Les ennuis continuent pour le groupe pétrolier BP en Russie. Pas totalement surprenant si l’on tient compte de l’appétit grandissant de Gazprom et du Kremlin pour s’assurer la main-mise sur les ressources énergétiques russes, telles le pétrole et le gaz.
Des enquêteurs de la police russe ont effectué mardi après-midi une perquisition au siège du groupe pétrolier britannique à Moscou.
Le nerf de la guerre ? Le niveau de participation souhaité par le groupe gazier Gazprom dans le champ gazier de Kovykta, en Sibérie.
Se voyant demander si la police effectuait une perquisition, le porte-parole de BP, Vladimir Bouyanov, a répondu par l’affirmative, confirmant que le groupe faisait l’obejt d’une enquête et qu’il coopérait.
« Le travail du bureau n’a pas été interrompu », a-t-il ajouté.
BP et le groupe pétrolier russe TNK-BP, dont il détient 50%, avaient déjà fait l’objet de perquisitions par les services secrets russes en mars dernier.
Suite aux pressions qui avaient été exercées contre le pétrolier britannique, le groupe gazier Gazprom avait pu acquérir en juin 2007 une part majoritaire de TNK-BP dans le champ gazier de Kovykta, en Sibérie.
A cette date, TNK-BP avait ainsi vendu à Gazprom les 62,9% qu’il possédait dans Rusia Petroleum, ainsi que ses 50% dans la société East Siberian Gas Company, chargé de construire le projet gazier régional. TNK-BP avait annoncé en décembre 2006 être en négociations avec Gazprom sur une entrée de ce dernier dans Kovykta. Mais le géant gazier russe avait semblé alors se faire prier, affirmant que les possibilités de commercialisation du gaz étaient limitées et que les risques étaient trop importants.
Pour mémoire, les réserves du gisement de Kovykta, qui est considéré comme l’un des plus prometteurs de Russie notamment pour l’approvisionnement du marché asiatique, sont estimées à 1.900 milliards de m3 de gaz.
TNK-BP, troisième groupe pétrolier russe en termes de réserves et de production, a été créé en 2003. Il est détenu à 50% par la major britannique et à 50% par le consortium russe Alfa Group, mais Gazprom est depuis longtemps soupçonné de vouloir acheter la part détenue par les Russes.
Sources : AFP, Ria Novosti
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Russie: les siloviki ne lâchent pas BP (Gazeta.ru)
16:40 | 21/ 05/ 2008
MOSCOU, 21 mai – RIA Novosti. A peine deux mois se sont écoulés depuis la dernière perquisition au bureau moscovite de British Petroleum, et voilà que l’expérience se répète, note mercredi le quotidien Gazeta.ru.
En mars dernier, ce sont des employés du ministère de l’Intérieur qui avaient investi le bureau de BP, et cette fois-ci, la compagnie a suscité l’intérêt du Service fédéral de sécurité (FSB). Cette « promotion hiérarchique » de l’affaire est sans doute liée à l’intensification de la lutte pour le paquet d’actions russe de TNK-BP.
Au début du printemps, les acteurs du marché ont considéré ces démarches comme une tentative de pression sur la compagnie, dans l’intérêt de Gazprom, de la part des autorités russes. Premièrement, TNK-BP, étant l’un des plus grands producteurs indépendants de gaz, essaie de contester le monopole de Gazprom en matière d’exportation de gaz russe et mène des actions de lobbying pour que la loi en question soit amendée. Deuxièmement, la transaction concernant le gisement de Kovykta, dont la licence pour la mise en valeur est détenue par Rusia Petroleum, filiale du holding russo-britannique, n’est pas encore achevée. La compagnie est prête à vendre son droit d’exploiter le gisement pour 1 milliard de dollars.
Cependant, selon les experts, le monopole gazier espère à présent obtenir la part russe de TNK-BP. Selon certaines informations, la moitié de TNK-BP coûterait à Gazprom 20 milliards de dollars. Ce sont les problèmes artificiellement créés avec les autorités qui pourraient accélérer la transaction portant sur la vente de cette moitié de TNK-BP, estime Ivan Andrievski, partenaire exécutif de la compagnie 2K Audit – Delovye konsoultatsiï.
Dmitri Abzalov, expert du Centre de conjoncture politique, est lui aussi d’avis que cette nouvelle perquisition fait partie d’une campagne de longue date visant à affaiblir TNK-BP. Selon lui, l’hypothèse de la vente d’une part de TNK-BP, depuis longtemps envisagée par les acteurs du marché, suppose que le nouveau propriétaire recevra non pas une certaine quantité d’actions de la compagnie, mais le bloc de contrôle lui-même.
Il a été prévu que GazpromNeft rachète 50% aux actionnaires russes, et encore un pour cent à British Petroleum, explique M. Abzalov. Mais BP perdrait ainsi sa position de propriétaire paritaire, grâce à laquelle il pouvait inclure dans sa comptabilité les réserves russes d’hydrocarbures, augmentant ainsi sa capitalisation. La position d’actionnaire minoritaire, selon l’expert, est beaucoup moins avantageuse pour BP. Il est évident que la compagnie britannique a jugé que Dmitri Medvedev était un homme politique moins rigoureux que Vladimir Poutine, suppose Dmitri Abzalov. Mais M. Medvedev semble avoir décidé de défendre les intérêts de Gazprom, car on estime que le nouveau chef du FSB Alexandre Bortnikov a été nommé à ce poste, dans une grande mesure, grâce au nouveau président.
« Premièrement, TNK-BP, étant l’un des plus grands producteurs indépendants de gaz, essaie de contester le monopole de Gazprom en matière d’exportation de gaz russe et mène des actions de lobbying pour que la loi en question soit amendée. »
C’est exactement cela qui avait valu à Khodorkovsky ce qui lui est arrivé.