Airbus renoncerait à céder Méaulte et St Nazaire à Latecoère

Airbus_meaulteComme quoi, la presse allemande était bien informée. Alors que dès le week end dernier, le quotidien Die Welt indiquait – citant Fabrice Brégier, le président d’Airbus France – que la vente des usines de Méaulte et de Saint-Nazaire à Latécoère pourrait être annulée en raison de difficultés de financement dues aux conditions de marché actuelles, de nouveaux évènements semblent confirmer ses dires.

Airbus va annoncer mercredi l’arrêt des négociations avec l’équipementier aéronautique Latécoère pour la vente de deux usines françaises, affirme ainsi le quotidien les Echos.

Les discussions sur la vente des sites français de Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ont « achoppé, comme en Allemagne, sur la dégradation du dollar face à l’euro et des conditions de crédit« , selon le journal.

Mais affirme néanmoins « Les Echos », la maison mère d’Airbus, EADS, « ne renonce pas pour autant« . Les deux sites français de l’avionneur « vont être regroupés dans une nouvelle filiale, qui pourra accueillir ultérieurement des partenaires financiers« , écrit ainsi le quotidien.

Dans la journée de mardi, les organisations syndicales d’Airbus avaient d’ores et déjà laissé entendre que l’avionneur était sur le point d’abandonner son projet de cession de deux usines à Latécoère, opération à laquelle ils s’étaient opposés, après l’abandon de la vente de trois usines en Allemagne. Les salariés français estiment en effet avoir été traités de manière inéquitable lors du processus de vente.

Des responsables syndicaux ont ainsi déclaré qu’EADS, maison mère d’Airbus, a dû renoncer aux discussions de vente des usines en raison de la difficulté de réunir les crédits nécessaires. « La direction d’EADS a observé les difficultés de Latécoère pour lever des fonds et envisage de créer une nouvelle aérostructure en France comme elle a l’intention de le faire en Allemagne« , a ainsi expliqué une source syndicale.

Selon une deuxième source syndicale, Airbus souhaite désormais conserver une majorité de contrôle des usines plutôt que d’en conserver une participation minoritaire avec une option pour en sortir complètement.

Latécoère a reconnu pour sa part des changements dans la manière dont Airbus comptait procéder mais a démenti tout problème de financement. « Nous sommes toujours candidats à l’achat de deux sites en France aux conditions qui ont été présentées à l’origine« , a déclaré un porte-parole du groupe. « A ma connaissance, nous n’avons connu aucun des problèmes financiers dont on a entendu parler ici ou là« .

Rappelons que pour pouvoir réaliser une telle opération, Latécoère devrait lever 300 millions d’euros pour créer une filiale commune avec Airbus, dont l’avionneur détiendra 40%.

A la différence de leurs homologues d’Airbus, les syndicats de Latécoère avaient soutenu le projet de reprise de certaines usines d’Airbus afin de créer un équipementier de plus grande taille avec un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Une source syndicale au sein du groupe a néanmoins affirmé que ces projets semblaient également compromis. « Airbus cherche une excuse pour s’aligner avec le modèle allemand« , selon ses dires.

EADS, maison mère d’Airbus, doit réunir son conseil d’administration le 13 mai à Amsterdam, a par ailleurs indiqué lundi une source proche de l’entreprise. Le Journal du Dimanche (JDD) avait affirmé le 4 mai qu’EADS pourrait réunir son conseil d’administration dès mardi 6 mai pour « décider de poursuivre ou non » la cession des sites concernant sa filiale en France, Allemagne et Angleterre.

Pour rappel, la vente de six sites européens d’Airbus était prévue par le plan d’économies Power8 annoncé en 2007. Mais fin mars, le groupe avait annoncé l’échec des tractations avec l’allemand MT Aerospace à propos de la reprise des usines de Varel, Nordenham et Augsbourg, en Allemagne.

Sources : AFP, Reuters

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