Grèce: la BCE relève le plafond du financement d’urgence (ELA), à la plus grande joie des banques ?

Toujours plus

….

Alors que la Grèce est engluée dans une situation financière des plus alarmantes, peinant à rembourser ses créanciers, la spirale infernale ne fait que s’accentuer …. Une source bancaire grecque a ainsi indiqué mercredi que la Banque centrale européenne (BCE) avait à nouveau relevé de 1,4 mrd EUR le plafond de la ligne de crédit d’urgence (ELA en anglais) des banques grecques. Celle-ci s’élève désormais à 76,9 mrd EUR.

Rappelons que depuis février dernier, c’est par ce seul biais, que la BCE soutient à sa façon les établissements financiers grecs. Compte-tenu des sommes inutilisées jusqu’ici, les banques grecques ont à leur disposition 3 mrd EUR pour la semaine à venir, un montant quasiment équivalent à la somme disponible la semaine passée.

Au final, si on réfléchit bien … la Grèce se voit donc contrainte d’emprunter à nouveau, l’impasse dans laquelle elle se trouve augmentant encore sa dépendance financière vis à vis des banques, lesquelles n’ont rien de philanthropes et sont bien évidemment rémunérées pour leurs services. Comme quoi, la quasi-faillite de la Grèce ne présente pas que des inconvénients.

La ligne de crédits d’urgence a été demandée par la Banque de Grèce le 21 janvier dernier, après des retraits massifs de dépôts de l’ordre de 13 milliards d’euros en janvier. Révocable à tout moment, sa mise en œuvre nécessite l’aval de la BCE tous les quinze jours. Très précaire, son coût pour la Grèce est plus cher que le financement « classique » de la BCE mais permet certes aux banques grecques de faire face à un éventuel «bank run», une panique bancaire, situation qui pourrait survenir en cas de volonté des déposants de retirer leur argent en cash ou de le faire virer hors de Grèce.

En échange de la liquidité, les banques grecques fournissent des titres de qualité médiocre à la Banque de Grèce. Le mécanisme évitant au passage un partage du risque grec avec autres actionnaires de la BCE.

De décembre dernier, date de l’arrivée au pouvoir de Syriza au pouvoir, à fin février, 25 mrd EUR ont été retirés par les ménages et les entreprises des banques grecques, lesquelles ne disposaient plus qu’environ 140 mrd EUR de dépôts à fin février.

En février dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé  dans un communiqué sa décision de priver les banques grecques d’une de leurs sources de financement.Des mesures qui pourraient conduire à terme à l’asphyxie financière de l’Etat grec, avais-je alors laissé entendre. A moins que quelques banques sortant de l’ombre n’apparaissent tels des sauveurs pour porter secours à Athènes, laquelle pourrait être contrainte de céder à leurs « avances »  avais-je également suggéré.Une suspension que l’institution – anticipant les critiques – présentait d’entrée comme étant conforme aux règles de l’eurosystème.

Arguments invoqués pour suspendre « le régime de «faveur » dont bénéficiaient jusqu’alors les banques grecque : l’impossibilité de prévoir actuellement une issue positive du programme d’aide international dont bénéficie Athènes.

Rappelons que la BCE fournit des liquidités aux banques de la zone euro  sous forme de prêts, moyennant des garanties, dénommées « collatéraux » dans le langage des banques centrales. Les titres que les banques ont en portefeuille – telles par exemple des obligations souveraines – permettent ainsi de garantir l’emprunt. Mais, la BCE, en vue de limiter ses risques, n’accepte comme « collatéraux » que les titres les mieux notés par les agences de notation.Or, si les banques grecques peuvent principalement apporter en garantie des obligations émises par l’État grec, ces dernières ne remplissent pas les critères de la Banque Centrale européenne, la Grèce étant un investissement considéré comme « pourri » (« junk »).

Depuis plusieurs années, les banques grecques bénéficiaient d’une exemption, la BCE acceptait les titres de dette publique grecque comme collatéraux. Seule  solution possible  pour les banques grecques : activer l’option d’urgence – mécanisme appelé ELA – qui permet aux banques centrales nationales, telle la Banque de Grèce, de débloquer des fonds pour aider les établissements de crédit à surmonter une crise de liquidités.

Rappelons enfin qu’en février 2010, alors que certaines rumeurs laissaient entendre que des banques américaines – et non des moindres – pourraient être derrière les spéculations visant la Grèce, le New York Times affirmait de son côté que des banques de Wall Street – telles que Goldman Sachs – auraient usé d’instruments financiers complexes en vue « d’aider » Athènes à dissimuler l’ampleur de sa dette. Des montages, précisait le journal, « de même ordre que ceux qui ont été à l’origine de la crise financière outre-Atlantique ».
Selon le New York Times, citant « des personnes au courant de la transaction », un montage élaboré par Goldman Sachs aurait ainsi permis en 2001 d’aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Un « soutien » qui serait intervenu quelques temps après l’adhésion d’Athènes à l’Union monétaire européenne.

Goldman Sachs n’ayant rien d’un philanthrope, la banque aurait rémunéré ses « services » à hauteur de quelque 300 millions de dollars. C’est en tout cas ce qu’affirmait alors le NYT.

Certains affirmaient également alors que des banques US pourraient tirer les ficelles, histoire de plomber la zone euro ….. et de pouvoir proposer à terme à la Grèce des emprunts à des taux prohibitifs.

Cqfd ?

Sources : AFP, Le Figaro

Elisabeth Studer – 29 avril 2015 – www.leblogfinance.com

(29 commentaires)

  1. et l’endettement continue d’augmenter …
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    Grèce: la BCE relève d’encore 2 milliards d’euros le plafond de l’ELA

    Athènes (awp/afp) – La Banque centrale européenne (BCE) a encore relevé mercredi, de 2 milliards d’euros, le plafond de son financement d’urgence (ELA) des banques grecques, portant désormais celui-ci à 78,9 milliards d’euros, a-t-on appris de source bancaire grecque.

    Cette décision est réexaminée chaque semaine depuis le mois de février. La BCE aide désormais par ce seul biais les banques grecques depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de gauche radicale Syriza.

    Le conseil des gouverneurs de la BCE, a-t-on appris par ailleurs, s’est interrogé lors de cette réunion sur l’opportunité de pratiquer un « haircut » sur les garanties apportées par ces banques en échange de ces prêts d’urgence, c’est à dire de revoir à la baisse la valeur de ces garanties, pour tenir compte des risques de crédit qui planent actuellement sur le pays.

    Une telle décision durcirait davantage les conditions auxquelles les banques grecques s’approvisionnent en liquidités. Mais « le climat général » de la réunion, a-t-on indiqué, était plutôt à réexaminer cette question lors de la réunion de la semaine prochaine, et de laisser les choses en l’état jusque là.

    La décision de cette semaine arrive alors que les discussions entre Athènes et ses créanciers, pour obtenir 7,2 milliards d’euros de prêts espérés depuis près de neuf mois par la Grèce, semblent avoir pris un meilleur chemin.

    Les propos des uns et des autres, mercredi, tant à Athènes que de la part des créanciers européens, étaient à l’optimisme mesuré.

    « Nous sommes dans une période où l’esprit est positif de part et d’autre », a ainsi assuré le ministre français des Finances Michel Sapin, tandis que le patron de l’Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro) Jeroen Dijsselbloem a évoqué des « perspectives plus positives de parvenir à un accord que ces dernières semaines ».

    Selon les chiffres de la Banque de Grèce, ménages et entreprises ont retiré un total de 26,807 milliards d’euros en quatre mois des banques grecques. Fin mars, les dépôts privés s’y montaient à 138,55 milliards d’euros, au plus bas depuis février 2005.

    Et selon les premiers chiffres connus pour avril, la tendance au retrait des capitaux a repris de plus belle.

    afp/rp

    (AWP / 06.05.2015 19h31)

  2. remboursement des interets et non du capital …. cqfd
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    La Grèce a remboursé aujourd’hui, comme prévu, quelque 200 millions d’euros d’intérêts au Fonds monétaire international (FMI), a-t-on appris auprès du ministère grec des Finances, Yanis Varoufakis.

    A court d’argent en raison du retard pris dans la conclusion d’un accord avec ses créanciers, l’UE et le FMI, sur la poursuite de l’aide au pays, Athènes a toutefois assuré à plusieurs reprises que le remboursement des tranches de prêts à ses créanciers serait effectué normalement.

    « La tranche sera payée », a confirmé à la télévision Mega mercredi matin le ministre adjoint des Finances Dimitris Mardas, une heure avant ce règlement.

    La prochaine importante échéance pour la Grèce est le remboursement au FMI d’une tranche d’environ 750 millions d’euros mardi prochain, le 12 mai. La Grèce parviendra également à rembourser cette tranche, a indiqué cette semaine à l’AFP un expert à Athènes.

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