Malgré le scandale des airbags, la récente annonce d’une amende record liée à cette affaire aux Etats-Unis et la mise à l’écart de Toyota, Takata se veut optimiste pour les mois qui viennent. Le spécialiste japonais d’airbags et ceintures de sécurité Takata a ainsi estimé vendredi qu’il finirait l’exercice 2015-2016 dans le vert.
Une confiance dans l’avenir qui pourrait toutefois être de courte durée, alors que samedi, Nissan annonçait qu’il n’utiliserait plus certains gonfleurs d’airbags de son compatriote.
Au demeurant, si Takata a certes achevé le premier semestre d’avril à septembre 2015 avec une perte nette de 5,57 milliards de yens (l’équivalent de 41,5 millions d’euros), il a toutefois fait six fois mieux qu’un an plus tôt. Et ce, après prise en compte de charges exceptionnelles d’un montant global de 18,1 milliards de yens liées aux rappels d’airbags et l’amende reçue aux Etats-Unis. Rappelons en effet qu’à la même période 2014, ce sont tout de même 49 milliards de frais exceptionnels qui avaient dû être enregistrés.
Pour mémoire, l’équipementier automobile japonais a écopé d’une amende civile record de 200 millions de dollars (environ 181 millions d’euros) aux Etats-Unis, dont 130 millions de dollars avec sursis (environ 118 millions d’euros), pour ses «échecs» dans le scandale des airbags défectueux.
Aux termes de l’arrangement conclu avec les autorités, le groupe a admis qu’il avait été «informé d’un défaut» et qu’il avait manqué à son obligation d’ordonner des rappels «en temps utile». Takata devra, en conséquence, s’acquitter d’une pénalité de 70 millions de dollars immédiatement (environ 63 millions d’euros) et de 130 millions de dollars supplémentaires s’il ne respecte pas ses engagements, a ainsi précisé l’agence fédérale de la sécurité routière (NHTSA).
Même si l’affaire des airbags a sérieusement entaché l’image de marque de Takata, la société a enregistré au premier semestre un chiffre d’affaires en hausse de 19% à 359,35 milliards de yens. Son gain d’exploitation a quant à lui progressé de 33%, grâce notamment à la bonne tenue du marché américain de l’automobile.
Pour l’ensemble de l’exercice, le groupe japonais table désormais sur un gain net de 5 milliards de yens (contre une perte nette l’an passé), et un bénéfice d’exploitation en hausse de 21% en valeur glissante annuelle à 40 milliards de yens, s’attendant à une progression de ses revenus de 12% à 720 milliards de yens.
L’impact de l’annonce de l’abandon de ses équipements par son premier client, Honda, et d’autres constructeurs nippons (Mitsubishi Motors, Mazda, Subaru) est considéré par le groupe comme minime pour l’année budgétaire en cours.
L’annonce de Honda qu’il n’utiliserait plus de gonfleurs d’airbags de Takata dans ses nouveaux véhicules, se disant «profondément troublé» par le comportement de son compatriote qu’il accuse d’avoir « manipulé des données » avait toutefois a accru le plongeon de l’action Takata à la bourse de Tokyo, chutant de 10% à 20% dans la foulée en une seule journée.
Les investisseurs de la Bourse de Tokyo s’interrogent pour leur part sur le fait que cette entreprise qui emploie quelque 49.000 salariés à travers le monde puisse sortir totalement indemne de cette affaire. Rappelons à cet égard, qu’à la suite de l’annonce de l’amende aux Etats-Unis, et des mensonges de l’équipementier sur son niveau de connaissance des défauts concernant ses gonfleurs d’airbags, l’action Takata a perdu 39,26% en trois séances cette semaine.
Toutefois vendredi, les marchés boursiers avaient semble-t-il interprété de façon positive des déclarations du PDG de Toyota laissant entendre qu’il ne s’écarterait peut-être pas complètement des produits Takata, hormis ceux présentant un problème certain, à savoir les gonfleurs au nitrate d’ammonium. L’action du fabricant japonais d’airbags, qui chutait de 15% dans la matinée à la Bourse de Tokyo, a limité son recul à la clôture (-6,18%). Le titre a fini à 834 yens, alors qu’il valait 1.373 yens en début de semaine. Il avait néanmoins plongé de 13% mercredi et de 25% jeudi.
« Les gonfleurs d’airbags de Takata à base de nitrate d’ammonium ne seront plus utilisés par Toyota. Quant aux autres types de gonfleurs, nous examinerons au cas par cas », a déclaré le dirigeant de Toyota à l’occasion d’une conférence de presse sur un autre sujet. « Le plus important est d’assurer la sécurité et la tranquillité d’esprit de nos clients. Dans ce but, nous devons identifier la cause exacte du problème », a ajouté le PDG du constructeur automobile.
Mais samedi, Nissan annonçait qu’il n’utiliserait plus pour ses futurs modèles de gonfleurs de son compatriote contenant du nitrate d’ammonium. Mercredi, le constructeur japonais s’était dit « surpris et déçu par les révélations des autorités américaines sur la conduite de Takata », accusé d’avoir dissimulé les défauts de ses gonfleurs d’airbags.
Sources : AWP, AFP
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 08 novembre 2015
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