Gaz-Bolivie : compensations à l’ordre du jour

BoliviaLes compagnies étrangères auront le droit de récupérer leur investissement après la nationalisation des hydrocarbures mais ne seront pas forcément « indemnisées », a déclaré le président bolivien Evo Morales, jeudi au sommet UE-Amérique latine à Vienne. Selon lui, aucune raison ne permet d’envisager des indemnisations, le président bolivien rappelant que pendant sa campagne électorale il avait clairement précisé que la Bolivie avait besoin de partenaires et non de maîtres. Le président Morales avait annoncé le 1er mai la nationalisation du secteur des hydrocarbures, donnant 180 jours aux compagnies étrangères pour revoir les conditions de commercialisation du gaz.

Néanmoins, la Bolivie a accepté de discuter d’éventuelles compensations au profit du Brésil en prévision de la hausse du prix du gaz bolivien qu’entraînera la nationalisation décidée par La Paz, ont annoncé les deux parties à l’issue d’une première séance de négociations mercredi.

La Bolivie et le Brésil discuteront « des mécanismes et des moyens de compensation négociée », selon un communiqué diffusé à l’issue d’une première réunion de négociation organisée mercredi dans la capitale bolivienne. La réunion rassemblait le ministre brésilien des Mines et de l’Energie, Silas Rondea, le ministre bolivien des Hydrocarbures, Andrés Soliz, le président de la compagnie brésilienne Petrobras, Sergio Gabrieli, et celui de l’opérateur pétrolier bolivien (YPFB), Jorge Alvarado.

Les deux parties ont déterminé le cadre des négociations à venir qui devront fixer le prix que devra désormais payer le Brésil pour le gaz bolivien. Le vice-président bolivien, Alvaro Garcia Linera, avait estimé mercredi que les négociations pourraient durer « plusieurs jours, voire des semaines ».

Les deux délégations ont souhaité que « la proposition de révision des prix du gaz soit traitée de manière rationnelle et équitable sur les termes de la déclaration de Puerto Iguazú », ville d’Argentine où s’est tenue la semaine dernière un sommet entre les chefs d’Etat bolivien, argentin, brésilien et vénézuélien. Les deux pays doivent discuter des conditions et contrats nécessaires pour la production et la commercialisation de gaz.

Le ministre des Mines et de l’Energie du Brésil et le président de Petrobras ont par ailleurs réaffirmé leur respect absolu des décisions du gouvernement et du peuple boliviens exprimés par le décret de nationalisation des hydrocarbures, tout en précisant être disposés à l’appliquer en conformité avec la loi en vigueur.

La Bolivie, qui détient la deuxième réserve de gaz d’Amérique du sud après le Venezuela, fournit 5O% des besoins en gaz du Brésil. Selon la presse bolivienne, Evo Morales espère obtenir une hausse de 2 dollars par millier de BTU (British Thermal Unit, unité utilisée pour le gaz) vendu aux deux principaux clients de la Bolivie: le Brésil et l’Argentine. Actuellement, le Brésil importe 30 millions de m3 de gaz par jour à un prix moyen de 3,4 dollars le millier de BTU tandis que l’Argentine en achète 5 à 7 millions par jour à 3,19 dollars. Ces tarifs sont au moins 4 fois inférieurs à ceux pratiqués aux Etats-Unis.

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  1. Début du Sommet des chefs d’Etat et gouvernement d’UE-Amérique latine -VIENNE, 12 mai 2006 (AFP)
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    Les 60 chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Union européenne et d’Amérique latine et des Caraïbes ont commencé la séance plénière de leur 4e sommet régulier, vendredi matin à Vienne.
    Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, s’est joint aux travaux ouverts par le président autrichien Heinz Fischer.
    Les pays participants doivent adopter formellement une déclaration prévoyant notamment « de renforcer l’association stratégique bi-régionale » et la défense des droits de l’homme et de l’environnement, de combattre ensemble la drogue et la pauvreté.
    Dans ce projet de conclusion du sommet, dont l’AFP a obtenu une copie, les Européens reconnaissent « le droit souverain des pays à gérer et réguler leurs ressources naturelles », tout en les appelant à « établir des régimes de régulation plus compatibles » avec les règles européennes.
    La réunion des ministres des Affaires étrangères UE-ALC jeudi a été marquée par une passe d’armes autour de la nationalisation des hydrocarbures, le 1er mai en Bolivie.
    Le président Evo Morales ayant écarté des indemnisations pour les compagnies pétrolières, la ministre autrichienne des Affaires étrangères Ursula Plassnik a jugé « important que le gouvernement bolivien fasse la clarté sur ses intentions et sur son comportement et qu’il rende prévisibles » ses actions.
    Le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim s’est aussi déclaré « indigné » des accusations de M. Morales, selon lesquelles la compagnie pétrolière Petrobas, aurait agi de façon illégale en Bolivie.
    Les participants ont été reçus à dîner jeudi soir par le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, dont le pays assure la présidence de l’UE pour le premier semestre.
    Il y avait cependant un grand absent, le président du Venezuela Hugo Chavez, qui avait préféré tenir un meeting de tonalité socialiste et anti-impérialiste devant des sympathisants opposés au néo-libéralisme à Vienne.

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