaolo Di Paola, président du Comité militaire qui regroupe les chefs d’état major des pays de l’Otan,  aurait tenu une réunion secrète avec les députés allemands le 26 septembre 2011 devant lesquels il a exprimé les inquiétudes de l’Otan, faisant état de l’existence de « plus de 10.000 missiles sol-air qui représentent une sérieuse menace pour l’aviation civile et pourraient sortir de Libye  pour se retrouver dans de mauvaises mains ».

Le général Mohamed Adia, chargé de l’armement au sein du ministère de la Défense du Conseil national de transition (CNT), estime quant à lui à « environ 5 000 » le nombre de missiles sol-air SAM-7 « toujours manquants et dans la nature » et craint lui aussi que ces armements ne tombent entre de « mauvaises mains. ».

Rappelant par ailleurs que la Libye de Kadhafi a acheté environ 20.000 missiles sol-air SAM-7, de fabrication soviétique ou bulgare. Certes plus de 14.000 de ces missiles ont été soit utilisés, soit détruits, ou sont aujourd’hui hors d’usage, la plupart étaient stockés dans la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli), mais beaucoup manquent à l’appel … 

Or, souligne le général, « ces missiles sont légers, de petite taille, faciles à manier et pourraient être utilisés pour détruire un avion civil ». 

Rappelons  que de nombreux stocks d’armes et de munitions de l’armée du colonel Kadhafi ont fait l’objet de pillage dans le pays depuis février dernier, date du début de la révolution libyenne, l’ancien Guide ayant également distribué une partie de ses armements à ses partisans en fuite.

En mars dernier, au Mali et au Niger, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile,  une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région … 

Sources : Reuters, AFP, RFI, Le Courrier d’Algérie,  Human Rights Watch

(16 commentaires)

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