TOTAL : bientôt des forages pétroliers en Mauritanie

Alors que la Banque Mondiale a indiqué vendredi dans un communiqué que la Mauritanie propose un environnement peu favorable aux investissements privés du fait de nombreuse déficiences structurelles et administratives, le groupe pétrolier français Total a pour sa part annoncé qu’il allait entamer des forages fin 2008, début 2009, dans le cadre de sa prospection pétrolière dans le nord de la Mauritanie.

L’information a été communiqué par le vice-président de Total pour l’Afrique du Nord, cité mercredi par l’Agence mauritanienne d’informations (AMI).

Le responsable de l’entité, Jean-François Arrighi de Casanavo, qui a été reçu mardi soir par le président mauritanien Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, a affirmé que les forages seront lancés « fin 2008, début 2009 » dans le bassin de Taoudenni (nord).

Total a terminé depuis le 15 août dernier sa première campagne sismique sur une étendue de 3.200 Km dans le Bassin de Taoudeni (centre nord de la Mauritanie). Selon la compagnie, les travaux de prospection de pétrole se sont « achevés dans d’excellentes conditions », Total pouvant désormais « passer à la seconde phase » de ses recherches pétrolières dans le pays.

Le directeur de la société en Mauritanie, Guy Butteux, avait pourtant annoncé le 13 juin que « l’exploitation du pétrole dans le bassin n’aura pas lieu avant 2014-2015 ».

M. Casanavo ne s’est pas prononcé sur l’existence du pétrole dans le bassin sédimentaire mauritanien, mais selon les experts, la réalisation de forages après une campagne sismique « réussie » constitue un « signe encourageant » de présence de pétrole. Cela renforce les espoirs de découverte de nouveaux gisements pétroliers en Mauritanie, après les rendements décevants des premiers puits off-shore entamés en 2006.

Pays pauvre en grande partie désertique, peuplé de seulement 3,1 millions d’habitants, la Mauritanie est rentrée en février 2006 dans le club restreint des pays africains producteurs de pétrole. Mais dès novembre 2006, les autorités ont revu la production à la baisse, passant de 75.000 barils/jour à 20.000 b/j aujourd’hui en raison, officiellement, de forages mal placés.

Un responsable du Fonds monétaire international (FMI) a néanmoins annoncé mercredi à l’issue d’une mission à Nouakchot que la baisse de la production du pétrole en Mauritanie avait été compensée par les autres secteurs de production pour soutenir la croissance en 2007. Les secteurs agricoles et de la construction ont connu une relance susceptible de « permettre à la croissance du PIB hors pétrole d’atteindre 5,7% en 2007, soit plus qu’en 2006 » (environ 4%), a déclaré à la presse Dominique Guillaume, chef de la mission du FMI.

Mais, d’après une récente étude de la Banque Mondiale, qui a notamment visé 237 entreprises du secteur formel et 124 de l’informel, « des difficultés énormes limitent encore les performances des entreprises » en Mauritanie. Parmi ces difficultés, la BM cite « le dysfonctionnement des facteurs de production, la déficience des infrastructures, l’insécurité juridique, les pesanteurs de la fiscalité et de la réglementation et la persistance de la corruption et de ses coûts sur les chiffres d’affaires » des entreprises.

Les enquêteurs de la BM ont particulièrement relevé le coût prohibitif des financements bancaires pour les petites structures et les problèmes de distribution d’électricité, qui perturbent l’activité de 87% des entreprises. S’agissant du cadre réglementaire, la Mauritanie « a encore beaucoup d’efforts à déployer », car elle présente « la fiscalité la plus élevée au monde (105%) », estime la BM.

Commentant les résultats de l’enquête, le délégué général de la promotion des investissements privés en Mauritanie Mohamed Abdellahi Ould Iyaha a déclaré à la presse que cette étude constituait « le résultat logique d’un environnement de l’investissement proprement dissuasif, du déficit sévère en infrastructures et services de base et du manque de compétitivité des facteurs de production ».

De son côté le directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Bénin, la Côte-d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie et le Togo, James Bond a recommandé au pays de diversifier sa base productive « afin d’éviter les conséquences des chocs exogènes tels que les variations des cours de certaines matières premières ». Il a par ailleurs tenu à saluer « la stabilité dans le pays et l’instauration d’une démocratie exemplaire », qui constituent selon lui les « meilleurs gages du développement de l’investissement privé en Mauritanie ».

Pour rappel, le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été élu en mars après 19 mois de transition militaire, devenant le premier président démocratiquement porté au pouvoir en Mauritanie depuis l’indépendance du pays, en 1960.

Source : AFP

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