Tunisie : violences suite à des manifestations pour garantir l’approvisionnement en eau potable dans la région de Sfax

L’eau, la nouvelle arme de guerre du 21ème siècle  ? je vous l’avais déjà laissé entendre, les faits semblent me donner raison,  malgré eux, de plus en plus chaque jour.

Des actes de violence ont vu le jour jeudi dans la délégation de Thyna (gouvernorat de Sfax) en Tunisie, à la suite d’un sit-in organisé pour protester contre les perturbations de l’approvisionnement de la région en eau potable. Le calme est revenu vendredi.

Précisons que la manifestation a dans un premier temps eu pour conséquence la fermeture de la route nationale N1.
Elle s’est transformée par la suite en affrontements avec les forces de l’ordre, lesquels ont dispersé les personnes réunis au sein du sit-in à l’aide du gaz lacrymogène.

Selon une source du gouvernorat de Sfax, les policiers auraient poursuivi plusieurs manifestants après que ces derniers leur aient lancé des pierres tout en les menaçant d’incendier le poste de la garde nationale de Thyna.

Le délégué de Thyna, Mohamed Chérif a déclaré pour sa part que “des jeunes et des habitants de la cité El Moêz de Thyna ont jeté des pierres aux agents de l’ordre qui ont riposté avec du gaz lacrymogène“.

Ajoutant que plusieurs protestataires avaient investi le siège du mouvement “Ennahdha”  à Thyna, s’emparant de certains équipements. 15 personnes auraient été arrêtées par les forces de l’ordre.

L’intervention des forces de sécurité pour ouvrir la route – opération qualifiée pour le moins comme musclée par les habitants de Thyna – les altercations avec les manifestants et les arrestations menées, ont provoqué une vague de mécontentement chez les habitants de Thyna.

Ces derniers considèrent en effet “qu’il s’agit là d’un recours excessif à la force qui a touché les personnes impliquées dans les affrontements mais aussi celles qui n’y ont pris aucune part » ajoutant que le gaz lacrymogène avait envahi leurs habitations.

Des témoins oculaires ont par ailleurs affirmé que des délinquants avaient infiltré les rangs des protestataires, allant jusqu’à rançonner les automobilistes.
Rappelons que plusieurs zones du gouvernorat de Sfax (Jebenyana, El Hancha, Gremda, El Ain, Boujarbouû, Sakyet Eddayer, Sakyet Ezzit, El Ghraba, El Amra et El Aouabed) ont été privées d’eau le mardi 19 juin 2012, suite à une panne de la station de Karkar.

Les citoyens des zones concernées ont en réaction menacé de couper la route, accusant les autorités  de négliger leurs droits.

Cette panne a, également, impacté le gouvernorat de Mahdia causant des perturbations dans les zones de Ouled Ahmed, Zaâbna, Sidi Bouhlel et Ridah Bouhlel ainsi que des coupures d’eau à El Rebâaia, El Karayimîa, El Kawassem et le complexe hydraulique de la délégation de Chorbane.

En juin dernier, contacté par la correspondante de l’Agence TAP, le directeur régional de la SONEDE, M. Youssef Sahel, avait expliqué cette crise par la surconsommation durant cette période, précisant que la capacité maximale de production de l’eau de la ville de Sfax est de 108 mètres cube alors que la consommation quotidienne s’élève à 116 mille mètres cube à partir du mois de juin.

Selon lui, une telle consommation a épuisé les réserves de la ville en eau potable, affectant l’équilibre entre l’offre et la demande.
Il a par ailleurs ajouté que les cadres et les agents de la SONEDE s’employaient à revoir le volume des quantités d’eau potable au niveau de la distribution, soulignant le rôle dévolu aux citoyens dans la résolution de ce problème , à travers la rationalisation leur consommation afin de permettre la reconstitution de nouvelles réserves.

Le 11 juillet dernier, la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) a imputé la perturbation de la distribution des eaux dans les gouvernorats deNabeul, Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax à la coupure de l’électricité dans les différents sites de production de l’eau potable, particulièrement les stations de pompage et de traitement des eaux du Nord, à Belli.

A l’heure actuelle, plusieurs localités et cités de la région de Sfax  connaissent au cours de cette période estivale une pénurie en eau potable.
Cette situation se traduit parfois par une coupure totale affectant les bâtiments et les zones périphériques de la ville tells que Cité « El bahri », la Route « Soultnia », « Sidi Mansour », » Gremda » et « Al-Ain ».

Plus récemment, la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) a annoncé une perturbation dans la distribution des eaux, à partir du vendredi 10 août, dans les délégations de Sfax ville, SfaxSud, Sakiet Daier, Sakiet Ezzit, El Hancha, Jebeniana et El Amra (gouvernorat de Sfax) et les localités supérieures de Mellouléche, Saoussi, Chorben, Ouled Chamekh et El Jem (Gouvernorat de Mahdia).
Cette perturbation est due, selon un communiqué de la société, à une coupure d’électricité, jeudi et vendredi, au niveau de la station de traitement de l’eau de Béli et la station de pompage de Karkar.
Les services de la SONEDE sont en train d’intervenir pour assurer la reprise de la distribution des eaux « le plutôt possible », pouvait-on lire dans le même communiqué.

Sources : Presse tunisienne