Déficit public de la France : Bruxelles et le FMI alarment

Trop, c’est trop ! La Commission européenne a une nouvelle fois reproché mardi à la France de ne prendre que des mesures « limitées » pour réformer son économie, réclamant en particulier « un renforcement considérable » des efforts de réduction du déficit.

Le Fonds monétaire international estime quant à lui que le déficit budgétaire de la France risque de dépasser le plafond fixé par l’Union européenne si les risques de ralentissement de la croissance se matérialisent.

« Les mesures prises par la France pour se conformer aux recommandations » que lui ont adressées ses partenaires européens « sont restées limitées« , selon un rapport publié mardi.

Paris table sur un déficit public à 2,4% du PIB cette année et à 2,3% l’an prochain. Cette prévision de réduction marginale des déficits est encore jugée trop optimiste par la Commission, qui n’a pas exclu que le pays repasse au dessus du seuil de 3% toléré par le Pacte de stabilité européen.

La Commission s’en prend notamment au choix de Paris de privilégier les baisses d’impôts par rapport aux coupes dans les dépenses publiques. « Les efforts d’assainissement budgétaire ont marqué le pas en 2007. Les réductions d’impôts et les mesures prévues dans le projet de budget laissent supposer que l’assainissement ne progressera pas sensiblement en 2008 », poursuit Bruxelles.

« Les mesures adoptées jusqu’à présent (notamment les allègements fiscaux contenus dans le paquet fiscal de l’été 2007) ralentiront l’assainissement des finances publiques », regrette Bruxelles. Et certaines des réformes structurelles prévues concernant les systèmes de retraites ou de santé ou encore la fiscalité « entraînent des coûts budgétaires à court terme et n’auront d’impact positif qu’à moyen ou long terme ».

Dans les conclusions d’une mission sur l’économie française, le FMI recommande quant à lui à Paris d’encourager les salariés à travailler plus mais l’appelle aussi à « rompre avec la tendance consistant à résoudre les difficultés économiques à l’aide des deniers publics« . « Cette tendance déjà ancienne a abouti à un système dans lequel, pour faire face à une distorsion économique, on recourt à la dépense et aux allègements fiscaux, ce qui crée souvent de nouvelles distorsions et, en tout état de cause, pèse sur les finances publiques« , souligne l’organisation dirigée par le Français Dominique Strauss-Kahn.

Bruxelles s’est montré aussi très critique mardi concernant les efforts là encore « limités » faits par Paris pour améliorer la concurrence dans le secteur des services, de l’énergie ou du fret ferroviaire, ou encore pour réformer le marché du travail.

« Il est important que la France intensifie ses efforts budgétaires afin de mettre en oeuvre, dans le même temps, une stratégie concertée en matière de réformes, et qu’elle poursuive l’assainissement de ses finances publiques« , conclut la Commission dans son rapport. « Le rythme des changements est inégal. Tous les Etats membres ont mis en oeuvre des réformes substantielles depuis 2005, mais certains l’ont fait plus nettement que d’autres » estime la Commission.

« L’exécution du budget 2008 devra être attentive aux risques de dérapage. Ces risques proviennent avant tout de perspectives de croissance inférieures à celles sur la base desquelles le budget a été élaboré et des pressions continues à la hausse des dépenses, notamment de sécurité sociale (branches santé et assurance vieillesse) », poursuit quant à lui le FMI. « Si les risques que l’environnement mondial fait peser sur la croissance se concrétisaient, le déficit pourrait frôler dangereusement la limite fixée par le traité de Maastricht. Les autorités doivent demeurer vigilantes face à ces risques et prendre des mesures correctives en cours d’année si nécessaire. » Le FMI prévoit pour la France une croissance du PIB légèrement inférieure à 2% cette année.

Source : AFP