Le fabricant canadien d’aluminium Alcan a indiqué vendredi qu’il était prêt à examiner une offre améliorée de son concurrent américain Alcoa après avoir rejeté mardi sa proposition initiale.
Alcoa a lancé le 7 mai une OPA hostile s’élevant à environ 33 milliards de dollars sur Alcan pour former le premier groupe mondial dans le secteur de l’aluminium. Mais le Conseil d’administration du groupe canadien l’a rejetée le 22 mai en l’estimant « inadéquate » et a appelé les actionnaires du groupe à ne pas l’accepter. Alcoa avait réaffirmé jeudi son offre sur Alcan sans toutefois en modifier les termes.
Mais, l’offre d’achat hostile du leader mondial de l’aluminium Alcoa sur Alcan suscite l’inquiétude des syndicats de l’ex-groupe français Pechiney, absorbé en 2003 par Alcan au prix de la perte de milliers d’emplois.
« Si Alcoa présentait une nouvelle offre qui serait acceptable pour nos actionnaires nous l’examinerons, mais certainement pas dans les termes et les prix actuels », a indiqué Alcan dans un document déposé vendredi auprès de la Commission des opérations en Bourse (SEC) américaine.
Dans un document se présentant sous la forme de questions/réponses, Alcan indique également qu’il n’exclut pas une contre-offre sur Alcoa, dans le cadre d’une opération appelée « pac-man » qui voit la cible d’une offre publique d’achat hostile riposter par une contre-offre sur son prédateur.
« La direction et le Conseil d’administration évaluent en permanence toutes les options qui sont dans les intérêts des actionnaires, des employés et de l’avenir du groupe en fonction de l’évolution rapide de l’environnement du groupe. Pour l’instant, nous n’avons écarté aucune option », indique Alcan en réponse à la question: « Est-ce que le Conseil d’administration envisage une stratégie +pac-man+ qui verrait Alcan essayer d’acquérir Alcoa ? ».
Alcan, qui avait racheté le français Pechiney en 2003, indique également avoir été approché par d’autres parties en vue d’un rapprochement « mais il n’y a rien de plus à révéler », indique le document.
Mardi, Alcan avait rejeté l’offre d’achat de 33 milliards de dollars américains d’Alcoa visant à créer un numéro un mondial de l’aluminium, jugeant qu’elle était insuffisante sur le plan financier. Le groupe canadien avait précisé être en discussion avec d’autres parties, sans donner plus de détails.
« Le Conseil d’administration recommande à l’unanimité aux actionnaires de rejeter l’offre non sollicitée d’Alcoa visant l’acquisition d’Alcan« , a déclaré dans un communiqué le président du conseil d’administration du géant canadien, Yves Fortier.
L’offre « ne reflète pas adéquatement la valeur des actifs, des compétences stratégiques et des perspectives de croissance extrêmement intéressants d’Alcan, elle ne prévoit pas une prime suffisante pour le contrôle d’Alcan, et elle est fortement conditionnelle et incertaine », a-t-il ajouté. « Les approches et les réalisations d’Alcan et d’Alcoa en matière de création de valeur pour les actionnaires sont fondamentalement différentes », a-t-il précisé.
Selon la presse canadienne, Alcan a engagé des négociations avec le premier groupe minier mondial, l’anglo-australien BHP Billiton, pour tenter d’échapper aux visées d’Alcoa.
Quatre ans après la disparition de Péchiney, fleuron français de l’aluminium, absorbé par Alcan au prix de la perte de milliers d’emplois, le syndicat FO a demandé jeudi aux « pouvoirs publics français et aux instances européennes » d’agir contre « les effets dévastateurs des OPA successives où les prédateurs d’un jour deviennent les proies du lendemain ». La fédération FO Métallurgie rappelle que si ces opérations se traduisent « par plus de dividendes pour les actionnaires », elles sont aussi à l’origine de « réductions de coûts drastiques, de sites de productions fermés ou cédés et de milliers d’emplois supprimés ».
La CFE-CGC, souligne dans sa « lettre confédérale », jeudi, le « sentiment d’abattement » des salariés et se demande « comment protéger nos industries contre la prédation du marché boursier » en rappelant que l’OPA d’Alcan sur Pechiney « avait déjà coûté 5.000 emplois« .
Mercredi, le syndicat de l’encadrement d’Alcan avait fait part de « l’inquiétude » et de « l’indignation » des salariés français du groupe canadien qui se sentent « à nouveau au centre d’un jeu de massacre », et fait appel au gouvernement.
Pour la CGT, « les objectifs annoncés d’Alcoa d’obtenir 1 milliard de dollars de gains en trois ans vont produire deux fois plus de dégâts humains et industriels que les 500 millions de dollars déjà gagnés par Alcan sur Pechiney », après son rachat en 2003.
Et cela d’autant que l’OPA du géant américain Alcoa sur le groupe canadien « est identique à celle d’Alcan sur Pechiney« , affirme la CFDT jeudi dans un communiqué. Pour ce syndicat, la seule « certitude est que les intérêts des salariés, la politique industrielle, les emplois, le sort des sites cédés ou fermés, sont les grands absents de ce Monopoly planétaire de l’aluminium ».
La CFTC d’Alcan avait auparavant manifesté sa « très vive inquiétude » sur le devenir des milliers d’emplois qui seront impactés si l’OPA d’Alcao réussit », s’inquiétant de nouveaux « dégâts sociaux » à venir.
Les syndicats européens d’Alcoa et d’Alcan se rencontreront le 1er juin à Bruxelles, « en vue d’échanger sur les enjeux et les risques de cette OPA pour les salariés des deux groupes, et pour déterminer une stratégie syndicale concertée », selon la CFDT.
Sources : AFP, Atlasvista
A lire également :
. Alcan rejette l’offre hostile d’Alcoa
. OPA d’Alcoa/Alcan:CGT, CFDT et Airbus réagissent
seEFGf