Les défis de l’industrie bancaire française

Pastre_guerre_banques_couvsite
Le Cercle des Economistes a publié une étude sur la recomposition mondiale du secteur bancaire, intitulée, « Défi et avenir des banques françaises et européennes« .

Si les banques américaines disposent de trésors de guerre faramineux, quoiqu’amincis par les pertes liées aux subprimes, elles seront bientôt imitées par les établissements chinois, qui lèvent des milliards de dollars en Bourse. Pour Olivier Pastré, qui a rédigé la partie de l’étude consacrée à la question de la place des banques françaises et européennes dans dix ans, il ne restera qu’une dizaine de grandes banques véritablement européennes à cette date.

Intéressons nous aux banques françaises. L’intérêt est de taille pour cette industrie qui représentait 419 000 emplois directs à fin 2003, plus 200 000 emplois indirects (soit 2,5% de la population active). Pour maintenir leur compétitivité, elles devront poursuivre les efforts d’investissements technologiques, qui représentent, depuis une dizaine d’années, environ 15% des frais généraux du budget des banques françaises.

Elles devront en outre bien négocier les virages réglementaires comptables (IFRS) et prudentielles (Bâle II). L’appréhension des risques devra également être maîtrisée, en particulier depuis l’apparition de nouveaux types de risques (criminalité informatique, phising, dérivés de crédit, etc.).

Les banques de l’Hexagone devront par ailleurs conserver leur supériorité technologique et leur avantage concurrentiel en matière de gestion des moyens de paiement. Cette activité représente un peu plus de 10% de leur PNB en moyenne. Visa et MasterCard constituent à ce titre une menace certaine. Sans parler des opérateurs télécoms, qui regardent de près les solutions de paiement par mobile ou sans contact.

A l’international, les acquisitions vont se raréfier, il convient donc d’adopter la plus grande prudence. La montée du Crédit Agricole au capital de l’espagnole Bankinter a d’ailleurs été jugée plutôt élevée (809 millions d’euros pour un peu moins de 20% du capital). Le titre de la banque verte a fait les frais de cette opération.

Les banques devront également améliorer leurs relations avec les clients, la pression exercée par des associations comme l’UFC-Que Choisir ne leur laissant aucun répit. Dernier exemple en date, la condamnation de Sofinco pour publicité mensongère, un dossier dans lequel l’UFC s’est constituée partie civile et a touché à ce titre des dommages et intérêts.

Au final, pour Olivier Pastré, si les banques françaises, disposent d' »atouts incontestables » pour affronter la concurrence mondiale, elles devront jouer pleinement leur rôle de « poumon financier de la croissance ». Et de conclure : « Il convient de donner aux banques françaises les moyens de leur indispensable citoyenneté. »

(3 commentaires)

  1. Vincent,
    Les normes IFRS sont déjà appliquées en France. Elles sont même obligatoires.
    Est-ce que l’étude souligne la spécificité des banques françaises ? Frais bancaires exorbitants, chèques gratuits, et surtout soutien inconditionnel de l’état en cas de coup dur ?

  2. Monsieur Nief, Monsieur Grégoire,
    Je sais que ce n’est pas le sujet du post.
    Mais j’aurai aimé vous voir discourir sur le craquement aujourd’hui de près de 4% d’une société comme Unibail.
    Le soutien inconditionnel de l’état en cas de coup dur, c’est dans le cas d’une défaillance d’une banque. Quid dans le cas de plusieurs banques?
    Le contribuable sera t’il d’accord de payer?

  3. Mr Courageux Anonyme,
    Nous n’en sommes pas non plus au point de voir la Banque de France venir au secours d’une banque comme a pu le faire (encore récemment et sans doute le refera-t-elle de nouveau) la Banque d’Angleterre avec Northern Rock.
    Jean-Philippe,
    l’étude évoque bien sûr les particularités tarifaires des banques françaises dans le chapitre évoquant notamment relations clients. Si les associations de consommateurs sont si actives, c’est bien pour dénoncer les multiples abus et incohérences des grilles tarifaires. Maintenant, la finalité et la composition du Cercle des Economistes se conjuguent difficilement avec la problématique du coût des services …

Les commentaires sont fermés.