BCE : Jean-Claude Trichet garde le cap

Jeanclaude_trichetComme prévu, la Banque centrale européenne a décidé cet après-midi de jouer le statu quo, laissant son principal taux directeur inchangé à 4 %. En septembre et en octobre déjà, les taux n’avaient pas bougé, les gardiens de la stabilité monétaire n’ayant pas osé les relever en raison de la crise financière et des risques de ralentissement économique. Cette fois encore, Jean-Claude Trichet a souligné dans sa conférence de presse que « la forte augmentation de l’inflation est une raison d’inquiétude particulière ». En octobre, les prix à la consommation ont en effet grimpé de 2,6 % en rythme annuel, sous l’effet conjugué de la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires.

Mais les menaces qui pèsent plus que jamais sur la croissance européenne avec la glissade du dollar par rapport à l’euro, la crise du crédit et l’envol du prix du baril ont une nouvelle fois eu raison des vélléités de resserrement monétaire de la BCE. Sans la convaincre pour autant de baisser les taux…

Pour légitimer la décision de la Banque centrale, Jean-Claude Trichet a déclaré que les mouvements récents sur les changes ont été « forts et abrupts », et, en tant que tels, « malvenus ». La position du groupe des sept pays les plus industrialisés du G7, qui tient pour « indésirables » les « mouvements désordonnés » des changes est « plus que jamais vraie », a-t-il insisté.

La mission première de la Banque centrale européenne est de garantir la stabilité de l’euro. Mais alors qu’en septembre les pressions inflationnistes l’avaient conduite à envisager un relèvement des ses taux, la crise financière venue des Etats-Unis (crédits hypothécaires à risque) avait stoppé net ce projet. Celui-ci n’était, dans l’esprit des autorités monétaires européennes, que reporté. Au grand dam d’un certain nombre de responsables politiques, qui appelaient au contraire de leurs voeux une baisse des taux, considérant que l’affaiblissement de la croissance dans la zone euro et les politiques de changes agressives des Etats-Unis et de la Chine rendaient nécessaire un assouplissement monétaire.

Hier la France, par la voix de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes Jean-Claude Jouyet, avait encore demandé à la BCE de prendre sa décision en tenant compte de « l’euro fort » et du « renchérissement du coût du pétrole ». Le ton n’est plus à la polémique mais la préoccupation demeure.

De fait, la position de Jean-Claude Trichet est extrêmement délicate. Non contente d’être coincée entre deux nécessités contradictoires (lutter contre le retour de l’inflation mais ne rien faire qui puisse compromettre la croissance économique), la BCE est encore fragilisée par la politique de son partenaire américain. Les baisses de taux de la Fed viennent troubler le jeu. Malgré leurs protestations de bonne volonté (« Un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis »), les Américains s’accommodent en effet très bien de la chute vertigineuse de leur monnaie. Entre stabilité monétaire et politique de changes favorable à la relance des exportations, leur choix est fait. Sans compter qu’un dollar faible est le meilleur moyen aujourd’hui de réduire le fardeau de l’énorme endettement américain.

La BCE pourra-t-elle garder longtemps ce cap ? Comme Jean-Claude Trichet l’a rappelé lundi sur France 2, le taux directeur américain est toujours supérieur au taux européen. Mais l’écart se réduit, et surtout les logiques monétaires, de part et d’autre de l’Atlantique, sont actuellement opposées. Il faudra attendre de voir comment évoluent la crise financière et les chiffres de la croissance – ainsi que la prochaine décision de Ben Bernanke en décembre – pour savoir si le statu quo monétaire européen, avec la perspective d’un relèvement des taux, est tenable.

Source : AFP

(17 commentaires)

  1. Bon ok, un faible dollar ca leur permet de diminuer leur endettement… Mais quand meme, ils vont commencer a avoir de serieux problemes d’inflations s’ils continuent !
    Je pense qu’on peut ajouter a l’article que Mr. Trichet a ajoute un mot clef, qu’il avait deja utilise lorsque l’euro devenait trop faible face au dollar: « Brutal moves ».
    Malheureseusement pas d’effet immediat, la credibilite de la BCE risque d’etre remise en cause par le marche au cours des prochains jours

  2. « En octobre, les prix à la consommation ont en effet grimpé de 2,6 % en rythme annuel, sous l’effet conjugué de la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires. » et ce n’est pas de l’inflation ca ? super menteur dont le mandat est de préserver la valeur de la monnaie va bientôt attendre que l’inflation soit a 10 % pour agire ? et la crédibilité de la BCE… bravo. que les américain garde leurs papiers hygiènique vert donc la quantité est suffisante pour la consomation annuelle de tous les postérieur du monde. les prix mondiaux etant libéler en $ qui souffre le plus des prix de l’or noir en ce moment ? le commerce intra europeen représente plus de 50 % du commerce des pays de l’union; nous payerons les matières première moin cher c’est tout et nous ne serons pas plus malheureux que cela . Faire croire au gents que l’euro fort est une ruine pour l’europe est le France est proprement scandaleux. le seul problème Français est sa dete monstrueuse et surement pas sa compétitivité.
    si la BCe ne respecte pas son mandat il ne faudra pas etre surpris que les capitaux patrtent et que les europeen rale jusqu’a enterré cette mascarade burlesque.

  3. « Hier la France, par la voix de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes Jean-Claude Jouyet, avait encore demandé à la BCE de prendre sa décision en tenant compte de »
    >>>>>de l’abyssal déficit de la France
    que la hausse des taux creuserait, affaiblirait encore sa position en Europe.
    Qui a dit que la BCE était indépendante??

  4. De toute manière, l’indépendance de la BCE (ou d’ailleurs des autres banques centrales) est un joli mensonge. L’indépendance, non pas rapport aux différentes j’entends, mais par rapport aux puissants intérêts privés.
    Sinon, les chiffres officiels de l’inflation sont à mourrir tellement… ils ne reflètent pas la réalité.
    De toute manière, je vois mal ce que les banques centrales vont pouvoir faire avec les déséquilibres économiques monstrueux qui se sont accumulés durant ces dernières années. Là, soit on baisse les taux et on peut dire bonjour stagflation (récession économique + hyperflation), soit on hausse les taux et là, bonjour le krach immo et la dépression économique qui s’en suit (en regard de la taille de la bulle immo.).

  5. Si j’étais un premier ministre français je dirais: »d’accord vous vous appauvrissez, mais c’est pire ailleurs ! »
    IRLANDE. L’inflation a grimpé à 4,8 % sur un an
    « L’inflation a grimpé à 4,8 % sur un an en octobre, après 4,6 % en septembre, selon les données communiquées hier par l’Office central des statistiques (CSO). »

  6. Trichet affirme que la BCE est prête à intervenir pour contrer l’inflation
    Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a affirmé à Wiesbaden (centre de l’Allemagne) que la BCE était prête à intervenir pour contrer l’inflation, samedi à cinq jours de sa décision sur une éventuelle hausse des taux d’intérêt en zone euro.
    « Le conseil des gouverneurs de la BCE est prêt à contrer les risques à la hausse pesant sur la stabilité des prix dans le cadre du mandat » qui lui a été fixé, a affirmé le Français lors d’une réunion des conservateurs allemands de la CDU à Wiesbaden.
    « Le conseil des gouverneurs va surveiller de très près toute évolution », a-t-il ajouté, selon le texte de cette intervention diffusé sur le site internet de la BCE.
    M. Trichet, qui présidera jeudi la première réunion du conseil des gouverneurs de la BCE de 2008, a ajouté que « l’inflation devrait rester nettement au dessus de 2% dans un futur proche et ne devrait ensuite ralentir que graduellement au cours de l’année 2008 ».
    L’inflation a atteint 3% en novembre en zone euro, soit bien au-dessus de l’objectif d’un chiffre légèrement inférieur à 2% de la BCE. Et l’institution monétaire craint qu’elle ne contamine le reste de l’économie, notamment via des hausses de salaires –ce qu’elle appelle les « effets de second tour ».
    A ce propos, le président de la BCE a réaffirmé mot pour mot ce qu’il avait indiqué dans le rapport mensuel de l’institution en décembre: « En agissant fermement et à temps (…), le Conseil des gouverneurs fera en sorte que les effets de second tour et que les risques pour la stabilité des prix à moyen terme ne se matérialisent pas ».
    Lors de sa dernière réunion en décembre, la BCE avait laissé son principal taux directeur inchangé à 4%.
    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?news=4996377

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