Et voilà les agriculteurs qui se réveillent ! On attendait les syndicats, les fonctionnaires ou les enseignants, ce sont eux qui ouvrent le bal !
Petite crainte de se voir pointer du doigt face à la hausse du prix du blé, qui est liée en grande partie à l’impact de la « vogue » des biocarburants ? … Mais qui ne semble absolument pas être la cause première de la flambée actuelle – et à venir – du prix du pain.
Il est vrai que ce ne sont pas les producteurs en amont ( à savoir les exploitants agricoles) qui bénéficieront de la supposée nouvelle manne, mais comme très souvent intermédiaires et industriels qui pourraient en »profiter » pour augmenter leur marge. Remarquez, quand le prix de l’essence augmente … on ne demande pas au gouvernement de préciser quelle est la part de l’augmentation directement imputable à la hausse du cours du brut … et non aux taxes pétrolières.
Le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a réitéré mercredi sa demande au gouvernement de faire appliquer « les lois sur les négociations commerciales » et réclamé la transparence sur les prix et les marges.
« Nous réclamons une vraie transparence des marges dans tous les maillons » de la chaîne « afin que le consommateur connaisse les coûts réels des produits », allant du prix des matières premières au prix payé à la caisse des magasins, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse. Les producteurs ne veulent pas « endosser une responsabilité qui n’est pas la leur », a-t-il déclaré. Et de déplorer qu’entre producteurs et distributeurs s’est instauré un « véritable rapport de force et non un partenariat ».En raison de l’augmentation des coûts de production, « les prix doivent impérativement augmenter pour les producteurs si nous ne voulons pas connaître la crise dans certains secteurs », a insisté M. Lemétayer. Il est vrai que les agriculteurs doivent eux aussi faire face à l’augmentation des cours du pétrole.
En outre, a-t-il poursuivi, il ne s’agit pas de « tout mettre sur le compte des matières premières« . Approfondissant les propos de Christine Lagarde (les mauvaise langues diront que la tâche n’est pas trop dure ..), le président de la FNSEA a ainsi cité à titre d’exemple, le prix du pain. Selon ses explications, la hausse de la baguette serait consécutive en majeure partie de l’augmentation du Smic et autres charges, et très peu lié au coût des matières premières.
Des membres de la FNSEA vont organiser dès la semaine prochaine en Bretagne et les Pays de la Loire des actions au sein de la grande distribution, a révélé Christiane Lambert, vice-présidente du syndicat agricole. « Nous allons notamment distribuer des tracts aux consommateurs expliquant qu’en raison de l’incidence du coût de l’alimentation pour les animaux, les charges des producteurs explosent », a-t-elle dit. Pour rappel les charges d’exploitation liées à l’alimentation du bétail sont fortement dépendantes du cours des céréales.
Pour rappel, en 2002, 70 % des surfaces agricoles françaises étaient utilisées pour la nourriture des animaux. A la même période, la moitié des surfaces agricoles était destinée en France à la production de fourrage. Mais ce type d’alimentation ne suffit pas pour les animaux très productifs, comme les vaches laitières. Ceux-ci ont besoin de beaucoup plus de protéines. Elles leur sont apportées habituellement par les pois et les sous-produits de la fabrication de l’huile (tourteaux de colza et de soja) auxquels sont consacrées 20 % des surfaces agricoles. Ces compléments représentent alors de 20 à 25 % de la ration alimentaire. Cet apport n’est que de 10 % dans les races à viande ou chez les vaches laitières moyennement productives.
M. Lemétayer réclame en outre que soient « réellement appliquées les différentes lois » (Galland, Dutreil) sur les négociations commerciales entre distributeurs et producteurs. Des lois qui ne seraient pas appliquées, çà existe ? …
Au sein du monde agricole, « l’ambiance générale n’est pas à l’euphorie », a-t-il par ailleurs relevé. Certains secteurs « connaissent une embellie des marchés en terme de prix (secteur laitier, productions végétales…) », a-t-il reconnu « mais c’est loin d’être le cas pour d’autres » (fruits et légumes, etc.). Les problèmes « sont loin d’être résolus, sectoriellement, il y a des soucis qui prennent de l’ampleur », a-t-il dit faisant notamment référence aux éleveurs du Pas-de-Calais confrontés à la fièvre catarrhale.
Evoquant la question des OGM, M. Lemétayer a insisté sur la nécessité d’obtenir « un débat politique parlementaire » car « on ne peut pas rester dans une situation équivoque. La France ne peut pas être en marge de l’Europe, alors que les marchandises circulent librement au sein de l’Union européenne », a-t-il souligné.
Source : AFP, Science et décision
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On comprend mieux leur réaction, devant le silence assourdissant de nos ministres sur la responsabilité des distributeurs dans la hausse des prix.
On parle des marques, du prix des matières premières et du prix de vente… mais jamais des marges des hypermarchés et des petits commerçants !
Mais quel ministre serait assez fou pour s’attaquer à la puissance commerciale d’un Carrefour ou d’un Leclerc ?
Il faut effectivement, et comme c’est le cas pour toutes les filières, distinguer les prix et les coûts, en faisant la courte addition : coûts + marge = prix (- subventions).
Cette équation simpliste est vrai, qu’on soit producteur, négociant, industriel ou distributeur.
La plupart des indices de variation des coûts utilisés dans un secteur (par exemple le BTP) sont des indices composés d’une part modeste de matériaux (30% au max), le reste étant constitué de salaires.
Cela signifie qu’une variation forte des cours d’une matière première (le blé, mais aussi le cuivre, le nickel, l’acier dans leurs temps) ne se traduit pas par une hausse directe des coûts, dans la mesure où les salaires jouent un rôle d’amortisseur à l’augmentation : c’est le rôle fondamental des salaires dans la stabilité des prix et le contrôle de l’inflation dans une période haussière des cours.
Cela signifie également qu’une forte augmentation des prix provient généralement soit d’un réajustement de masse salariale, soit d’une augmentation soudaine des marges des entreprises.