Parmi les sujets qui suscitent polémiques et controverses, tout spécialement sur Internet, il en est un qui déchaîne les passions autant que les imaginations : l’ouverture d’une éventuelle Bourse iranienne du Pétrole, annoncée pour le mois de mars prochain.
Alors, prémisse de la fin du monde ou ‘hoax’ planétaire ? Les positions sur le sujet sont souvent plus tranchées qu’elles ne sont réfléchies. Afin d’y voir plus clair, Le Blog Finance a mené son enquête.
En voici les résultats. Première partie : le contexte.
Commençons par un rapide tour d’horizon des textes qui circulent sur Internet, la presse papier n’ayant guère abordé ce sujet. Le site Financial Sense de l’américain Jim Puplava, qui donne la parole à des investisseurs non conformistes du monde entier, a publié quelques articles sur ce sujet. A commencer par celui de l’autrichien Toni Straka, daté d’août 2005 et intitulé « La Bourse iranienne du Pétrole pourrait tuer le dollar américain ».
Plus récent et cité par nombre de sites internet et de forums, l’article publié sur Le Metropole Café et repris – entre autres – sur Financial Sense et Gold Eagle : « La proposition de Bourse iranienne du Pétrole ». Il est rédigé par Krassimir Petrov, présenté comme un professeur d’économie à l’Université américaine de Bulgarie.
En Français, ces textes ont été relayés par les sites d’informations dits « alternatifs », comme Bellaciao, ou encore Franck Biancheri et son Europe2020, qui se présente comme un « think tank » européen. Des sites qui annoncent la cotation du pétrole en euros dès le 20 mars prochain en Iran ainsi que la fin du système mondial basé sur le dollar américain. Rien de moins.
Journaliste du site FranceBourse.com de Jean-David Haddad, notre consoeur Aurélie Noailly prend une position nette : tout cela n’est qu’affabulations, selon l’article qu’elle a publié voilà une dizaine de jours. A notre connaissance, cette prise de position par un organe de presse français, fut-il en ligne, est unique en son genre.
Ce genre de polémique n’aurait vraisemblablement pu avoir lieu sans l’existence d’Internet, des forums et des blogs, et du « réflexe Google ». Le tout sans prendre soin de vérifier les sources, recouper un minimum l’information et s’assurer de la vraisemblance des résultats. Encore un effet inattendu de la mondialisation ?
C’est un tort, un grand tort car cette affaire a bel et bien un fond de vérité. Un fond seulement. Reprenons les choses dans l’ordre avec un semblant de méthode.
- Commençons par le commencement…
Schématiquement, les négociations du pétrole sont libellées en dollars américains. Les deux principaux marchés sont le New York Mercantile Exchange (Nymex) et l’ex-International Petroleum Exchange (IPE) du marché de Londres, devenu ICE Futures, du nom de l’entreprise d’Atlanta, Incontertinental Exchange qui l’a racheté en 2001. Sur l’ICE, le baril de référence est le fameux « Brent » de Mer du Nord. Une centaine d’entreprises sont enregistrées auprès de l’ICE et interviennent sur le marché au travers des « traders » qu’elles emploient.
Parallèlement à ces grands marchés internationaux, le développement de marchés régionaux est une réalité. Dans le golfe persique, Dubaï a lancé en 2003 son Dubai Metals & Commodities Center (DMCC), dirigé par David Rutledge, ancien vice-président du New York Board of Trade. On peut y échanger des pierres précieuses, quelques produits de base comme le thé, et même de l’or depuis l’année dernière. Des produits sur l’énergie sont également envisagés. Les cotations ont lieu en devise locale, convertie en dollars américains. Le 14 février dernier, le DMCC s’est félicité de compter 700 membres d’origine « régionale et internationale ». (Ci-contre, la future « Au Tower » – Tour de l’Or – qui devrait être terminée en 2007. Elle est sise non loin de l »‘Ag Tower » – Tour de l’Argent. Ces deux immeubles abriteront les métiers des métaux précieux).
En 2002, dans le registre spécialisé des métaux précieux, la Chine a ouvert les portes du Shangaï Gold Exchange qui, comme son homologue émirati, étend progressivement la gamme de produits financiers qu’il propose aux investisseurs. Ils sont cotés en yuans, comme les contrats échangés sur le TOCOM japonais, bien plus ancien, sont négociés en yens. Ce dernier propose nombre de produits, comme des ‘futures’ sur pétrole cotés en yens.
Les trois articles de ce dossier :
- Bourse iranienne du Pétrole : info ou intox ? (1/3)
- Bourse iranienne du Pétrole : info ou intox ? (2/3)
- Bourse iranienne du Pétrole : info ou intox ? (3/3)
Merci pour cette article qui remet les pendules à l’heure 😉
Une pièce à apporter à ce débat. Je cite Jérémy Rifkin, « Le rêve européen », page 90 :
« Récemment, Javad Yarjani, un des cadres dirigeants de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a proposé que les pays membres de cette organisation vendent leur pétrole en euros. L’Europe n’est-elle pas le principal partenaire commercial du Proche-Orient et n’importe-t-elle pas beaucoup plus de pétrole du golfe Persique que l’Amérique ? Comme nous l’avons dit, l’UE représente également une plus grande part du commerce mondial.
Le même Yarjani affirme que si les deux grands producteurs européens de pétrole, la Norvège et le Royaume-Uni, adoptaient l’Euro – ce qui arrivera probablement un jour – « cela pourrait créer un mouvement favorable à la fixation des prix du pétrole en euros ». Le cas échéant, dans le monde entier, les Etats importateurs de pétrole n’auraient plus besoin de disposer de réserves en dollars pour acheter du pétrole. Cela entraînerait une baisse significative de la demande en dollars, avec de graves conséquences pour l’économie américaine ».
Merci pour cette article qui remet les pendules à l’heure 😉
Le commentaire était de moi, désolée si j’ai oublié de la signer.
Merci aussi à Chris pour son message : « Le même Yarjani affirme que si les deux grands producteurs européens de pétrole, la Norvège et le Royaume-Uni, adoptaient l’Euro – ce qui arrivera probablement un jour – « cela pourrait créer un mouvement favorable à la fixation des prix du pétrole en euros ».
C’est très intéressant. Plusieurs pays ont déjà adopté le système Euro, comme la Syrie.
Je suis en train de préparer un artcile sur l’effritement du système dollar.
Merci encore à Emmanuel, ces articles sont extrêment pointus, documentés, et on sort des sentiers battus et des dépêches sans analyses.
Amicalment, Marie (qui déconnecte vite, car l’orage revient et qule orage !)
Bonjour,
Nous avons fait quelque recherche sur une societe BRIGHTU dont le site est brightu.com qui nous a contacte par telephone.
Cette societe de Suede propose des placements sur les produits petroliers qui sont totalement factices.
Il n’y a meme pas de contact sur le web site, une vague boite postal; en fait la societe n’existe pas au registre du commerce en Suede. Attention!
Richard Levallois.
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