Alcatel-Lucent : suppressions d’emploi/départ de Russo ?

Alcatellucentpatricia_russoLes syndicats (CGT, CFTC, CFDT) d’Alcatel-Lucent craignent l’annonce de nouvelles « suppressions d’emplois« , lors d’un conseil d’administration (CA) du 30 octobre, et ont appelé à un « débrayage d’une heure » le mercredi 31 octobre, dans un communiqué.

Alcatel-Lucent, né à l’automne 2006 de la fusion du français Alcatel et de l’américain Lucent Technologies, avait annoncé en février dernier la suppression de 12.500 emplois dans le monde, dont 1.468 en France, dans le cadre d’un plan d’économies de 1,7 milliard d’euros sur trois ans.

« Le 30 (octobre), la directrice générale (Patricia Russo) commentera les résultats du 3e trimestre et les prévisions pour le 4e (et) annoncera aussi les grandes lignes du nouveau +plan d’urgence+ » affirment les trois syndicats. Selon eux « cela signifie des projets arrêtés, des activités externalisées ou vendues, des emplois supprimés, des sites fermés ».

Pour les syndicats, « ces solutions utilisées à maintes reprises ces dernières années ont fait la preuve de leur inefficacité (et) si le groupe est dans cette situation difficile, c’est bien parce que nos dirigeants ne savent que supprimer des emplois« .

Marc Marandon (CGT) a indiqué à l’AFP « craindre l’annonce de suppressions d’emplois » rappelant que ce « même CA avait (le 2 octobre dernier) donné un mois à Mme Russo pour lui présenter un +plan d’urgence+ ».

Les Echos avaient en effet révélé à cette date qu’un conseil d’administration extraordinaire avait sommé Mme Russo de rédiger un « plan d’urgence » pour redresser les comptes. La direction d’Alcatel-Lucent avait indiqué à la suite qu’elle prenait « très sérieusement en compte la nécessité d’améliorer sa performance financière » et que, pour ce faire, elle engagerait « les actions nécessaires ».

Le 13 septembre, lors du lancement du troisième avertissement sur résultats de l’année, Mme Russo avait déjà indiqué qu’elle annoncerait fin octobre des mesures pour redresser les comptes. Alcatel-Lucent avait alors revu à la baisse la croissance du chiffre d’affaires 2007, qui devrait être « nulle ou légèrement positive ». L’avertissement portait aussi sur la rentabilité.

Pour expliquer cette nouvelle dégradation, le groupe avait mis en avant une fois de plus ses déboires aux Etats-Unis en raison d’un ralentissement des investissements des opérateurs mobiles, un marché où Lucent est en position de force mais sur la norme CDMA, en déclin.

Parmi les mesures envisagées, Mme Russo avait évoqué une accélération du programme de restructuration mais aussi des réductions supplémentaires de coûts « dans les régions où cela sera nécessaire ». Elle n’avait pas écarté de nouvelles réductions d’effectifs, les jugeant « possibles ».

Jusqu’ici, les administrateurs ont décidé de ne pas traiter « dans l’urgence » la question du management. D’une part, parce que la priorité est au redressement des comptes. D’autre part, parce que le conseil ne remet pas en cause la pertinence de la fusion, mais pointe plutôt du doigt la déprime du marché américain des télécoms. « Il n’y a donc pas aujourd’hui de raisons de changer de management. » Il n’empêche que Patricia Russo n’a visiblement plus droit à l’erreur : « L’idée que les comptes de l’entreprise puissent continuer à dériver sans que la direction générale soit mise devant ses responsabilités ne sera pas acceptée par le conseil », lâche un administrateur. « Encore un avertissement sur résultats et l’on ne pourra plus la soutenir », reconnaît un autre.

Pour révoquer la directrice générale ou le président non exécutif, Serge Tchuruk, une majorité des deux tiers des administrateurs est nécessaire. Sur les 14 membres du conseil, 6 sont issus du conseil d’Alcatel, 6 de celui de Lucent et 2 sont indépendants d’origine européenne.

Depuis le début de l’année, le cours s’est effondré de 37 %. Le nouveau groupe pèse aujourd’hui moins de 16 milliards d’euros en Bourse alors qu’Alcatel pesait 18,3 milliards et Lucent 10 milliards fin mars 2006, quand ils ont annoncé leur intention de se marier. En début d’année, les analystes financiers tablaient sur un profit opérationnel de 1,4 milliard d’euros en 2007, mais ils s’attendent désormais à un résultat proche de l’équilibre.

Sources : AFP, les Echos

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(3 commentaires)

  1. Alcatel a été la plus grosse entreprise de France et elle va disparaître.
    Pauvres visionnaire de banlieue, qui, tour à tour, a vendu Alstom, les Câbles de Lyon, Saft, Cegelec, j’en oublie et j’en passe . Qui s’est associé à un moribond américain Lucent, parce que avec Alcatel ça faisait ALU, et l’ALU c’est dur et léger à la fois.
    Grandeurs et décadences d’un despote qui se croyait irremplaçable, il l’avait avoué devant un Conseil d’Administration médusé. Ambroise Roux doit se retourner dans sa tombe.

  2. Encore une brillante réalisation de l’aristocratie corpsarde à la française ! Bravo !
    Mais si ALU est sur la pente descendante, plombée par des normes sur le déclin, la solution ne serait-elle pas plutôt – et excusez-moi d’employer un gros mot – d’investir ?

  3. Investir, peut-être mais dans quoi?
    Alcatel a eu son heure de gloire il y a 30 ans, ceci en incluant des moments épiques:
    http://www.lexpress.fr/services/archives/consultation.asp?id=006533P
    Quel est le business model qui permettrait de récolter des milliards d’Euros aujourd’hui en vendant de la technologie alors que la technologie s’élabore dans les universités et non dans les labos poussifs et englués dans des manoeuvres politiques et carriéristes des grandes sociétés. Sans compter la dictature du court terme et l’aversion au risque.
    Je suis complètement de l’avis de Raymond. Alstom, les Câbles de Lyon, Saft, Cegelec ça a de la valeur.
    Les stupidités de consultants sur les fabless, les technocentres c’est du pipeau.

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