Pendant que le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov, copropriétaire de la compagnie minière Norilsk Nickel court la gueuse (certes en vison) sur les pentes de Courchevel, au point de s’attirer quelques ennuis de la justice française, les Chinois se livrent à des activités somme toute, un peu plus sérieuses .. puisqu’ils convoitent désormais le marché du nickel de Nouvelle-Calédonie.
Le français Eramet et le russe Norilsk pourraient bien ne pas vouloir demeurer en reste sur le dossier et obtenir une part ou plus du gâteau.
Mais quand le chat russe danse, les souris chinoises avancent …
La Société minière du sud Pacifique (SMSP) de Nouvelle-Calédonie a entamé des discussions avec le géant chinois Jinchuan pour construire une usine de traitement de nickel, a indiqué vendredi son président André Dang. « Nous avons signé au cours du dernier trimestre 2006 un Memorandum of understanding (protocole d’entente) avec Jinchuan pour étudier la construction d’une usine de traitement de latérites », minerai pauvre en nickel, a déclaré M. Dang.
Compte-tenu des problèmes liés aux déchets, l’unité ne serait pas construite en Calédonie, mais sur un autre continent. L’Australie ou les Philippines sont autant de solutions envisageables.
L’unité serait alimentée par des latérites des mines de la SMSP, contrôlée par les indépendantistes de la province nord, mais André Dang a indiqué avoir également contacté deux autres mineurs de Nouvelle-Calédonie pour une éventuelle participation au projet.
Jinchuan est le plus grand producteur chinois de nickel d’une capacité annuelle de production de 60.000 tonnes. Il produit également d’autres métaux (cuivre, cobalt, platine) ainsi que des produits chimiques.
Parmi les premiers exportateurs mondiaux de minerai de nickel, la SMSP, dont les principaux clients sont actuellement en Australie, au Japon et en Ukraine, exporte depuis juin sur le marché chinois, via un contrat de 500.000 tonnes avec Ningbo, une société chinoise. 300.000 tonnes ont d’ores et déjà été expédiées, l’envoi de 140.000 tonnes de minerai étant prévus pour le mois prochain.
Chargé du secteur minier au sein du gouvernement calédonien, Didier Leroux a indiqué ne pas être courant de ce projet avec Jinchuan, tout en soulignant que « la demande importante en nickel de la Chine se fait sentir » sur le territoire.
La SMSP est par ailleurs associée à l’aciériste sud-coréen, Posco, premier producteur mondial d’acier inoxydable, pour construire une usine métallurgique. La SMSP détient 51% du projet contre 49% au Coréen.
La Nickel Mining Corporation (NMC) exploitera les quatre gisements de Ouaco, Poya, Nakéty et Kouaoua, détenus jusqu’ici par la SMSP, tandis que la Société du nickel de Nouvelle-Calédonie et de Corée (SNNC) construira une usine de transformation du minerai à Gwangyang, à la pointe sud de la Corée.
L’opération coûtera 700 millions de dollars (542 millions d’euros) à Posco. La SMSP apportera ses titres miniers. Elle s’engage à exporter, pour trente ans, l’équivalent de 30 000 tonnes annuelles de nickel-métal sous la forme d’un minerai à teneur moyenne de 2,27 %. La première pierre de l’usine doit être posée le 2 mai, la livraison du minerai débuterait en août 2008.
Pour l’instant, ce projet est suspendu à un vote du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit de rendre possible l’exportation de minerai de cette teneur et d’exempter la SMSP de l’impôt sur les plus-values lors de la cession de ses titres à la NMC. Didier Leroux, ministre calédonien chargé des mines, est hostile au projet : « C’est un choix de court terme qui nous brouille avec notre clientèle traditionnelle, au Japon. »
SMSP détient en outre 51% du projet Koniambo (60.000 tonnes), dans le nord du territoire, développé avec le groupe Falconbridge, récemment racheté par l’anglo-suisse Xstrata.
La Nouvelle-Calédonie possède plus d’un quart des réserves mondiales de nickel, indispensable à la fabrication d’acier inoxydable.
Sources : AFP, Le Monde
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