Le risque obligataire (1/2)

TNX-13mai2009 Après vous avoir infligé une série d’articles sur le secular bear market actuel (et aussi expliqué pourquoi il est pratiquement impossible d’en calculer sérieusement un objectif à la baisse — tout au plus peut-on envisager une tendance), je vous propose aujourd’hui une petite mise au point sur le marché obligataire, et ceci pour 2 raisons. La première, c’est le quantitative easing et tous ses dérivés introduits d’abord par la FED (voir cette video, celle-ci sur les cartes de crédit et aussi celle-ci sur le leverage), puis par la BoE et enfin la BCE (comme quoi malgré les rodomontades caractéristiques des vieux prétentieux, JCT finit par suivre le troupeau en maugréant); on ne peut pas vraiment comprendre sans mettre les mains dans l’obligataire. La seconde, c’est que l’assurance vie étant le placement préféré des Francais (rassurez-vous, c’est l’unique référence à Jacques Marseille que je ferai dans tout cet article), l’obligataire concerne un maximum de gens convaincus d’etre complètement à l’abri du risque de marché (les naifs!).

Le marché obligataire, c’est le marché de la dette de qualité variable: en gros (dans ce papier, on ne cherche pas à etre le plus pointu possible, mais à etre compréhensible par un maximum de lecteurs), il se subdivise suivant 2 axes, la dette privée et la dette d’état d’une part, la dette court-terme et la dette long-terme d’autre part. Au contraire (en apparence) des marchés actions, un surplus de demande sur le marché obligataire fait chuter les rendements, puisqu’elle fait monter les prix.

Par exemple, si le Zimbabwé emet pour 1 milliards de USD d’obligations à 10 ans et que (par exemple toujours) Natixis trouve que c’est une bonne idée de placer les dépots en assurance-vie de papy et mamy dans ces titres, alors l’émission sera souscrite au marché primaire, le prix sera soutenu et le rendement basé sur les taux d’intéret très bas actuellement sera faible. Supposons maintenant que 15 jours après, ce meme pays connu pour sa grande stabilité financière emette encore pour 10 miliards USD d’obligations d’etat, mais que cette fois, papy et mamy n’ont plus fait de dépot parce qu’ils sont coincés dans le crédit relais entre la maison en Corrèze et l’appartement de la Marina de St-Laurent du Var, alors la demande pour ces nouveaux titres reste faible, et pour appater le chaland, le Zimbabwé doit offrir un rendement plus élevé. A ce moment-là, tout le monde comprend que sur le marché secondaire, les gens ayant souscrit les titres de la première émission vont vendre massivement afin de se reporter sur la seconde, puisqu’à risque comparable, le rendement va etre sensiblement plus élevé. Voila comment papy et mamy se retrouvent exposé à un risque de marché non négligeable par les temps qui courrent alors que leur conseiller d’épargne leur avait dit le contraire! Mince alors …

A ce niveau de la discussion, il faut préciser que le risque de crédit, c’est une affaire très sérieuse, et c’est le boulot des agences de notation (Fitch, Moody’s, Standard&Poor’s) de classer la dette etatique et privée en plusieurs catégories décroissantes en qualité (et donc croissante en rendements, celui d’un junk bond étant nécessairement plus élevé que celui d’un emetteur très sur). Le problème, c’est que quand on met les mains dans le cambouis, on se rend compte que l’on évalue ce risque de crédit à l’aide de variantes de la célèbre formyle de Black-Scholes, utilisée pour le pricing des dérivés actions; ca met déjà un peu la puce à l’oreille, mais papy et mamy ne lisent pas l’anglais et ils ont attrapé froid en voulant se baigner trop tot sur les plages nicoises.

Vous allez me dire, qu’est-ce qu’on s’en tape de papy et mamy, ils n’avait qu’à rester en Corrèze à faire les gouters des époux Chirac. Sauf qu’au delà des assurances vies « sans risque », il y a le problème lié aux possibilités concrètes d’écouler la dette d’état croissant à un rythme stupéfiant depuis 20 ans et plus particulièrement depuis les discours sur les plans de relance. Pas de problème, nos états occidentaux ont la note la plus haute AAA, et tout le monde achète notre dette … Ainsi nous parlent les journalistes de la presse généraliste. Sauf que non. Récemment, on parle de la possibilité de dégrader la note de crédit de, excusez-moi, la première puissance économique mondiale, les USA (regardez maintenant l’évolution du T-bond à 10 ans plus haut). Une émission obligataire de l’Allemagne a eu du mal à trouver suffisamment de souscripteurs il y a quelques mois. Les investisseurs institutionnels ont partiellement boudé cette émission qui s

(39 commentaires)

  1. Pas tous. Depuis un an, j’ai vidé complètement mon assurance-vie. Placer de l’argent dans un tel placement actuellement, ca revient à acheter du risque pratiquement sans rendement.
    Les intervenants de marchés, supposés rationnels en théorie, devraient s’en rendre compte rapidement, non ?

  2. Et moi qui pensais betement que l’assurance vie n’était qu’un mode fiscal et qui nous permettait de placer notre argent sur les fond de notre choix (actions, obligations, monetaire)… non?

  3. @ Laurent:
    Ou as tu placé l’argent de ton assurance vie?

  4. Sur mon PEA, en BX4 notamment. Tant qu’à acheter du risque et payer des commissions et des impots, autant que ce soit pour qqchose qui rapporte!

  5. Le risque obligataire dont vous parlez ne concerne que les obligations à taux fixe et à échéance lointaine (>3ans) ?? Il y a t il un risque avec des obligations à taux variable (outre le defaut d’émetteur) ou avec des fonds en « monétaires » ??

  6. Ben, vu les taux directeurs actuels, les échéances proches sont à taux très bas. En particulier le monétaire est nettement sous les 2% commissions déduites. Donc quelque soit la situation, rester dans un tel marché vu les rendements dont on dispose, c’est essentiellement du risque (possiblement faible) sans rendement. Un peu comme en maths quand on regarde une indéterminée du type 0/0 …

  7. Ben en fait dans mon épargne groupe j’ai placé une petite somme dans un fond monétaire/obligation qui tourne autour de 5% net (en regardant sur un moi et en annualisant). Je suis un peu étonné de la perf vu la faiblesse des taux et donc je pose vraiment des questions…

  8. Selon moi, 2 possibilités pour approcher un tel pourcentage: 1/ tu as un fonds dit « dynamique » (ceux qui ont été bloqués pendant l’été 2007) qui contient entre autres des produits dérivés sur les marchés à terme ou 2/ ton fonds contient des obligations corporate (de la dette provée, quoi). En regardant très précisément le prospectus du fonds (et ta banque peut faire la sourde oreille pour te le fournir), tu devrais pouvoir y voir plus clair.

  9. Voilà ce que j’ai trouvé dans la doc:
    Ce fonds est constitué uniquement de produits obligataires et monétaires.
    Objectif : valorisation régulière du capital de façon trés prudente.
    composition du fonds
    obligation à taux variable : 27,45 %
    obligation à taux fixe : 58,46 %
    produits monétaires : 14,09 %
    Indice de référence
    50% EURO MTS 1-3 ans (Obligations), 50% EONIA BASE 100 31/12/90 (Monétaire)
    Performance du FCPE sur les 5 dernières années :
    Evolution de la part en 2008 : + 4,87 %
    Evolution de la part en 2007 : + 3,84 %
    Evolution de la part en 2006 : + 2,39 %
    Evolution de la part en 2005 : + 2,14 %
    Evolution de la part en 2004 : + 2,61 %

  10. Et avec 14% de monétaire, ils osent appeler ca un fonds monétaire !! Décidemment, comme disait Bernays, plus c’est gros et plus ca marche. Concrètement, à travers ce fonds, tu es exposé au risque obligataire, c’est à dire à une vente massive due à une forte défiance devant la qualité de la dette long terme. Ca peut résulter d’une dégradation de la note souveraine d’un Etat ou de la révélation d’une situation financière fragile pour une entreprise. Vu le revenu actuel, je trouve encore et toujours que ce soit du risque sans rendement (mais c’est un avis purement personnel).

  11. En fait je n’avais pas trop le choix, obligé de placer dans un des trois fond (actions, obligation ou « monétaire ») proposés par l’organisme d’épargne groupe. Sinon je perdais 33% en impots sur le revenu…

  12. Ce fond là était le moins pire proposé. Le fond en action (pas diversifié du tout: une seule entreprise que je ne citerai pas) donnait un abondement mais avec le dèsavantage de ne pas pouvoir être débloqué en anticipé avant deux ans…

  13. tu peut aussi inclure les obligations a taux variable. cela fait 85%.

  14. @logique
    Oui, concernant celles à taux variable, tu veux parler du risque d’émetteur ?

  15. Ben oui, chaque type d’obligation est exposée au risque emetteur. Une obligation est une créance associée à l’un d’entre eux à un moment donné. Tu choisis une durée longue pour avoir un rendement plus important, mais en compensation, le risque est plus important puisque plus la période est longue, plus la probabilité de faire défaut augmente (on ne sait pas vraiment de quoi sera fait le paysage économique d’ici 30 ans!).

  16. Je ne sais pas se que vous(les lecteurs) pensez du marché. Mais personellement j’ais du mal a vraiment comprendre ou nous en sommes. En fait j’y comprends plus rien. Qui achéte ?

  17. Ca dépend ce qu’on a comme projet. Un mec qui pense s’aggrandir ou acheter un appart dans un an à intérêt à laisser sur un CSL même si ça ne rapporte que 1.3% net par an. Si le marché local perd 9% en un an, c’est comme s’il avait placé à 10% sans risque… Perso, je ne suis pas très courageux et garde le la plus grosse part en cash.
    Ceci-dit je suis attentivement le niveau des prix car je suis un peu effrayé par le spectre de l’inflation à cause des rachats d’actifs par les banques centrales.

  18. Très intéressant, ce petit graphique de la courbe des taux. Ce steepening qui donne à cette courbe une forme en S (comme la courbe du pH en cours de chimie au lycée) est un truc bien analysé par M. Armstrong (le type en taule de Princeton economics). Il y a tellement de signaux indiquant que le marché marche sur la tete actuellement qu’on pourrait en faire un catalogue …

  19. en effet, « le marché marche sur la tête » …
    la baisse des indices semblait être amorcée la semaine dernière et ce lundi matin, relayé par BFM d’ailleurs, qui annonçait le début du « sell in may » …
    hausse sur des volumes anémiques depuis 2 mois, y a plus rien à comprendre.

  20. « U.S. Needs More Inflation to Speed Recovery » dans cette phrase tout est résumé. L’idée se répand aux US et touche même des consillers de la maison blanche.
    http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=auyuQlA1lRV8
    A propos de la courbe, le delta du rendement 10Y-2Y est à des sommets historiques(>230 points). 2 explications trés fortes croissance anticipée(gros doute!)ou forte inflation.
    http://seekingalpha.com/article/135301-treasury-yield-watch-how-steep-is-my-valley

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