Le palladium à la croisée des chemins ?

PdpandaSoucieux de maîtriser leurs coûts, les industriels adaptent l’usage des métaux précieux au prix qu’il leur coûte. Une chance pour le palladium, quatrième métal précieux après l’or, l’argent et le platine, qui fait justement partie des métaux « platinoïdes ». Les propriétés du palladium sont assez proches de celles du platine, à la différence de son prix : ce matin à Londres, l’once de palladium cotait 303 dollars quand celle de platine en valait 1.053, soit presque trois fois et demi plus cher !

Une telle différence de prix donne forcément des idées… à ceux qui veulent dépenser moins comme à ceux qui veulent dépenser plus !

Ci-contre : pièce « panda » d’une demi-once de palladium frappée par la République populaire de Chine, à destination des particuliers et à des fins d’épargne. Le « panda » existe aussi en or et en argent.

  • Platine et palladium sont dans un bateau…

Pallacours0005 Surtout, d’ailleurs, que cela n’a pas toujours été le cas : parti de moins de 200 dollars en 1998, le cours du palladium s’offrira une hausse importante qui le portera tout près des 1.100 dollars au début de l’année 2001. Puis en mai 2003, nouveau record de saut en profondeur : l’once tombe sous les 200 dollars, et varie depuis lors entre 200 et 300 dollars les 31,10 grammes. Avec un biais haussier : si le palladium a commencé l’année 2005 à 180 dollars, il l’a terminé à presque 260 et a testé début février les 315/320 dollars.

Platine0004Alors que le cours du platine (voir le graphique ci-contre des cours du platine depuis 2000), lui, a jusqu’en 2000 erré autour des 400 dollars l’once. Début 2001, l’once de platine débute l’année vers 650 dollars, puis retombe en fin d’année à 450. Mais depuis lors, suite à une progression quasiment ininterrompue, le cours du métal a pratiquement doublé et trône désormais à plus de 1.000 dollars. A l’inverse, grosso modo, de son cousin le palladium.

  • Des industriels à la recherche de produits de substitution

Potcatalytique_1 L’industrie est la plus grande utilisatrice qui soit de ce métal blanc. Parmi ses caractéristiques, le palladium a celle d’un excellent catalyseur, l’origine grecque du terme signifiant « dissolution ». C’est-à-dire un élément qui provoque une réaction chimique lorsqu’il mis en présence d’un autre, sans pour autant être lui-même affecté. Déposé sous forme de poudre sur un support de céramique placé dans le pot catalytique, le palladium permet de diminuer la toxicité des gaz d’échappement des véhicules à moteur, notamment les rejets de plomb.

Les premiers pots catalytiques développés utilisaient principalement le platine, alors que les cours étaient encore relativement bas et que la demande de véhicules équipés de « convertisseurs catalytiques » restait mesurée. Depuis que les réglementations sur la pollution, notamment en Europe, sont beaucoup plus strictes, les industriels ont dû équiper les véhicules diesel de pots à catalyse.

Avec la hausse des volumes de véhicules vendus et celle du prix du métal, la question du métal de substitution se posait naturellement. Surtout que chimiquement, platine et palladium sont assez proches, dont partiellement interchangeables. C’est tant et si vrai que l’industrie automobile est aujourd’hui la première consommatrice de palladium.

  • Mais le monde de la bijouterie n’est pas en reste !

Pden9 Interrogé par le quotidien malais Business Times le 2 mars dernier, Alastair McIntyre, directeur du marketing pour la banque canadienne ScotiaMocatta à Hong Kong, déclare que pour le platine, « au-dessus de 900 dollars, on commence à voir moins d’intérêt, et certainement moins de demande. Après 900 dollars, on commence à constater un phénomène de substitution » avec le palladium.

Selon les données des douanes chinoises citées par le quotidien, en janvier, les importations de platine de l’Empire du Milieu se sont réduites alors que celles de palladium ont grimpé. Réduites, le terme est faible : selon cette source, en janvier 2006, la Chine a importé 952 tonnes de platine de Suisse, d’Afrique du Sud et du Japon ; soit… 41,3% de moins qu’en janvier 2005 ! Notons cependant que ces statistiques sont volatiles.

Et ce n’est pas seulement à cause des pots catalytiques, l’environnement n’étant pas une question si sensible là-bas : il se trouve que la Chine est le premier consommateur mondial de bijoux en platine. Et que la demande de bijoux en platine est bien moins sensible au prix que l’industrie. Mais quand même : à partir de 1.000 dollars l’once, même la demande de bijouterie commence à caler. Le raffineur de métaux précieux Johnson Matthey estime d’ailleurs que le demande chinoise de platine de bijouterie aura vraisemblablement reculé de 10% en 2005.

Le Business Times rapporte d’ailleurs qu’outre les industriels, les bijoutiers chinois se montrent maintenant demandeurs de palladium. Tout spécialement depuis que l’once a consolidé sous les 300 après avoir touché les 315 dollars à New York le 3 février dernier.

Même son de cloche du côté du marché US Nymex : citant un ‘trader’ anonyme, les rédacteurs du Dow Jones Newswire écrivaient le 2 mars dernier que « il y a beaucoup de demande physique sur le marché », à la différence de « métal-papier » à des fins d’investissement.

La Chine n’est pas le seul marché concerné : tout le monde a entendu parler du fameux « or blanc« , qui n’est autre que de l’or, par définition jaune, allié avec d’autres métaux plus clairs, principalement le nickel. Or certaines personnes sont allergiques au nickel : d’ailleurs la « directive nickel » de l’Union européenne prévoit qu’aucun objet fait de nickel ne doit être au contact d’une blessure ouverte.

Russian_pd_block_fs Bien sûr, ce n’est le pas que d’une minorité de personnes. Mais il est difficile de porter une alliance ou un collier autre part qu’au contact de la peau… En plus, non seulement le palladium est plus facile à travailler que le nickel, mais l’alliage or-nickel est difficile, les deux métaux n’aimant pas se mélanger. Autant de problèmes qui ne se posent pas avec le palladium, qui de surcroît est un métal noble, comme l’or, alors que le nickel est un métal industriel « roturier ». Photo : un lingot de 3.209,5 grammes de palladium russe.

Mais ici, il ne s’agit pas d’une substitution pour raison de prix : car si l’once de palladium vaut plus de 300 dollars, le nickel, qui cote actuellement 15.000 dollars la tonne, n’arrive même pas à 50 cents pour la même quantité…  Mais quand on aime, n’est-il pas vrai qu’on ne compte pas ? Ou alors tellement moins bien que cela revient au même !

C’est d’ailleurs, quelque part, l’opinion des analystes du fondeur-affineur de métaux précieux allemand Heraeus, dont les analystes écrivaient dans leur dernière note de conjoncture qu’ils restent positifs sur le palladium, avec nuance : « il reste certainement le plus controversé des métaux précieux, avec de solides partisans de chaque côté, futur radieux ou scenario baissier le plus noir. Nous avons longuement et souvent répété que nous nous plaçons davantage du premier côté, même si nous pensons qu’un mouvement sensible au-delà des 300 dollars ne serait pas justifié en l’état actuel des choses ».

(17 commentaires)

  1. Bonjour Emmanuel,
    Et où peut-on acheter un lingot de palladium ?

  2. Bonjour Armand,
    En voilà une question qu’elle est bonne !
    Comme je ne sais pas trop, je me renseigne et vous tiens au courant.
    A bientôt,
    Emmanuel

  3. Commentaires
    Rédigé par: Régent Lavoie | 27 mars 06 22:53:07
    Concernant les (EGP)

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